Si, à travers les attitudes des habitants de ce village français qui est le décor du film, Marcel Aymé prétend donner le visage de la France libérée, alors c'est un pays infâme qu'il nous force à mépriser. Aymé, comme Guitry par ailleurs, a eu quelques soucis à la Libération. On peut imaginer facilement que ce pamphlet est excessif dans le cynisme, certainement caricatural et sans doute partiellement motivé par une rancoeur personnelle. Les figures pittoresques, sans aucun doute détestables si elles n'étaient mises en scène sous l'aspect de la comédie et de leur ridicule, constitituent un panel représentatifs et quasi exhaustifs de l'indignité de beaucoup de français. En premier lieu, les communistes apparaissent de farouches épurateurs, prompts à la dénonciation et s'attribuant les mérites de la Victoire. En face, il y a les lâches, ceux qui ont oublié leur passivité, ceux qui réfutent leur complicité avec l'occupant ou Vichyspoiler: . L'ancien milicien incarné par Gerard Desarthe est le moins accablé en ne reniant pas des idées politiques aussi nauséabondes soient-elles . On le voit, la part de vérité de chacun des personnages tend à devenir une généralité honteuse et évidemment outrée. Le travail de Claude Berri sur la recomposition de l'immédiate après-guerre est estimable mais, soit que certains protagonistes sont un peu ternes, soit que l'intrigue est mince spoiler: ( l'effervescence autour de la clandestinité du milicien traqué), le fim reste d'un intérêt très relatif. Depardieu, spoiler: en bistrotier amateur de Racine et de poésie , se taille la part du lion dans un rôle massif, grotesque, original.
Un film qui ose traiter la partie cachée de notre histoire, & notamment ces résistants de la première heure; quand il ne montre pas, de toute façon, un monde point trop manichéen avec ces anciens collaborateurs se repaissant de la haine & de la peur, (et profitant bien sûr de la fin de la guerre)et enfin de leurs "mises en scène" sans fin totalement stériles: Le jeu de P.Noiret est, de +, simplement excellent !
C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai découvert "Uranus", évocation de moments assez délicats dans l'histoire de la France, et finalement peu transposés au cinéma, ceux de l'après-guerre. Les joies de la libération dissipées, on l'oublie parfois, d'innombrables règlements de compte eurent lieu dans les villages, entre communistes, "collabos", voire socialistes, et c'est cet embrouillement que tente de nous décrire Claude Berri, d'après le roman de Marcel Aymé (également auteur de la célèbre "Traversée de Paris"), plutôt bien remis de son dyptique provençal à succès, 4 ans auparavant. Des dialogues passionnants, notamment entre Noiret et Marielle, des acteurs à contre-emploi - Galabru, Luchini, Blanc ou Prévost -, un Depardieu toujours aussi imprévisible, ici en barman poète ( !) ; tels sont d'autres attrayants souvenirs m'ayant laissé cette fresque historique très instructive, bercée dans une délicieuse symphonie de Mozart...
Claude Berri bénéficie d'un superbe casting pour son film. Mais la façon de déclamer leur texte donne au jeu des acteurs un côté trop théâtral. Cela en devient trop poussé à l'image de la spoiler: façon de mourir de Gérard Depardieu .
Claure Berri confirme qu'il n'a aucun talent de metteur en scène. Il se contente d'illustrer son scénario. Dont les dialogues sont magnifiques et très bien énoncés par des acteurs solides dont le professionnalisme pallie à l'absence de direction d'acteur.
Le film est riche de la description de cet immédiat après guerre où collaborateurs avec l'occupant nazi, communistes, gaullistes, profiteurs, indécis, pleutres doivent cohabiter, pour reconstruire la France. Une des grandes qualités du film est son décor, ses décors plutôt, entre les ruines dans les rues et l'appartement des cohabitants.
Le truc du film est de faire cohabiter, comme pendant la guerre, mais dans un même appartement, un communiste, un pétainiste et un sans étiquette (dont nous comprenons qu'il sait s'adapter et va dans le sens du vent, c'est-à-dire qu'il n'a pas de point de vue, mais l'ironie veut que les autres lui demandent son avis). La cohabitation est recréée dans un appartement. S'ajoute à cela Gérard Depardieu, impressionnant dans sa révélation et son adoration de la poésie.
Le film est sauvé par ses acteurs qui déclament avec conviction leur texte: nous avons trop l'impression que chaque acteur prend la pause pour déclamer son texte. Nous voyons toujours l'acteur avant le personnage. Peut être que le film aurait du miser sur une distribution d'acteurs inconnus: il aurait gagné en puissance. Mais le film reste intéressant grâce aux dialogues et à ces acteurs, justement.
Claude Berri nous livre un portrait hallucinant de vérité humaine avec cette chronique sans concession d'un village français sous l'occupation. La frontière entre le bien et le mal n'est pas toujours identifiable,les personnages ont tous plus ou moins quelque chose à se faire pardonner ou au contraire une bonne raison pour être sauvés. Gerard Depardieu dans le rôle du patron de bistrot saisi par la poésie est formidable,aussi bien dans la truculence que dans l'émotion pure. Toutes les autres stars du film sont à englober dans les mêmes éloges avec menton spéciale à Michel Galabru émouvant dans son rôle de salaud degoûté de lui-même,jouisseur sadique et victime malgré lui. Ce film montre la difficulté dans des temps troublés de porter des jugements définitifs alors que la pression des évènements,la confusion des esprits, n'autorisent pas un jugement serein. Une grande leçon intemporelle et sans frontière...
Marcel Aymé est un moraliste tout à fait particulier et l'adaptation de Claude Berri semble fidèle à son ton. Mais les acteurs de l'épatante distribution semblent avoir été dirigés à une certaine distance des personnages qu'ils doivent incarner - si bien que cette farce tragique manque par moments d'intensité et échoue peut-être à témoigner de la souffrance de cette époque.
Un des plus beaux rôles de Gérard Depardieu qui est "Hénaurme" et fabuleux dans ce film. Aucun autre acteur, toutes générations confondues, n'aurait pu être meilleur que lui. Une mention spéciale aussi à Daniel Prévost et Michel Galabru.
'' Uranus '' est un bon film qui permet d'observer de près l'immédiat après-guerre en France, à l'heure des règlements de compte entre vichystes, communistes, gaullistes et j'en passe... Ainsi, une dizaine de personnages doivent affronter leur passé, se faire face et cohabiter tant bien que mal maintenant que la paix est revenue. Les péripéties s'enchaînent, ne nous lâchent pas et les dialogues, eux, sont sublimes. Cette période, souvent occultée, est ici portée par un casting magistral (Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Michel Blanc, Daniel Prévost, Michel Galabru, Gérard Desarthe, Fabrice Luchini...) et un brin de poésie. A voir.
Le savoir-faire français dans toute sa splendeur : une prose poétique absolument délicieuse : Noiret nous parlant du bonheur, ""L'égoïsme d'un homme est aussi adorable que celui d'un papillon ou d'un écureuil." Depardieu en poète de comptoir illuminé... Berri nous donne envie de lire Aymé. Comme dans "Jean de Florette", il sait nourrir ses personnages et nous offrir des films d'acteurs absolument grandioses.