Premier long-métrage de Jaco Van dormael, dans lequel il s'illustre comme un doux poète de l'amertume.
Toto rêve d'un monde où il a sa place. Mais à la naissance, lors d'un incendie tragique, il voit sa place s'échanger avec Alfred Kant, son voisin tortionaire.
Bercé par cette amertume, sans cesse présente tout au long du film ( et dans l'oeuvre du réalisateur, au sens large...) c'est dans une série de flash-back que l'on remonte petit à petit au point d'orgue, une place à n'importe quel prix. Pas comme une vaine tentative de satisfaction, mais comme la récompense absolue à l'histoire "d'un type à qui il n'est jamais rien arrivé"...
Dans cette confrontation tragique, de l'influence de nos choix dans notre existence, naît une douce mélancolie, qui caractérise l'oeuvre du cinéaste, et notament son dernier film, Mr.Nobody. Enfin, Jaco Van Dormael se régale de ces choix, et les confrontes. Comme un sentiment naturel qui est en chacun de nous. Tout le monde se demande ce qui arriverrait si je fais un choix plutôt qu'un autre, si j'avais une autre chance.
Dans "Toto le héros", le "héros" qui à le nom mais pas le titre, met toute sa force dans la résolution du destin. Celle de croire que rien n'est acquis, mais tout reste à conquérir, comme l'aviateur perdus dans l'épaisseur brouillard, tirant alors de l'épaisseur amnésique de la durée du film, pour retourner dans les nuages, perdus parmis les anges.
Charmant, drôle et magnifiquement mise en scène, mais aussi parfois éffrayant, le cinéma belge marque encore par son audace et sa poésir.