Cest un « petit film », cest à dire à petit budget, mais qui contient des tonnes dintelligence, de finesse, une sincérité fantastique, beaucoup de poésie. Cest aussi un bel hommage à tous les saltimbanques qui parcourent des kms pour trouver leur public dans les centres culturels, les maisons de retraites, les petits théâtres, les petits festivals du rire, qui sont parfois à pleurer. Il y a du Tati, du Fellini, beaucoup de Deschiens dans les longs silences tellement parlant. Le couple formé par la femme clown et le jeune gars du nord, porteur de « géants », rappelle Bagdad Café (Pallance/ Sagebrecht), car dans les deux cas, lamour improbable met à jour la magie des êtres. Au final, ce road-movie prolo chez les chtimis (frontière franco-belge ?) est un bijou démotions, malgré quelques longueurs. Les séquences (en live, Sale affaire) de Moreau sur scène (elle vient de tuer son mari, a les mains et les bras rouges de sang et se confie au public) entrent en résonance avec lhistoire amoureuse quelle va partager avec le jeune homme. Vie réelle et vie rêvée, réalisme et onirisme vont ainsi alterner, simproviser et permettre un échange de répliques ciselées. Scènes mémorables, entre autres : quand elle apparaît les seins nus dans le cadre kitsch de fleurs, et quand le jeune homme crée son personnage de « géant », à la fin du film...