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tomPSGcinema
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2,0
Publiée le 6 juillet 2012
S’il n’y a pas grand-chose à redire concernant la mise en scène de R.W. Fassbinder et à l’interprétation tout en finesse d’une bonne partie du casting – mention spécial pour Peter Chatel et Fassbinder. Par contre, le sujet du film ne m’a malheureusement pas emballer et dans ces conditions il m’a été bien difficile de pouvoir apprécier totalement ce long métrage dans son ensemble. Bref, sans être totalement à exclure, il s’agit pour moi d’une relative déception, car je pensais visionner un des meilleurs films de ce réalisateur allemand.
Le Droit du Plus Fort narre l'histoire de Franz - de son nom de scène Fox - un jeune forain homosexuel au chômage qui, suite à la réception d'une coquette somme d'argent gagnée à la loterie, se laisse introduire dans la haute société par un antiquaire partageant la compagnie des hommes. Franz y rencontrera Eugen, personnage sans scrupules et méprisant dont il tombera amoureux... Rainer Werner Fassbinder signe là un film sombre et audacieux dont la qualité première reste le scénario dense et complexe ( écrit par le cinéaste lui-même ). Cela dit, la mise en scène n'est pas en reste face à cette qualité : baroque et talentueuse, elle fait corps avec l'écriture. Fassbinder semble ici s'intéresser aux thèmes de manipulation et de pouvoir social ( concepts que nous retrouverons dans Maman Küsters s'en va au Ciel, puis plus tard dans Le Secret de Veronika Voss ). A noter au passage l'excellente musique de Peer Raben ainsi que les prestations de Peter Chatel et Fassinber ( qui joue décidément sur tous les tableaux ). A ne pas manquer...
Rainer Werner Fassbinder offre une interprétation et une mise en forme audacieuse de la lutte des classes dans «Faustrecht der Freiheit» (Allemagne, 1974), le droit du plus fort signifie le titre. Lutte donc, crise, comme souvent chez Fassbinder. Mais la crise sourd sa tension de l’incroyable aisance des conflits. L’opposition des personnages, par le truchement de la direction d’acteurs de Fassbinder, devient un fait naturel. Fassbinder réussit à redonner au conflit son apparition progressive et sa dureté latente. Ici la lutte se fait entre le pouvoir de l’argent, donc un pouvoir matériel et le pouvoir culturel, de l’intelligence. A Fassbinder vient l’aisée conclusion que l’intelligence, l’outrecuidance de la «bonne culture», possède une force bien plus ravageuse que le pouvoir matériel. Car au pouvoir matériel ne saura résister la force des manipulations et la nécessité du temps dissolvant. Dans la lutte du prolétariat soudain plus riche que le bourgeois et le bourgeois toujours plus «cultivé» que le prolot sort vainqueur, comme inévitablement, la classe bourgeoise. Au sein de cette lutte, une histoire d’amour, homosexuelle mais le fait s’efface au profit de la relation elle-même. Le choix de Fassbinder d’engager la lutte des classes au sein même de l’idylle dévoile que dans l’amour, le conflit est inévitable. Si l’esthétique du film tend à s’estomper pour magnifier davantage les relations conflictuelles et les identités des protagonistes, l’unique scène purement esthétique (celle où ils descendent dans la salle aux escaliers et au flipper) suscite un intérêt plus grand de par sa valeur essentielle dans le récit mais surtout par son style abstrait intriguant. Marx détourné savamment par Fassbinder, une réalisation au service de la narration fait de «Faustrecht der Freiheit» bien plus qu’un conte d’amour moderne, c’est un film du conflit des puissances au pessimisme aussi inquiétant qu’il se dévoile réaliste.
