Bahia, ville basse : les secrets du tournage

Bahia, ville basse est le premier long-métrage réalisé par Sérgio Machado. Il n'en est toutefois pas à sa première expérience dans le cinéma puisqu'il avait notamment participé à l'écriture des scénarios de Avril brisé de Walter Salles et Madame Sata de Karim Aïnouz.

Présenté au Festival de Cannes 2005 dans la section Un Certain regard, Bahia, ville basse a remporté le 24ème Prix de la Jeunesse. Cette récompense, créée par le Ministère français de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, permet à un jury de neuf jeunes cinéphiles de se prononcer sur les films montrés à Cannes.

Le cinéaste brésilien Walter Salles s'est chargé de la production du film. Il raconte comment s'est déroulé sa rencontre avec le réalisateur de Bahia, ville basse, Sérgio Machado : "C'est Jorge Amado qui nous a tous réunis. Jorge, qui est d'une très grande générosité, nous a appelés un jour pour nous parler en termes élogieux d'un jeune cinéaste originaire de Bahia, dont le travail l'avait impressionné. J'ai vu le moyen métrage de Sérgio et j'ai beaucoup apprécié sa sensibilité. Je l'ai alors rencontré et je lui ai proposé de venir travailler sur un projet qui commençait tout juste à voir le jour, Central do Brasil.

Le tournage de Bahia, ville basse s'est déroulé entièrement en décors naturels entre avril et mai 2004, à Salvador et Cachoeira, et dans cinq autres villes du Recôncavo Baiano sur la côte de Bahia.

Le réalisateur Sérgio Machado évoque sa vision du triangle amoureux : "Dans la littérature comme au cinéma, la situation classique du triangle amoureux est celle de deux amants face à un troisième, qui se retrouve trompé – comme dans Tristan et Iseult. Mais notre film ne parle pas de trahison, mais de passion. Un triangle amoureux se termine toujours en tragédie. Il s'agit toujours d'une figure impossible, y compris dans les versions les plus modernes comme Jules et Jim. J'ai tenté d'adopter un point de vue différent. La question que nous nous sommes posée en écrivant le scénario était la suivante : 'Et pourquoi pas ? Qu'est ce qui empêche ces personnages d'être heureux ?' A cet égard, le film est marqué par un courant de pensée typiquement bahianais, que l'on retrouve chez Jorge Amado, ou encore Joao Ubaldo Ribeiro, mais également chez l'écrivain cubain Pedro Juan Gutiérrez. A Bahia, on règle les problèmes en usant d'une logique qui n'est pas forcément celle de l'affrontement, mais plutôt de la nécessité de la survie."

Afin de préparer leur rôle, les comédiens ont dû se soumettre à un entraînement particulier. Ils devaient en effet répéter toute une série d'exercices censés provoquer en eux d'authentiques émotions, liées au vécu des personnages. Ils ont eu aussi recours à la "kundalini", méthode qui vise à libérer la sexualité grâce à des mouvements pelviens et à la valse.

Pour le style visuel de Bahia, ville basse, le chef-opérateur Toca Seabra s'est inspiré du livre "Laroyê" du photographe Bahia Mario Cravo Neto qui dépeint le même monde que celui du film : "Le style de 'Laroyê' que nous avons adopté est un mélange symbolique de tripes, de sang, d'orgasmes, d'odeurs et de sueur. C'est cela qui a influencé quelques-unes de nos décisions en matière de mise en scène, comme la caméra à l'épaule, les faibles éclairages, et, par voie de conséquence, la saturation des couleurs."