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Hotinhere
431 abonnés
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3,0
Publiée le 18 mai 2023
Portrait sensible et touchant, en dépit de quelques longueurs, de l’écrivaine néo-zélandaise Janet Frame, qui fut sauvée de l’enfer psychiatrique par l’écho donnée à ses livres, incarnée par la poignante Kerry Fox.
2ème long-métrage de Jane Campion ou le portrait sensible d'une femme unique, marginalisée en raison d'une timidité maladive. Un sens aigu de la narration et des choix plastiques forts font de "Un ange à ma table" une oeuvre envoutante et intemporelle. Les plans de pâturage au pied de la colline, liens avec la maison familiale, sont d'une indéfinissable poésie, celui où Jane accompagne une vache est sublime.
"Un ange à ma table" m'a personnellement sidéré. Ce film s'est insinué en moi, étrange, suspendu... Comment expliquer, c'est un peu à l'instar de "La leçon de piano", le film de Jane Campion, on en sort plus que jamais grandi, magnifié par le ton qu'emploie la réalisatrice. L'histoire et les images sont assurément réalistes. Pourtant, des personnages (fantastiques!), de la mise en scène, de la photographie, des ces teintes sépia utilisées, ressort comme un grand conte cruel et surréaliste, absurde et poétique... Peut-être à l'image de l'oeuvre de Janet Frame... Un film que j'aime tendrement...
On a du mal à se laisser convaincre par l'histoire de cette écrivaine hors norme, qui avait pourtant tout pour faire un film intéressant. Mais à force d'ellipses et de litotes, "Un ange à ma table" finit par se vider de toute émotion et par sombrer dans la monotonie.
Malgré quelques longueurs, Un ange à ma table est un film poignant et bouleversant, à la fois juste et délicat, sensible mais sans aucune sensiblerie où Kerry Fox incarne magistralement une Janet Frame au bord du gouffre...
Un ange à ma table (1990), le pouvoir des mots face aux maux :
Nouvelle-Zélande. Un ange à ma table, c’est Belfast (2021) en couleurs. Société fracturée, recherche d’identité. Une jeune poète en herbe se retrouve confrontée à une réalité austère. Petite, elle est placée dans une classe de marginaux. Adulte, elle retrouve ces camarades dans les dédales des hôpitaux. Enfant marginalisé, adulte stigmatisé. Comment demeurer particulière dans une société aux normes tentaculaires ? Janet était unique et a vu son histoire devenir tragique. Le poème devient alors son second langage, et les réminiscences son seul apanage. La poésie, arme mortelle face aux songes et aux chimères de la nuit. La plume écorche le papier, pendant que les rideaux de fleurs accueillent la brise et que les pleurs s’éternisent. Tous les soubresauts convergent et se figent en quelques photos ébréchées.
Janet est toujours à part : elle est exclue lors de l’insouciance de l’enfance, perdue au gré de la bohème de l’adolescence et abattue au creux d’un âge adulte qui n’a plus de sens. L’épilepsie de son frère est une métaphore touchante de la vie de Janet : elle témoigne d’une situation individuelle considérée comme un péché universel. Armageddon ! Janet se bat contre deux Goliath : la pugnacité de son anxiété et la dureté de la société. La jeune femme tente de se raccrocher à la vie en permanence, de rattraper le temps perdu de son existence, de tout voir, tout vivre avec fulgurances. Or, il n’y a pas d’acquis, il n’y a que de l’inné. Existence drapée de solitude, futur recouvert par l’incertitude. Jane Campion réalise un portrait exquis, non sans omettre les douleurs de la vie : deuil, jugement, exclusion et suicide. Les cœurs battent en brèche dans des paysages néo-zélandais, français et méditerranéens teintés de couleurs fraîches. Si les anges ont des ailes, Jane Campion nous montre dans ce film qu’ils ont aussi des cheveux roux désordonnés.
Un film un peu trop long (2h38); autobiogaphique qui ne suscite pas grand intérêt malgré le jeu de l'actrice principale. Je préfère "La leçon de piano" de Jane Campion.