D’habitude, les films sortent d’abord au cinéma, puis en vidéo. Pour "Bloodsport, tous les coups sont permis", c’est l’inverse. Je vais tâcher de vous dire pourquoi. Le scénario a beau porter à l’écran le personnage de Frank Dux qui est effectivement le premier occidental à avoir remporté le "Kumite", il demeure plutôt pauvre et accumule pas mal de clichés. D’un côté il y a le bon américain, et de l’autre le (très) méchant chinois. Question manque de richesse du scénario, on ne sait finalement pas grand-chose sur le personnage principal, si ce n’est qu’il est gradé dans l’armée américaine, et qu’il se permet le luxe de prendre la poudre d’escampette sans aucune autorisation pour aller participer au fameux "Kumite". Certes un long flash-back est consenti sur sa jeunesse, mais ça n’enlève pas l’incohérence de ce qui est somme toute une désertion. Quelques erreurs scénaristiques se sont invitées ici et là, avec des postures de personnages complètement différentes d’un plan sur l’autre. Les dialogues sont parfois très limités, tout comme le jeu d’acteur de Jean-Claude Van Damme, qui n’avait alors aucun talent, tout juste bon à castagner ses adversaires au prix d’une souplesse à en faire grimacer de douleur le spectateur. Conscient de cette lacune, il joue en mode kéké sur sa musculature, et s’octroie le droit de porter des décolletés pour le plus grand plaisir de ces dames, avec un tee-shirt dont le col passe à peine au-dessus des tétons et qu’il tente faussement de cacher sous un blouson en cuir. Bon, d’accord, c’est une série B, donc par définition, ça ne peut pas être parfait.
Mais quand même, lors du combat final, voir Chong Li laisser le temps à son adversaire de retrouver ses esprits, est à l’encontre de la psychologie du personnage : c’est un tueur, et en cette qualité (si j’ose dire) il ne laissait alors aucun répit aux différents challengers qu’il a eu à combattre.
Donc oui le scénario est pauvre et malheureusement mal rédigé. A cela on rajoute un tournage chaotique, aboutissant à un premier montage jugé désastreux par la production. Le montage est repris et le film sort directement en vidéo, mais le succès est tel qu’il a été projeté en salles pour devenir n°1 en France et en Malaisie. Il faut dire que malgré les nombreux défauts dont j’ai parlé plus haut, il y a des côtés sympas aussi. A commencer par Donald Gibb, apportant par l’intermédiaire de Jackson de l'humour, de l’excentricité, et du full contact pas ordinaire, bref du fun. Ensuite Bolo Yeung, qui a vraiment la gueule de l’emploi en matière de vilain-chinois-bien-méchant
; mais je ne comprends pas comment il peut perdre son art martial lors du dernier combat au cours duquel il est regrettable d’y trouver autant de ralentis
. Sa plastique taillée en "V" est impressionnante, et je me dis que j'aurai pu aussi participer à ce genre de tournoi, vu que je suis taillé en "V" également… Hum, bon je vous l'avoue, un "V" à l’envers, du genre "Λ" (signe extérieur de bon vivant qui aime la bonne bouffe), autrement dit d’un accent circonflexe surmonté d’un petit point qui me sert de tête, que j'ai finalement préféré préserver afin de vous livrer cette critique. Pour finir, le message sur l’amitié, le respect et l’intégrité morale est plutôt sympa. En dehors de ça, les combats à la fois sauvages et violents sont plutôt bien chorégraphiés (enfin pour ceux qui ont été laissés à vitesse réelle), sur les instructions de Franck Dux lui-même puisqu’il en était le coordinateur. Peu importe, Bloodsport, tous les coups sont permis reste tout de même plaisant à voir, au doux parfum des années 80, et puis cela ne sert à rien de renier ce qui a fait la célébrité de Jean-Claude Van Damme, dont ses coups étaient aussi célèbres que ses frasques verbales.