Avis sur Etre sans destin

très étonnant pour moi de constater le peu d'écho qu'a susciter ce film. Il reste pourtant un de mes grands grands films que j'ai eu l'occasion de voir ces dernières années. Et je ne vois mm pas ce qui viendra rattraper ce malentendu presse-spectateurs-chef d'oeuvre...
Si vous lisez ces mots, je serais heureux de vous encourager à découvrir ce bijou, et à encourager à votre tour les vrais cinéphiles à en faire autant.
Pour une fois qu'un film d'Europe de l'Est a largement l'envergure de se comparer (en mieux dirais-je aussi) aux plus grandes productions internationales...

Film un peu spécial il faut l'avouer...entre un début presque impossible à suivre tant il est ennuyeux et une fin absolument bouleversante et captivante, le fossé est énorme !! Alors petit conseil d'ami, il faut tenir la première heure car la fin en vaut la chandelle !! Rarement un film sur les camps de concentration ne m'a tant remué...les acteurs sont incroyables, les lieux et situations totalement réalistes et franchement certaines scènes sont insoutenables à regarder. J'ai beaucoup aimé découvrir la vie dans les camps de cet écrivain hongrois (qui a d'ailleurs gagné le nobel de littérature pour son roman sur son séjour à Buchenwald !!) et je ne regrette pas de ne pas avoir arrêté à l'heure de film !! Une grosse claque !

Ce film manque tout simplement de courage pour repenser le livre original en termes dramatiques. Il s'échappe au lieu d'affronter les tâches d'un réalisateur qui a été assez courageux au départ pour penser qu'il peut aborder un sujet aussi difficile que l'holocauste. Au lieu de cela vous obtenez des acteurs sans direction claire, des dialogues et des voix off avec peu d'intérêt, Des fondu enchaîné au lieu d'idées, de belles images du sépia et du Morricone comme musique qui vous fait croire que vous êtes dans une aventure amoureuse romantique qui pourrait s'avérer très triste mais qui ne l'est même pas..

Cette adaptation d'un roman controversé risque bien de passer totalement inaperçue, tant le film n'est distribué que dans une combinaison de salles scandaleusement réduite. Pourtant, ce film hongrois est intéressant à plus d'un titre : tout d'abord il évoque l'univers des camps de concentration avec force et conviction, ensuite, les images très travaillées et absolument magnifiques sont à découvrir sur grand écran et enfin, à la suite du roman, le cinéaste propose une vision osée des camps. L'ambiguité du livre qui présentait "la beauté des camps de concentration", reste présente dans un film qui ose proposer une vision esthétisante d'un événement atroce. On est en droit d'ailleurs de trouver cela scandaleux ou au contraire de saluer cette prise de position qui, dans le contexte de l'oeuvre et par rapport au personnage, se comprend tout à fait. Pourtant, ayant sans doute peur d'être traité de tous les noms par la presse, le cinéaste ajoute de nombreuses scènes mélodramatiques, certes très efficaces, mais qui semblent contredire la vision particulière de l'écrivain et donc du personnage principal. Finalement, si le film est inégal et pas totalement abouti, il reste un formidable moyen de se rendre compte de l'horreur subie par les Juifs (et les autres) durant cette période sombre de l'histoire de l'humanité : on retiendra du film ces regards figés qui glacent notre sang longtemps après la projection.

En préambule, je regrette l absence de ce film en DVD zone 2 et en VOSTF. Je me contente donc d un dvd zone 1 avec sous titre anglais.
Ce film est un éblouissant témoignage sur la déportation des juifs Hongrois (pour mémoire, Paris se libérait de l occupation Nazi cette même fin d été 1944).
Autre regret, la seule partie transcendante du récit de Kertész (L entrée dans le camp après La Sélection) fut supprimée lors du passage au DVD ; cette coupe est un crime contre mémoire de l Humanité.

