Encore un énorme film de Billy Wilder avec une direction d'acteurs époustouflante. Pas vraiment d'enjeu puisqu'on sait d'avance comment tout cela risque de finir mais tout est dans les détails et on n'en perd pas une miette. Un mot sur le personnage incarné par Judy West que Wilder ne rate pas. (une très jolie femme, dommage qu'elle n'ait pas tourné grand-chose). On pourra juste regretter quelques bavardages au début et la conclusion où Wilder est à deux doigts de tomber dans le gnangnan, mais sinon c'est deux heures de plaisir.
La collaboration avec I.A.L Diamond et Jack Lemmon pour le tournage de "Certains l'aiment chaud" en 1959 permit à Billy Wilder de retrouver le succès et surtout une reconnaissance critique un peu amoindrie depuis le chef d'œuvre insurpassable que fut "Sunset Boulevard" (1949). Avec "La garçonnière" en 1960 qui récolte cinq oscars, c'est la consécration et Billy Wilder ne conçoit plus tellement de réaliser d'autres films sans son acteur fétiche. Sur ses onze derniers films, sept le seront avec Jack Lemmon en vedette et encore il faudra que l'acteur soit pris sur un autre projet pour qu'il ne partage pas l'affiche "D'embrasse-moi idiot" (1964) avec Dean Martin et Kim Novak. Il est vrai que Lemmon, acteur protéiforme au visage ultra-mobile pouvant exprimer en quelques secondes les sentiments les plus opposés convient parfaitement à l'écriture comique enlevée d'I.A.L Diamond. Mais comme dit le proverbe : "Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel". "La grande combine" sous des allures de comédie s'avèrera en réalité être l'un des films les plus sombres de Wilder qu'il pare volontairement des manières grossières et des rodomontades du caoutchouteux Walter Matthau dont c'est le premier grand rôle à l'écran et qui s'en donne à cœur joie pour appuyer ses effets, donnant à cette histoire d'arnaque un aspect cartoonesque qui ne trompe personne sur l'amertume qui gagne de plus en plus le réalisateur. Cette performance qui présente souvent des aspects exaspérants rapporta pourtant un Oscar à Walter Matthau lui permettant de démarrer réellement sa carrière. Les rôles aux côtés de Jack Lemmon se sont alors succédés, malheureusement pas toujours pour le meilleur (10 au total) et c'est surtout dans des rôles de flic ou de brigands désabusés que Walter Matthau donnera le meilleur ("Le flic ricanant" de Stuart Rosenberg et "Tuez Charley Varrick !" de Don Siegel en 1973). A côté, Jack Lemmon parait plutôt sobre, se contentant de renvoyer la balle à son nouveau compagnon de jeu qui le fourvoie dans ce procès improbable (caméraman, il a été entrainé dans une chute par un joueur de football noir sortant du terrain alors qu'il filmait un grand match retransmis en direct) où pauvre bougre il se laisse guider dans l'espoir que l'argent gagné lui permettra de reconquérir sa femme volage (Judy West) partie tenter sa chance dans le music-hall. Doux rêveur comme il l'a déjà été dans "La garçonnière" ou "Irma la douce", Lemmon est encore une fois la victime désignée à cause d'un caractère pusillanime et d'une naïveté sans nom. La plupart du film condamné à l'immobilité, Lemmon est un peu en retrait par rapport à un Walter Matthau qui phagocyte l'espace à sa moindre apparition comme certains personnages de Tex Avery qui passent toujours devant la caméra pour s'adresser directement au spectateur. Toutefois dans le huis clos de son appartement où le faux malade est de retour après son hospitalisation, Wilder propose une drôle de chorégraphie où devenu le Nijinski de la chaise roulante, l'impayable et virtuose Jack Lemmon parvient à exprimer les états d'âme changeants de son personnage. La grande combine qui n'a en réalité rien de grandiose est découpée en seize parties très précises comme si Diamond et Wilder avaient pressenti la nécessité de prendre par la main le spectateur pour lui signifier les rebondissements d'une intrigue un peu poussive. Sans doute pour être dans l'air du temps (les films traitant de la cause noire ont fait leur apparition depuis la fin des années 1950), les deux compères ont jugé utile de teinter le tout d'un discours sur le racisme ordinaire américain plutôt convenu et surtout fortement improbable qui dessert le film plus qu'il ne le transcende. Comment croire en effet qu'un joueur de football célèbre même culpabilisé par les suites d'un accident qu'il aurait provoqué peut dans une sorte de réflexe pavlovien se parer à nouveau de tous les attributs de l'esclave, allant jusqu'à sacrifier sa carrière? L'arrivée tardive de la ravissante et très sexy Judy West redonne un peu d'allant à cette farce qui donne le ton de ce que sera la fin de carrière d'un Billy Wilder qui n'aura pas vu venir les évolutions de son art et qui n'acceptera pas de passer la main. Il faut toutefois admettre qu'après une carrière comportant une dizaine de chefs d'œuvre qui l'ont hisser sur le panthéon des plus grands, il était difficile pour Wilder de se fixer des challenges atteignables et encore plus d'applaudir des deux mains les louanges qui accueillaient chacun des films des Coppola, Scorsese , De Palma ou Spielberg (qu'il nommait "les barbus") alors qu'il devait lui-même aller jusqu'en Allemagne pour financer un film comme "Fedora"(1978). "La grande combine", film certes honorable mais laissant apparaître une certaine forme de routine marque principalement la fin du règne à Hollywood d'un des plus grands réalisateurs que la Mecque du cinéma a compté dans ses rangs.
