The Arena est un péplum sympathique, à mi-chemin entre Spartacus et Gladiator (évidemment attention, il est très loin d’être sur le podium comme les deux autres, je ne les compare que sur le thème abordé). Signé Carver-d’Amato, produit par Corman, c’est un pur produit d’exploitation, mais plutôt bien fait.
Je commence par l’interprétation. Elle est emmenée par Pam Grier et Margaret Markov. Toute deux sont réellement investies dans leurs rôles. Grier est clairement dans son élément, et nous livre une interprétation musclée, sexy et convaincante. Elle impose son charisme sans difficulté. Markov, grande, athlétique, est non moins photogénique, et elle aussi est crédible en gladiatrice. Leur duo fonctionne bien. Pour le reste on notera de bons seconds rôles, avec des acteurs solides. C’est le cas de Daniele Vargas en Timarchus, Rosalba Neri aussi. Comme souvent dans le cinéma italien il y a quelques personnages assez bizarres, comme un homosexuel qui paraitra aujourd’hui archi-caricatural sans doute.
Le scénario est plus surprenant qu’il n’y parait de prime abord. Franchement, le début fait craindre le pire, avec un enchainement de séquences de baston ratées. Bagarres à deux francs, pointe d’érotisme (avec des actrices comme Markov ou Grier ca aurait été bête de s’en priver !), bref de l’exploitation pur et dur dans les premières minutes. Pourtant l’histoire va évoluer, intégrer des sentiments, des moments dramatiques pas mal du tout, et soyons honnête, d’Amato et Carver mènent bien leur barque, donnant une gradation convaincante au métrage. Dynamique, entrecoupé de combats, c’est un métrage globalement sérieux, doté d’une belle tension. Franchement, avec plus d’expérience (c’est le premier long métrage de Carver), un meilleur budget (j’imagine qu’il ne cassait pas la baraque), et les progrès techniques actuels, il y avait matière à faire un péplum très efficace.
Sur la forme, c’est un peu là qu’Arena ne suit pas. La mise en scène est loin d’être convaincante. Les combats sont filmés avec maladresse (la grande bataille dans l’arène n’est pas bien menée), il y a des effets de style lourdauds (les zooms multiples sur les visages des personnages lors d’un moment suspens qui finissent par être terriblement bourratifs). En clair, on ressent un travail de novice, ce qui est très moyen compte tenu du besoin de sentiment épique dans un tel film. La photographie elle ne dépareille pas trop par rapport à des films de la même époque. Elle est tout de même datée, et il n’y a pas une grande recherche esthétique. Les décors sont assez restreints, du fait du budget probablement. Néanmoins Arena arrive à faire illusion par moment, et surtout on ne ressent pas une vraie lacune de ce point de vue. Certains costumes en revanche sont assez moches, c’est compensé par d’autres (celui de Grier met très en relief ses formes généreuses !). Enfin la musique est sympathique. Sans atteindre la qualité des bandes son de péplum plus racé, c’est efficace et tout du moins suffisant.
Pour conclure, The Arena est un film agréable. Il a des défauts, c’est certain, mais à le mérite de ne pas tromper sur la marchandise. Sexy, nerveux, proposant de la bagarre, il arrive néanmoins à dépasser ce socle pour développer une histoire d’amour pas si mal, faire monter la sauce de la révolte avec un certain panache et conclure sur une grande baston finale en forme de feu d’artifice. Sincèrement, une belle petite découverte, sans prétention qui mérite le détour pour ceux qui auront l’intelligence de ne pas comparer cette ancienne production fauchée qui se débrouille avec les moyens du bord et Gladiator (ou même les super-productions comme Spartacus).