La recherche esthétique à tout prix frise l'indécence au regard du sujet. Le film perd en efficacité ce qu'il a en sensationnalisme. On a du mal à croire au jeu des acteurs. Le film rate le regard de l'enfant sur les événements.

Je n'avais pas lu le livre. Je n'avais donc pas d'attente excessive. J'ai beaucoup aimé le film.
Il s'agit de la persécution des juifs par les nazis, mais vue à travers le regard d'un adolescent en train de faire l'apprentissage de la vie adulte. (il entre dans cette catégorie de films que l'on appelle en anglais "coming of age")

La situation du héros empire sans cesse : le port de l'étoile jaune, puis le départ du père, puis l'arrestation sur le chemin du travail, etc... c'est comme un engrenage infernal. Je serais tenté de dire une descente aux enfers, si le héros lui-même ne récusait ce terme. (En effet, il reprend un de ses interlocuteurs en lui déclarant : "ce n'était pas l'enfer, c'était un camp de concentration")

Dans le film, nous vivons cette expérience de l'intérieur, de façon intime, à travers le regard de cet adolescent. Il s'agit d'un récit raconté par celui qui a réellement vécu la chose.

Il est d'ailleurs assez dérisoire de voir des spectateurs se permettre de dire que les camps sont trop esthétiques, trop ceci, pas assez cela. Qu'en savez-vous? vous n'y êtes pas allé!

Celui qui a fait ce film a vécu l'expérience. C'est ce qu'il a réellement éprouvé.
Un spectateur d'aujourd'hui n'a aucunement le droit de lui reprocher sa vision particulière des choses. Il doit l'accepter telle qu'elle est. Ce film est avant tout l'histoire d'un adolescent qui découvre le monde adulte, plus peut-être qu'un film sur les camps de concentration.

Et on peut le comprendre, lorsqu'il dit, à la fin du film, qu'il éprouve de la nostalgie pour certains instants de bonheur qu'il a vécu au camp. Tandis que dans le monde libre qu'il retrouve, il ne se sent finalement pas si à l'aise. Il a l'impression d'être incompris. Comme l'a fort justement fait remarquer Simone Veil : "Les gens qui ne l'ont pas vécu ne comprendront jamais vraiment". C'est un pic d'expérience qui est de l'ordre de l'indicible.

Classique dans la mise en scène et sujet déjà filmé sous toutes ses coutures, "Etre sans destin" se regarde pourtant avec intérêt notamment grâce à l'interprétation et le travail étonnant accompli sur le maquillage. La musique de Moriconne est bien sûr un joli plus...

J'avais lu le livre... le film m'a déçue.
- Le livre se situait du côté d'un jeune adolescent de 14-15 ans qui découvrant la vie, vivait l'horreur, la solidarité et l'amertume sans comprendre ce qui arrivait. C'était un jeune en apprentissage d'une vie qui s'avérait horrible.
- Le film montre un homme qui décrit le combat d'un adolescent ; un homme qui regarde et filme mais qui ne vit pas ce que vit le jeune lui-même.
c'est une autre posture qui ne respecte pas le livre, me semble-t-il.
- Par ailleurs, on voit le jeune penser, réfléchir sans mettre des mots sur sa pensée alors que le livre, lui, l'explicite.
Lorsqu'il dit qu'il ressent de la haine en revenant à Budapest, rien de son attitude extérieure ne peut le laisser penser. Son visage amaigri est sans expression, mais il ressent de la haine et c'est sa parole qui nous l'indique.
- Personnellement, je n'ai pas retrouvé ce qui faisait la force du livre : le chemin d'un jeune qui avance dans l'horreur et l'écoeurement fondamental (la mort peut-être) devant l'insouciance de ceux de l'arrière ...
J'aurais aimé que Marguetite Duras fasse le film... je crois que la force en aurait été décuplée et que notre âme en aurait été touchée.
Cependant, ce film a le mérite d'exister. Lisons le livre.