Voici venu le temps : les secrets du tournage

Voici venu le temps est le deuxième long métrage du cinéaste aveyronnais Alain Guiraudie après Pas de repos pour les braves. Auparavant, le cinéaste s'était fait remarquer grâce à deux moyens-métrages : Du soleil pour les gueux et Ce vieux rêve qui bouge.

Alain Guiraudie précise ses intentions : "Les héros de Voici venu le temps évoluent dans un univers de conte, mais leurs problèmes et leurs projets sont bien réels. La quête du personnage principal, Fogo Lompia, est concrète, personnelle et en même temps elle se situe dans le contexte plus général d'une réalité sociale difficile (...) Il doit gérer un dilemme sentimental, se mettre au clair par rapport à ses ambitions et ses désirs, mais aussi se positionner sur les moyens de l'action politique : faut-il en passer par la radicalité et l'activisme violent ? Par ailleurs, ses préoccupations témoignent d'un souci plus général, qui nous touche et nous interroge tous, et dont il faut parler : qu'est-ce que l'époque nous propose en termes de perspectives collectives, de rapports entre les êtres, d'horizons, d'utopie ? Il n'y a pas d'aventure personnelle qui serait exemptée de toute dimension collective."

Voici venu le temps est présenté, en compétition, aux Rencontes Internationales du Forum des Images, à Paris, en 2005.

Alain Guiraudie revient sur la genèse de ce film : "Il est né entre l'écriture et le tournage de La Force des choses [1997], mon troisième court métrage où, là aussi, des guerriers se lançaient à la poursuite d'une jeune fille enlevée par des bandits. A cette époque, je me préoccupais beaucoup du naturalisme, du conte, des limites possibles du décalage, du film de genre. Je ne suis pas parvenu à tourner Voici venu le temps à cette époque. Il y avait beaucoup de personnages, des combats à l'épée, une pendaison en place publique, et je ne pouvais prétendre à l'économie nécessaire pour mettre en place cette histoire. Alors je suis passé à Du soleil pour les gueux, qui en est fortement inspiré, mais plus simple : un plateau d'herbe aride, le ciel, la terre et quatre personnages. Je n'ai jamais abandonné pour autant Voici venu le temps, je désirais toujours sa dimension épique."

Le cinéaste donne des précisions sur le titre de son film : Voici venu le temps . "C'est un titre qui fait évidemment penser à la chanson de L'Ile aux enfants [programme pour la jeunesse diffusé dans les années 70, et dont l'un des héros, Casimir, est devenu culte] mais qui peut aussi être le début d'un programme poltique, social, existentiel. Lorsque je l'ai trouvé, j'étais encore dans cette humeur ludique, enfantine, où l'on décide qu'untel sera un bandit, un autre sera un guerrier, etc. Mais aujourd'hui, on est loin de Casimir. Voici peut-être venu le temps de passer aux choses sérieuses, de mettre en oeuvre ses ambitions, sans toutefois perdre de vue les rêves d'enfants."

Alain Guiraudie aime jouer avec le langage, inventer des mots farfelus. On se souvient notamment de noms de villages tels que Buenauzeres ou Oncongue dans Pas de repos pour les braves. Cette fois, il est question de Kroban (une unité monétaire qui équivaut à 100 zivas), de goulagne (alcool hallucinogène à forte dose obtenu par décoction puis distillation de la fleur de réhante) ou encore de bidoune (objet cylindrique et métallique utilisé en agriculture pour aérer la terre après les labours)...