Si le début du film est réussi, jusqu'à la rencontre entre Marais et Feuillère, en étant à la fois beau visuellement et mystérieux dans son intrigue, la suite est beaucoup plus problématique. Toute le charme que l'on espérait n’apparaît jamais, ou bien lors de rares moments et laisse surtout place à une histoire ennuyeuse et pas toujours très compréhensible. Ainsi, la dimension tragique, apparemment importante, ne parvient pas à émouvoir mais finit par laisser le spectateur indifférent. Le film échoue principalement sur deux tableaux que l'on comptait voir resplendissants: d'abord le lyrisme de Cocteau, qui fait quelques étincelles dans un premier temps avant de tomber à plat; puis sa poésie si singulière qui, elle, est carrément absente.
"L'Aigle à deux têtes" (1947) est un film qui a tout d'une grande pièce de théâtre filmée, mais qui, pour moi, manque cruellement de rythme et de tension. L’histoire, centrée sur une reine recluse et un anarchiste mystérieux qui se ressemblent beaucoup, avait pourtant de quoi intriguer. Malheureusement, le film reste trop figé dans ses dialogues et ses élans dramatiques pour vraiment captiver.
Le style de Jean Cocteau est toujours très poétique et stylisé, mais ici, ça donne un résultat un peu trop théâtral. Chaque scène est longue, parfois trop solennelle, et on a l’impression de regarder un mélodrame où tout est joué avec une intensité exagérée. Ça manque de vie et de spontanéité. Les personnages sont comme prisonniers de leur propre mise en scène, ce qui les rend un peu froids, difficiles à suivre.
L’autre problème, c’est que malgré quelques idées intéressantes sur la dualité des personnages et le destin, l’histoire ne décolle jamais vraiment. On attend que quelque chose se passe, mais ça reste toujours très statique, très lourd. Il y a bien quelques moments de tension, mais ça retombe vite, et à la fin, on a l’impression d’avoir assisté à une tragédie qui ne réussit pas à émouvoir.
En résumé, "L'Aigle à deux têtes" a de bonnes intentions et quelques scènes fortes, mais le tout est trop théâtral et lent pour vraiment tenir en haleine.
Jean Cocteau adapte ici sa propre pièce de théâtre en allant jusqu'à réengager les mêmes acteurs dont Jean Marais et Edwige Feuillère dans les rôles principaux. Le long métrage commence fort avec des acteurs charismatiques et des dialogues finement ciselés. Jean Cocteau y apporte une ambiance assez sombre à ce monde de la noblesse européenne en fin de vie. Malheureusement, arrivé à la moitié du film, celui-ci s'essouffle. L'intrigue perd de son intérêt et devient même confuse par instants. Elle perd de son lyrisme spoiler: juqu'à aboutir à une fin grossièrement tragique. . Avis mitigé donc entre ce splendide début et une mauvaise fin.
« L'Aigle à Deux Têtes » n'est certes pas le meilleur long métrage de Jean Cocteau : d'un point de vue cinématographique et poétique il est loin d'être aussi accompli que les deux sommets de sa filmographie, à savoir « Orphée » et « Le Testament d'Orphée ». Mais s'il n'est pas aussi marquant visuellement parlant que « La Belle et la Bête » il lui est toutefois supérieur quant à la richesse de son propos. Ce film tiré de la pièce éponyme du même auteur se passe il est vrai là encore dans une contrée imaginaire relevant de l'utopie, en revanche les personnages mis en scène sont bien plus profonds, et leurs relations bien plus complexes, même si l'adaptation par Cocteau du conte de Mme Leprince de Beaumont comporte son lot de doubles sens. Ce qui est toujours intéressant lorsque l'on s'intéresse à une œuvre de Cocteau (mais c'est vrai pour toute œuvre quelque soit l'artiste, quoique dans une moindre mesure, Cocteau s'étant davantage « mis en scène » que nombre de ses confères, peu importe l'art d'ailleurs), c'est de rechercher ici et là, dans tel ou tel personnage des traits de caractère, des pensées, des sentiments qui se rapportent à son être et à sa propre existence. Il y aurait donc beaucoup à dire d'un point de vue « psychologique » sur ce long métrage, ou plutôt sur les thématiques et les enjeux chers à Cocteau que l'on peut retrouver dans chacun des éléments de « L'Aigle à Deux Têtes ». On retrouve cette idée tragique d'amour impossible, ces subtils rapports de domination, le double, les faux semblants, les mensonges et les trahisons inhérentes au jeu de la passion amoureuse... Et puis cet humour constant, ce second degré délicieux qui fait tout le charme de l’œuvre de Cocteau, ce goût pour l'aphorisme ironique, pour l'anachronisme, ce talent pour le détournement... L'art du cinéaste français n'est pas encore ici tout à fait maîtrisé, l'essence cinématographique de ce drame théâtral porté à l'écran n'est pas aussi pure que dans ses chefs-d’œuvre ultérieurs, néanmoins c'est une fois de plus une réussite indéniable pour ce touche-à-tout de génie. Classique, parfois même maladroit, mais admirable.
Un drama amoureux grandiloquent alors que clairement c'est pas l'amour fou à l'écran et ça fait trop forcé. L'intrigue politique est en sous texte et est plus un ralenti du récit qu'autres choses. C'est très très beau, les costumes et perruques sont incroyables, les décors très grandioses. Les acteurs jouent du grandiloquent donc pas mon style. Bref c'est sympa car c'est du Cocteau et ça a un style très particulier mais ce n'est pas un film qui m'a plu.
On a d'un coté une réalisation d'une excellente qualité, tout est très beau et très agréable à regarder. Mais de l'autre, on a un scénario pas très intéressant, porté par une narration défectueuse. Quand aux acteurs, ce n'est pas transcendant, c'est même décevant.