Ted Tezlaff aura surtout œuvré comme directeur de la photographie de l’époque du muet jusqu’à son dernier film (120 films) qui ne sera pas moins que « Les Enchaînés » d’Alfred Hitchcock en 1949. Il a déjà commencé depuis 1941 une carrière de réalisateur qui sera beaucoup moins prolifique mais aussi moins prestigieuse si ce n’est « Une incroyable histoire » sorti sur les écrans en 1949 qui a depuis lors une réputation de très haute tenue qui ne s’est jamais démentie. Le film est basé sur une nouvelle de William Irish parue en 1947 sur laquelle la RKO avait aussitôt pris une option. Mel Dinelli qui vient d’écrire le scénario de « Deux mains, la nuit » (1946) de Robert Siodmak est choisi par Dore Shary. Ted Tezlaff, réalisateur-maison, sera chargé de la mise en scène. La RKO entend donner un style semi-documentaire au film. Pour cette raison, elle déporte à New York le tournage initialement prévu à Hollywood. Relativement court, le film repose sur les épaules d’un jeune garçon interprété par Bobby Driscoll (prêté par les Studios Disney) dont il est écrit au générique au moyen d’une fable D’Esope qu’il sera puni pour avoir trop souvent crié au loup. Dans un quartier populaire (Lower East Side) de New York vit le jeune Tommy Woodry , enfant unique avec ses deux parents aimants et compréhensifs (Barbara Hale et Arthur Kennedy). L’été est brûlant et le jeune Tommy dort souvent à la belle étoile sur l’escalier de service pendant que son père travaille de nuit et qu’il reste seul au domicile avec sa mère. Un soir, il assiste à un crime perpétré par un couple voisin (Paul Stewart et Ruth Roman) . Son récit ne convainc pas un instant ses parents, le jeune Tommy passant son temps à inventer des histoires qui parfois même les placent face à des imbroglios périlleux. La situation s’annonce périlleuse pour Tommy qui va devoir se sortir seul du pétrin dans lequel il s’est pour une fois mis en racontant la vérité. Formidablement photographié par Charles de Grasse qui a déjà travaillé pour Jacques Tourneur (« L’homme- léopard » en 1943), le film distille son lot de suspense tout en faisant le portrait pittoresque d’une vie de quartier dans le New-York des années 1940. Le jeune Bobby Driscoll qui aura une fin tragique en 1968 à seulement 31 ans, est formidable, tenant remarquablement tête à tous les adultes qui croisent son chemin et faisant preuve d’un instinct de survie remarquable. Paul Stewart qui joue le méchant est lui aussi étonnant avec son physique si atypique, maniant avec perversité séduction et cruauté absolue. Un film à voir pour ceux qui ne le connaissent pas encore, son intrigue intemporelle étant toujours aussi captivante.
L'histoire de cette chasse à l'enfant est vraiment originale et d'une tension assez forte. L'ambiance de la ville américaine des années 30 apporte un cachet de valeur pour les poursuites, les éclairages, les ruelles sombres et les bruits de la ville qui sont autant de sujets d'angoisse pour l'enfant. Un film assez prenant quand même.
Un soir d'été, dans un quartier populaire New-yorkais...un jeune garçon dort sur l'escalier de secours. C'est alors qu'il voit un meurtre chez le voisin mais, étant habitué à raconter des histoires, ni ses parents, ni la police ne le croient...
Basant son histoire sur le concept du garçon qui criait au loup, Ted Tetzlaff braque sa caméra sur ce jeune gamin qui va se retrouver dans l'inconfortable situation de n'être cru par personne et notamment ses parents. Plus les péripéties avancent et plus il va se retrouver seul, alors que les meurtriers vont commencer à se douter de quelques choses. Assez vite, il rend ce gamin intéressant et attachant, que ce soit par son obstination et la façon dont on compatit vis-à-vis de la manière par laquelle il va se retrouver seul.
Dans ce film assez court et plutôt bien ficelé, Ted Tetzlaff maintient un semblant de suspense et construit son récit de manière classique et efficace où l'étau se referme peu à peu autour du gamin. Distinctement scindé en deux parties, Tetzlaff ne le lâche pas et tend d'abord à montrer sa vie chez lui et dans son entourage C'est aussi là l'un des côtés les plus intéressants du film, il reste régulièrement dans l'immeuble même de ce New York populaire où les escaliers de secours permettent de faire un lien direct entre les différents étages
Beaucoup d'idées mais pas toujours bien exploitées, telle celle du voyeurisme ou la psychologie des personnages. De plus, le film se permet beaucoup de facilités scénaristiques où finalement même les parents du gamin accentuent le danger qui le guète. Néanmoins, c'est plutôt bien rythmé, efficace et si parfois ça manque de tension, la dernière partie est suffisamment convaincante pour rattraper le reste. L'imagerie du film est assez réussie, que ce soit l'immeuble, les ruelles sombres ou la façon dont il exploite bien le bâtiment et ses possibilités. La photographie en noir et blanc est propice aux divers jeux d'ombres et de lumières que se permet Ted Tetzlaff.
Un film court, fort intéressant et plutôt original malgré quelques défauts d'écritures, rattrapé par la maîtrise de Tetzlaff derrière la caméra qui exploite plutôt bien le cadre de ce quartier populaire de New York.