Un bon petit film d’horreur. Pas le meilleur Tobe Hooper, mais enfin il se laisse regarder sans déplaisir. L’interprétation est sympathique, Robert Englund en fait des tonnes dans son rôle, pour notre plus grand plaisir. Inquiétant, pervers, vicieux, son abattage donne un petit grain sympathique à The Mangler. Ted Levine est un vieux routier, plus habitué des seconds rôles mais il livre une bonne prestation. Les personnages sont assez bien écrits, même s’il ne faut pas se leurrer, dans l’ensemble ils sont tous caricaturaux. Le scénario était l’élément clairement le plus dangereux. Déjà le terme de « presseuse diabolique » n’inspire pas vraiment confiance, et puis tenir un long métrage sur une courte nouvelle de Stephen King, on pouvait craindre le pire. Pourtant Tobe Hooper s’en tire honorablement. Le film est bien rythmé, n’est pas bourrelé d’invraisemblances, la presseuse en question n’est pas honteuse et s’avère même finalement assez menaçante même si l’on sait qu’en théorie si on ne l’approche pas on ne craint rien (théorie mise à mal dans le film)! L’histoire tient la route, et par sa critique de la haute société des notables américains, se rapproche de Society de Yuzna. Non vraiment le scénario est bien charpenté et même si parfois il traine un peu la patte avec des transitions laborieuses, des éléments pas très clairs, il évite la catastrophe et réserve des surprises (parfois un peu limite). Coté décors le film est pauvre, mais le déroulement de l’action dans cette gigantesque blanchisserie est original. La mise en scène de Hooper parvient aussi à sauver les meubles, il retrouve un peu de son panache d’antan et certaines séquences dégagent une belle tension. Les effets horrifiques ne sont malheureusement pas assez appuyés. On aurait aimé un gros film gore, avec du déchiquetage, de la bouillie humaine, mais, s’il est sympathique, il ne va pas à fond de ce coté là. Au final The Mangler n’a pas révolutionné le genre, mais s’avère un film tout à fait divertissant, qui fait passer un bon moment avec une « créature » originale qui n’a rien d’un craignos-monster cheap. Si le délire sur la fin passe moyennement, dans l’ensemble le film joue les équilibristes juste au dessus du gouffre du ridicule, et ne se vautre jamais dedans. On passera sur les quelques personnages secondaires caricaturaux (le type avec ses considérations religieuses de bas étage), aux réactions parfois d’une bêtise crasse, et l’on appréciera de retrouver, par moment, le Tobe Hooper des grands jours.