Avis sur Qui chante là-bas?

Le 5 avril 1941, à la veille de l’invasion de la Yougoslavie par les troupes allemandes, un bus brinquebalant tente de rallier Belgrade. Parmi les passagers, deux musiciens tziganes, qui ponctuent le récit tel un choeur antique. Ce premier long-métrage de Slobodan Sijan n'est pas pour rien l'un des films yougoslaves les plus populaires. Cette épopée tragi-comique est un road movie parfaitement orchestré où s'affrontent des personnages aux tempéraments opposés, et bien trempés. Certains disent, non sans raison, qu'il est prémonitoire de l'implosion future de la Yougoslavie.

L'action se déroule en avril 1941, en Yougoslavie, à la veille de l'occupation allemande. Une dizaine de personnes montent dans un bus pour se rendre dans la capitale : un ancien combattant, un chanteur de charme, un couple de jeunes mariés, deux musiciens tziganes, un chasseur, un tuberculeux, un journaliste germanophile.... Le véhicule, en piteux état, propriété de Miško Krstić, conduit par son propre fils, un simple d'esprit, rencontrera sur son chemin bien des obstacles avant d'arriver à destination.

"Qui chante là bas ?" a été sélectionné dans la section Cannes Classics du Festival de Cannes 2020. À l'occasion de la réouverture des salles, Malavida a la bonne idée de le ressortir dans un circuit de quelques cinémas d'art et d'essai. Ce film yougoslave de 1980 nous rappelle le dynamisme et la créativité du cinéma de ce pays qui, sous Tito, s'enorgueillissait de posséder les meilleurs écoles de dessins animés, qui organisait un grand festival annuel et où le cinéma était une matière enseignée dans le secondaire.

Quand on regarde aujourd'hui "Qui chante là bas ?" on pense immanquablement à Emir Kusturica. Slobodan Šijan n'est son aîné que de quelques années. Les deux réalisateurs ont le même scénariste, Dušan Kovačević, quand ils tournent "Qui chante là bas ?" au début des années quatre-vingt et "Underground" quinze ans plus tard. Les deux oeuvres présentent de nombreuses ressemblances formelles et substantielles. Chez Šijan comme chez Kusturica, la musique, qui emprunte aux rythmes endiablés du folklore tzigane, est une actrice du film à part entière. Les histoires qu'ils racontent sont traversées d'un humour souvent grotesque et très cartoonesque. Le sujet qu'ils traitent est celui de l'impossible vivre-ensemble yougoslave.

Dans "Underground", Kusturica évoque l'éclatement de la Yougoslavie. On aurait pu penser, en lisant le résumé de "Qui chante là bas ?" qu'il y serait au contraire question de la construction d'une identité nationale pour faire front face à l'invasion allemande. Comme Maupassant dans "Boule de Suif", comme John Ford dans "La Chevauchée fantastique", Šijan convoque dans un lieu clos un échantillon de la population yougoslave. Découvrira-t-il au-delà des conflits qui l'opposent ce qui la réunit ? Saura-t-il dépasser ses clivages pour faire front face à l'ennemi nazi ? C'est ce qu'on aurait volontiers imaginé d'un film tourné en plein titisme. La réponse qu'on découvre à la dernière image est étonnante.

Sujet : les pérégrinations d'un vieux bus à travers la Serbie avant l'invasion allemande, avec ses passagers très pittoresques. Un genre original : un bus-movie.
Personnages hauts en couleurs et attachants, portés par des très bons acteurs. La réalisation est très efficace, le langage cinématographie est bien maîtrisé, tout est en extérieur, paysages très bien filmés, intérieur du bus bien cadré. Le pittoresque des situations ne manque pas d'humour : vieux bus fumant / corbillard / scène d'amour dans un bois / repas. On ne s'ennuie pas un instant : le récit est très bien mené dans sa progression. Belle chanson au début, milieu et à la fin.

