Avec L'Obsédé sorti sur les écrans en 1965, le franco-américain William Wyler montrait encore à ceux qui en doutait combien son talent était immense, aussi à l'aise dans l'art du péplum ("Ben Hur"), la comédie romantique ("Vacances romaines"), le western ("Les Grands espaces") que dans le drame psychologique ("L'Héritière"). Ici, Wyler aborde le sujet délicat de la folie, de l'enfermement et du sadisme. Quand d'autres réalisateurs auraient les scènes violentes, Wyler, bien au contraire, en fait l'économie, fouille jusque dans les tréfonds de l'âme humaine pour en dénicher les mécanismes, les déviances, les perversions. Du coup, son film n'en prend que plus d'épaisseur, mettant en lumière l'humanité dans la pire inhumanité, la lumière dans la noirceur, effaçant les frontières entre le bien et le mal, plongeant le spectateur dans un profond trouble. Derrière la caméra, Wyler fait feu de tout bois, exploite au maximum les possibilités de ce huis-clos sordide, joue avec les ombres, les angles, explore l'indicible. Quelle leçon de cinéma ! Terrence Stamp et Samantha Eggar trouvent là le meilleur rôle de leur carrière.