Avis sur El Dorado

Un mélodrame assez conventionnel, mais l’art incomparable du cinéma de recherche formelle des années 20. C’est comparable et très différent de ce que à la même époque faisait l’expressionnisme allemand : ce dernier est souvent fantastique, avec des décors et des jeux d’ombres et de lumières très contrastés et artificiels, avec beaucoup d’asymétries. « Eldorado », est par contre tourné en décor naturel, l’ombre et la luminosité sont solaires, les harmonies des architectures et des paysages sont mises en valeur. Plutôt que du fantastique, le film joue de l’exotisme. L’Herbier se sert beaucoup du floutage, des distorsions d’images, des reflets. C’est aussi du grand art visuel, mais fondé sur du réel, dans la continuité de la peinture française classique ou impressionniste.

C'est en 1921 que le cinèaste Marcel L'herbier s'attaque au mèlodrame avec le très beau "Eldorado", vèritable festival de trouvailles formelles! La musique de Jean-François Gaillard suit tous les mouvements de l'âme de la jeune femme, remarquablement campèe par Eve Francis, ce qui n'est pas ètranger à l'èmotion violente provoquèe par les pèripèties du rècit! L'herbier utilise ègalement des flous de toute beautè pour dècrire les fantasmes de Sybilla, la camèra elle-même ètant appelèe à se mettre au service de l'èvocation psychologique du personnage et de ses pensèes les plus tenues! Plastiquement superbe, et des inventions visuelles gonflèes pour l'èpoque...

Film muet de la période expérimentale de Marcel L'Herbier. Ici le cinéaste tente un nouveau language cinématographique en jouant sur les flous, les déformations et la musique. Seul ce dernier point aura une postérité; "El Dorado" est en effet le premier film pour lequel une musique symphonique fut créé. Il n'en reste pas moins que le film est un affreux mélodrame ennuyeux à souhait.