Tourné 1 an avant le premier film de Kusturica, ce long-métrage de Slobodan Sijan, également le premier du réalisateur, est un bijou de fantaisie dramatique (ou de tragédie burlesque). Réunissant des personnages aussi différents les uns des autres à la veille de l'invasion de la Yougoslavie par les forces allemandes, le cinéaste entraine cet aréopage dans un voyage aussi imprévu que picaresque, où l'avidité du contrôleur du car brinquebalant n'a d'égale que la lubricité du jeune marié et la fascination du chasseur pour les armes à feu. Rythmée par une entêtante musique tzigane, cette parabole, formidablement mise en scène (le cadre est d'une rare perfection), est un moment de pure jouissance dont le seul défaut est sa brièveté.

Qui chante là-bas ? est une comédie douce-amère dans la Yougoslavie du début de la seconde guerre mondiale avec une galerie de personnages hauts en couleurs. On passe donc d'un couple de jeunes mariés à un chasseur maladroit en passant par deux tziganes musiciens et un ancien combattant. Tout ce beau monde prend place au sein d'un bus d'un ancien temps pour une route semée d'embûches en direction Belgrade. Leur chemin riche en péripéties comiques permet tout de même de dresser le paysage social et économique de l'époque. À l'arrivée, la réalité finit par les rattraper.

Slobodan Sijan est un cinéaste yougoslave dont la filmographie est beaucoup moins cotée et connue à l'international que celle de son compatriote Emir Kusturica.

" qui chante là bas ?" (80) est de l'avis général considéré comme sa meilleure réussite ( ce fût aussi son premier film) et trouve des points de convergence avec l'univers de Kusturica.

Le scénario écrit par le même auteur que " underground" ( palme d'or à Cannes en 1995), n'est pas étrangère à la proximité de ton entre les deux opus, même si " qui chante..." adopte un style bien moins baroque.

Au travers d'un voyage de cinq kilomètres juste avant l'invasion nazi de 1941, effectué à bord d'un bus brinquebalant dans la campagne serbe, par un groupe de voyageurs unis par le hasard, c'est une sorte de portrait granguignolesque de l'âme Serbe

Aujourd'hui le film bénéficie d'une solide réputation dans le cinéma du patrimoine qui est peut-être ( à mes yeux du moins) un tout petit peu surestimée, malgré son charme évident.

Néanmoins, il me paraît incontestable qu'il vaut la peine d'être vu ( surtout pour les amateurs du cinéma de Kusturica et du cinéma d'europe de l'Est, d'avant la chute du mur de Berlin).

Precisons tout de même, que " qui chante..." n'atteint pas ( et de loin), le niveau de finition des opus les meilleurs de Kusturica (" papa est en voyage d'affaires " - palme d'or à Cannes - ou encore moins celui de " le temps des gitans", selon moi, le chef d'oeuvre du cinéaste)

Le titre est tout un programme et doit être pris au sens de " on n'est pas là pour rire!". Expression d'une vision tragique de la vie et de la situation du pays, (passee et sans doute toujours présente lors de la realisation du film), considérée avec un humour grinçant voire désespéré.

Les meilleures scènes qui contribuent largement au charme de " qui chante..." sont pour moi celles des interprétations de musique Tzigane par deux des protagonistes.

Un tableau balkanique digne d'un Véronèse. Le groupe des gens qui ne se connaissent pas et l'individu à l'intérieur de ce groupe sont travaillés à merveille. Aucune similitude entre les personnages. Du collabo au patriote en passant par un coupe des jeunes marié, un chasseur plus que gentil, un malade.... et pour finir deux tziganes qui nous racontent les tableau à travers de la chanson. Un chef d'oeuvre.

simple mais efficace, les gypsies donnent toute la dynamique du film sans quoi cela aurait l'air d'un petit téléfilm de semaine

"Une comédie humaine de grincheux, pleutres qui nous prouve que l'attachement à ses semblables n'est pas lié à la somme de leurs vertues. ”

Un film envoûtant relatant les sentiments de Yougoslaves moyens au moment de la guerre, et décrivant en un voyage la vie quotidienne en Yougoslavie d'alors.

A voir

Si ce film passe près de chez vous, ne le manquez pas. Une comédie drôlissime et tragique à la fois