Le bruit des cochons
Première étape de mon marathon Fabrice du Welz, dont je rattrape maintenant toute la filmographie en vue de son Adoration, qui a l'air très intéressant. Je vais donc me faire tous ces films dans l'ordre de sortie, logique, et Calvaire est celui qui m'intéressait le plus des échos que j'en avais, et Dieu que je n'ai pas été déçu. C'est peut être le meilleur film d'horreur français que j'ai vu de ma vie, la photographie est juste incroyable, vivante et qui multiplie le malaise par mille. Cet aspect documentaire rend le film terrifiant, le film n'en fait jamais trop, donc on croît bien trop à cet univers. Et quand le film représente la folie, c'est magistral. La scène de la danse dans le bar est une scène qui m'a profondément marqué, qui aurait pu être tellement grotesque mais qui fonctionne du feu de Dieu. La scène du repas avec cette caméra qui fait des 360° est aussi vraiment impactant, et très original dans sa façon de filmer la folie pure. Bref, le film est épatant dans sa mise en scène, celle-ci ne cesse de s'adapter à la situation, brouillonne et nerveuse quand le protagoniste court dans la forêt, calme et froide dans sa dernière scène. Les acteurs sont aussi parfaits et se sont d'abord eux qui nous font rentrer dans l'univers du film. J'avais un peu de mal avec le personnage principal au début du film, Laurent Lucas me semblait légèrement faux, mais ça ne m'a finalement pas dérangé outre mesure, et on ne peut être qu'en empathie avec quelqu'un qui vit un tel calvaire. Je n'avais jamais vu avant celui qui joue Bartel, en tout cas il est tellement juste dans ce film, incarnant le personnage dans toute sa folie sans en faire trop, tout comme l'acteur interprétant Boris. J'étais un peu déçu qu'on voit si peu le merveilleux Philippe Nahon, une vraie gueule du cinéma de genre français. Calvaire est donc une vraie claque, efficace, désagréable, qui arrive je ne sais comment à déshumaniser son héros avec force, car j'ai rarement autant eu l'impression de ne plus voir un humain jouer.