Déroutant.
J'ai adoré "Elephant", je pensais donc que sur un sujet pareil, il allait s'éclater.
Mais.
Seul.
Le nombre de personnages dans son film précédent faisait oublier le "système" du réalisateur, tellement il se passait quelque chose, même quand la lenteur était présente.
Ici, il ne se passe vraiment pas grand chose. C'est donc lent. Long. Surtout que l'on sait aussi la fin.
Bien sûr il y a au moins une scène d'anthologie, le travelling pendant la répétition de Cobain. Et quelques autres assez sympathiques.
Mais dans l'ensemble, on retrouve la patte de Gus qui ressemble plus à une redite d'"Elephant", champ contre champ visuel et temporel, lenteur exagérée, cadrages lointains, musique classique. Donc pas si créative.
Il y a aussi la caricature du personnage, de plus joué par cet acteur au visage poupon particulièrement hors propos. Ses gestes, ses amis, ses intentions. Tout est hermétique et parcellaire.
Peut-être que je n'ai rien compris, peut-être que je ne suis pas sensible au grunge (j'ai pourtant tout Nirvana et quelque Soundgarden), peut-être que je ne m'attendais pas à ce que ces derniers jours soient aussi laborieux, rendu complètement stone par la drogue. Peut-être que je m'attendais à un héros qui finissait son œuvre sur une prise de position. Mais c'est loin d'être vraiment le cas.
C'est surtout que Gus avait dit dans des interviews précédentes que c'étaient les postulats du chanteur qui avaient de l'importance pour notre siècle, mais les derniers jours sont vraiment pauvres en déclarations, vu qu'il est déjà HS et presque muet.
Donc c'est peut-être un très bon film, mais seulement pour les aficionados du chanteur ET du réalisateur, ce qui va demander un public très ciblé !
Ou alors, c'est la perfection en terme de film existentialiste, tout simplement, quel dommage que ce soit un peu emmerdant.