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4,0
Publiée le 25 avril 2012
Oeuvre maîtresse de Rainer Werner Fassbinder, "Le droit du plus fort" est probablement l'une des plus belles rèussites du cinèaste allemand! Un film qui traite sur l'homosexualitè masculine, un peu comme l'avait fait Fassbinder dans "Les larmes amères de Petra von Kant" sauf que l'histoire mettait en scène l'homosexualitè fèminine! Ici, la description des rapports et du milieu privilègie moins leur particularitè sexuelle que la psychologie d'une passion en conflit avec une rèalitè sociale, culturelle! Le mètrage retrace superbement la confrontation entre deux homos, l'un prolètaire, l'autre bourgeois, où les affinitès de classe l'emportent sur les affinitès sexuelles! il faut savoir que les histoires d'amour de Fassbinder sont dramatiques en tant qu'histoires d'amour et non d'homosexualitè, et les amants s'y dèchirent non parce que du même sexe mais parce que des conditions sociales diffèrentes! Ainsi les rapports difficiles entre le prolètaire et son jeune amant bourgeois et chef d'entreprise illustrent des rapports de classe avant que d'homosexualitè! D'ailleurs peu à peu au cinèma des seventies, on assistera à un glissement de l'homosexualitè qui arrivera à n'être plus saisi comme thème privilègiè mais simplement comme une des dimensions possibles des rapports humains! Du grand Fassbinder pour un film dur et provocant aux antipodes du cinèma voulu par Goebbels pour les allemands! Les acteurs sont tous magnifiques...
Fassbinder n'était pas ce que l'on pouvait appeler le cinéaste de l'optimisme et de l'happy-end, et là il le prouvait mieux que jamais. Le message est clair : le prolétaire ne pourra jamais s'intégrer dans les classes dominantes qui l'exploiteront toujours. On peut noter aussi un autre message, c'est que les homosexuels sont des hommes comme les autres dans la mesure que le fossé entre les classes sociales est le même qu'ailleurs et qu'à ce niveau ils sont aussi salopards que n'importe qui d'autre. Donc loin d'être homophobe comme certains ont accusé ce film de l'être, c'est au contraire une oeuvre sur la normalité des homosexuels. Il est vrai que certaines ficelles dans la description des personnages sont loin d'être fines mais elles sont indéniablement efficaces et cela donne le caractère puissant de cette oeuvre hélàs universelle.
Du papier peint à motifs, des perfectos, un doublage digne d’un porno vintage... Pour l’ambiance, on est bien dans l’Allemagne des années 70. Pour le propos, c’est un peu plus universel: un prolo chanceux gagne au loto et se fait peu à peu dépouiller de son magot et de sa confiance en soi par son amant, un bourgeois tyrannique et vaniteux. Il y a donc un discours sur le déterminisme social, mais c’est la peinture de l’emprise psychologique qui m’a paru la plus intéressante. Par contre visuellement c’est bien terne et surtout c’est trop long et statique. On voit venir la fin à des kilomètres, ça ne méritait vraiment pas deux heures.
Dans un registre toujours résolument fassbinderien, ennuyeux à mourir et risible dans le jeu d'acteurs, c'est une des réalisations de Fassbinder où l'émotion passe le mieux. Il s'y donne un grand rôle, relativement autobiographique comme en témoigne le thème homosexuel, mais dans lequel il est au final plutôt convaincant. Une énième histoire au tournage si similaire que les autres, mais celle-ci n'est pas des pires.
"Le droit du plus fort" est un film très courageux et bouleversant qui traite de l'homosexualité et de la lutte des classes. Il fallait le faire surtout dans l'Allemagne des années 70. Le personnage principal est joué par Fassbinder lui-même et ce dernier est impressionnant de justesse. Un grand film.
Annonçant les oeuvres importantes à suivre (Franz Biberkopf est aussi le nom du protagoniste de Berlin Alexanderplatz), Le droit du plus fort ne ménage aucune véritable surprise - mais c'est bien sûr en partie à dessein, car Fassbinder veut de toute évidence surligner le caractère inévitable de la destinée de Franz. C'est bien sûr les rapports de classes et l'aspect corrupteur de l'argent que Fassbinder étudie ici, transposant ces thèmes dans le milieu gay d'une Allemagne de l'Ouest en pleine contraction économique après le choc pétrolier. Franz, le prolétaire qui devient riche du jour au lendemain grâce à la loterie, est taiseux, naïf et peu cultivé et se laisse impressionner par trois bourgeois homosexuels dont le talent principal est de dépenser l'argent des autres et de les exploiter. Eugen, qui devient le compagnon de Franz, apparait ainsi comme un Pygmalion cynique et intéressé, humiliant constamment son amant - qui restera pauvre, quoiqu'il fasse - dans des scènes d'une cruauté terrible. Si tout cela est peut-être trop édifiant par instants, c'est tout de même incarné avec beaucoup de vérité par d'excellents acteurs.