Blessé lors d'un match qu'il filmait, un caméraman se retrouve à l'hôpital, et se laisse convaincre de simuler une paralysie pour toucher de l'argent. Entre un joueur de football affable, son ex-femme aux dents longues, et son beau-frère avocat adepte des combines véreuses, son entourage ne manquera pas de couleur ! "The Fortune Cookie" a vieilli dans son fond, car si cette critique de l'opportunisme dans le système US était sans doute très originale et acerbe à l'époque, elle se retrouve depuis dans bon nombre d’œuvres marquantes, atténuant ainsi la force du film. Néanmoins, Billy Wilder n'est pas n'importe qui, et cela se voit à l'écran. Outre le noir et blanc élégant et la mise en scène soignée, le film vaut pour ses acteurs en forme : Jack Lemmon, touchant et amusant en patient au fond honnête, mais dépassé par sa situation et ses embrouilles, Walter Matthau, excellent en avocat ripoux roublard au verbe faussement moral, ou Ron Rich, attendrissant en sportif désolé. Sans compter de très bons dialogues bien minutés, et des gags intelligents. De la comédie américaine de qualité.
On découvre avec bonheur plusieurs facettes dans ce film excellent. Passée la première partie franchement comique de la simulation avec quelques scènes d'anthologie (l'hôpital ou la réunion avec les avocats) avec un Walter Matthau tout simplement génial qui se rapproche d'un Cary Grant avec son débit de parole hallucinant (!!!!), on entre dans le cynisme pur et dur avec la surveillance policière dévoilant la vérité, la femme attirée par l'argent, la cupidité des hommes et enfin dans l'émotion pour cette dernière scène vraiment riche. Jeu d'acteurs génial.
Évidemment, c'est un avis qui n'engage que moi, mais, à mes yeux, voilà typiquement le genre de film qui prouve que Billy Wilder était VRAIMENT un des maîtres du cinéma. Pourquoi ? À cause de l'histoire du film. On peut le dire sans crainte, elle est moins riche que celles de d'autres films du cinéaste. On sait très bien comment tout cela va finir. Mais, comme on est chez Wilder, on sait très bien que, même si l'histoire est ordinaire, le film lui, ne le sera pas. Et pour cause, le cinéaste avait une science du rythme imparable, ainsi qu'une science du détail qui tue qui l'était tout autant. Sans oublier une capacité à écrire des dialogues percutants, ainsi qu'une capacité folle à tirer le meilleur de ses acteurs. En clair, faites le même film avec quelqu'un d'autre derrière la caméra et vous obtenez un résultat anecdotique. Que des gens n'aient pas envie de voir cette "Grande combine", je le conçois, une comédie américaine des années 60, longue de deux heures et en noir et blanc, ça ne peut pas donner envie à tout le monde, même s'il y a Jack Lemmon et Walter Matthau au casting, mais il ne faut jamais perdre de vue que Wilder a fait du bien au cinéma et qu'il fait partie (avec notamment Fritz Lang, Akira Kurosawa, Ernst Lubitsch, Frank Capra, John Ford, Vittorio De Sica ou encore Alfred Hitchcock) de ces réalisateurs dont il faut empêcher le péril de l'oeuvre.
Cette comédie en N&B, réalisée par Billy Wilder en 1967, a certes quelque peu vieillie. Elle nous livre néanmoins un scénario original bien écrit, avec un joli final. Avec quelques bribes d'humour assez naïf et un démarrage plutôt laborieux, l'aventure mêle adroitement cupidité, nostalgie romantique, et magouille à l'assurance. Le casting nous réserve une belle affiche avec un Jack Lemmon savoureux dans le rôle principal de Harry Hinkle, un reporter sportif blessé lors d'un match de football américain. A juste titre Oscarisé pour ce film, Walter Matthau se montre tout aussi brillant dans le rôle de Willie Gingrich, l'avocat et beau-frère de Harry.
Excellent Billy Wilder, au sommet de sa collaboration avec le scénariste I.A.L. Diamond et l'acteur fétiche Jack Lemmon. Une comédie assez noire et acerbe, comme souvent, où les protagonistes sont avant tout guidés par 2 choses : l'argent et le sexe. Dans ce registre-là, Walter Matthau (oscar pour lui), qui joue l'avocat marron, fait des merveilles, laissant son compère Lemmon dans un registre plus effacé, mais qui sied néanmoins parfaitement à son rôle de victime consentante. Le film allie une science des dialogues et du rythme à un aspect visuel plus cartoonesque, qui joue beaucoup sur les corps et les sévices qu'on leur inflige. La satire est souvent très sombre et l'on flirte souvent avec le malaise. Le pessimisme le plus noir n'est d'ailleurs pas très loin, par exemple quand il s'attache à l'alcoolisme du champion "Boum Boum" Jackson. Cependant, le tout demeure très drôle, signe du génie de Billy Wilder. Le réalisateur a semblé ajouter un final assez rassurant, mais le constat est pourtant implacable dans cette satire des fausses valeurs qui dévoient la société américaine.
« La Grande Combine » célèbre la première rencontre cinématographique entre Jack Lemmon et Walter Matthau. Une comédie sans réelle surprise sur son déroulement mais qui se montre, en filigrane, sombre, politisée, voire parfois un peu malsaine. Le tout est fort bien écrit et mis en scène par Billy Wilder. Matthau, oscarisé pour ce rôle de magouilleur haut en couleurs, est le principal instigateur des bons mots du film.