Franz Biberkopf (Fassbinder en personne dans le rôle principal) est un ancien forain au chômage. Sans éducation, d’un milieu très modeste, homosexuel en mal d’amour, il rencontre dans une pissotière Max, un antiquaire, qui lui présente Eugen, un fils de bonne famille. Entretemps Franz a miraculeusement gagné un demi-million de marks au loto. Son pactole lui permettra d’acheter un penthouse et de le meubler luxueusement. Il permettra surtout à Eugen de renflouer l’entreprise familiale en quasi-faillite.
Quand Rainer Werner Fassbinder tourne "Le Droit du plus fort", il a trente ans à peine, le visage encore poupin… et sept ans seulement encore à vivre. Il traite ici l’homosexualité frontalement en mettant en scène des couples homosexuels, en filmant leurs lieux de rencontres (les toilettes publiques, les bars, les saunas, le tourisme sexuel au Maroc…). À sa sortie, le film fut réprouvé par la communauté gay qui s’estimait caricaturée et accusait Fassbinder d’homophobie et de haine de soi.
Mais le sujet du film n’est pas l’homosexualité. Il est, comme son titre l’annonce, la lutte des classes qui opprime les plus faibles. Franz est un beauf, sans manière, un Eddy Bellegueule avant l’heure, propulsé dans le monde frelaté de la haute bourgeoisie qui va le tolérer, le temps de siphonner son argent, l’essorer et enfin le jeter une fois qu’il aura les poches vides.
La satire est cruelle. Elle n’a rien de drôle, même si Fassbinder, pour une des rares fois dans son oeuvre, la parsème de quelques scènes comiques. Elle s’étire sur deux heures, un format sans doute un peu long pour un scénario cousu de fil blanc dont on connaît par avance la cruelle conclusion.
Chez Fassbinder tout est désespéré, et l'oeuvre donne parfois l'impression de voir une autobiographie, notamment pour "le droit du plus fort". Car le réalisateur décrit un milieu qu'il connait, celui des homosexuels, et qu'il devient le thêatre d'une comédie morbide. Comédie car le personnage principal joue maladroitement l'aristocrate, entrainé par son jeu, et ce rôle d'intrus lui vaut les moqueries et surtout les abus. Pourtant les évènements le rire jaunit quand celui est abusé par une poignée de riches qui l'attirent pour mieux le détrousser. L'issue de l'histoire est aussi pathétique que ce jeune ouvrier qui se laisse influencé, sorte de mouton cernés par une meute de loups. Les statuts sociaux sont définitivement figés, l'amour un leurre, peu de chose subsistent au final. Chez Fassbinder, si les personnes montent d'un barreau sur l'échelle social c'est pour tomber de plus haut. Toutes ces désillusions prennent d'autant plus d'ampleur quand l'on sait que celui-ci est mort suicidé. Le film a des baisses de rythmes et des ficelles scénaristiques un peu grosses, mais le ton est là, agressif et désabusé.
Un film bouleversant sur l'homosexualité et la lutte des classes, dans l'Allemagne des années 1970. L'interprétation de Fassbinder est d'une véracité impressionnante. Un grand film !
Un beau canevas de drame interchangeable ( Aujourd'hui que l'homosexualité n'est + si tabou & que la substance est rarement présente ) sur la revanche ; Fassbinder donne raison à l'amoureux, au challenger contre tous et nous y trouvons soulagement : Toutefois les passages sur les mythes ainsi que les scène de cynisme, de méchanceté gratuite et de rire jaune, sinon des franches provocations de l'adversaire sont un peu passées sous silence...