Avis : On connaît la chanson - Page 4

«Tout le monde est là ? Tout le monde m’entend ?» éclate d’enthousiasme la voix d’Agnès Jaoui dès le générique. Ces deux phrases résument fondamentalement «On connait la chanson» (France, 1997) d’Alain Resnais. Le «Tout le monde est là ?» est posé à l’assemblée populaire à qui est adressé le film, quant au «Tout le monde m’entend ?», c’est la culture de variété française qui s’apprête à être invoqué. Un film populaire usant de chansons françaises, voilà donc la singulière comédie musicale sciemment introduite. Elle se conclura, au générique de fin, par un bruit de foule. A croire que le film est gorgé du public. Le terme n’est pas péjoratif, il qualifie seulement le type de culture sur laquelle est bâti le film. Et c’est bien l’œuvre de Resnais qui se calque sur les chansons plutôt que l’inverse. A la projection, il est évident que le film n’est motivé que par sa prouesse technique et artistique. L’intrigue est celle d’un vaudeville contemporain dont les limites sont très vite atteintes : qui va finir avec qui ? Ceci relevant peu d’intérêts, c’est l’aspect prodigieux du film qui retient notre attention et qui la capte en la grisant. La réussite du film est de composer les instants musicaux de chansons de variété. Les références allient Edith Piaf jusqu’à Téléphone. C’est donc d’un rythme hybride que se cadence le film. Les acteurs doivent par ailleurs se synchroniser sur ces rythmes, sur ces chansons. L’illusion est parfaite, dévoilant le résultat d’une répétition en amont, révélant le fantasme d’un monde qui s’accorde à l’image idyllique que lui donnent les chansons pop. Ce rêve informe est également présent à l’écran lors de la scène conclusive de la crémaillère. Ces méduses-fondus enchaînés qui garrotent les groupes de discussions, assignées par une stridence sonore languissante, figurent la futilité et le malaise du dénouement. Une once de Resnais énigmatique dans ce Resnais démocratique.

Lors de sa sortie en 1997, "On connaît la chanson" m'a littéralement "enchanté". A l'époque j'avais peu vu de films d'Alain Resnais, à part "Smoking/No Smoking" et "Mon oncle d'Amérique", deux de ces réussites majeures. Je suis toujours en admiration devant la légèreté et l'inventivité de ce grand homme de cinéma, qui n'hésitait pas à explorer tous les genres cinématographiques, ici la comédie musicale romantique chorale. Ce film prouvait, en 1997, qu'il savait se renouveler, explorer, proposer quelque chose de nouveau, de totalement différent dans le paysage cinématographique français. Sous une forme plutôt classique au niveau de la réalisation, il y a toujours une filiation évidente avec la mise en scène théâtrale dans ses films -surtout depuis les années 80-. C'est, certes, moins flagrant que "Smoking" ou "Mélo". Mais comme ces précédents opus, peu de tournage en extérieur au profit du tournage en studio composés de vastes décors (l'appartement autour duquel se noue et se dénoue une grande partie de l'intrigue) dont il ne cherche même pas à cacher le côté toc. On y retrouve, également, son trio fétiche Azéma-Dussollier-Arditi, y fait entrer Lambert Wilson (qu'il retrouvera pour 3 autres films par la suite), ce qui "entérine" le côté "esprit de troupe" comme dans une compagnie théâtrale. J'en conviens, cela peu avoir un côté agaçant et routinier, d'autant que dans le film le jeu de Sabine Azéma - "résiste ! prouve que tu existes...."- et de Pierre Arditi - "je suis venu te dire que je m'en vai" - ne s'éloigne pas trop de leur palette habituelle de jeu, qui donne à leurs deux personnages et à leur couple un côté stéréotypé et artificiel peut-être voulu par le réalisateur lui-même. Ils n'en sont pas moins excellents. Par contre celui qui crève l'écran c'est André Dussollier en doux amoureux transi en mal de reconnaissance. Chacune de ses apparitions surprennent ou provoquent une franche hilarité. Il est tout bonnement génial quand, en se fantasmant garde républicain, il entonne Bashung et sont "Vertige de l'amour" ou encore, lors de la réception finale, il entonne "Ma gueule" de Johnny Hallyday. C'est lui le vrai personnage fil rouge du film. Son césar du meilleur acteur est amplement mérité.
L'autre surprise vient du couple Bacri-Jaoui, aux manettes du scénario et des dialogues comme "Smoking...", qui intègre la "troupe". Ce sera leur unique fois. Malheureusement... Car Bacri s'est écrit un rôle en or, surfant sur les clichés habituels de son éternel personnage bougon, en rajoutant la dimension hautement comique de l'angoisse hypocondriaque -"j'ai la rate qui se dilate..."- et sa complicité avec Dussollier est communicative: "avoir un bon copain...".
Enfin, venons en au fait, la chanson et l'utilité du film. Resnais détourne le concept de comédie musicale en utilisant des morceaux de la vieille chanson française ou de la variété française à succès des 60's, 70's et 80's (de Maurice Chevalier à Téléphone). Le fait que les acteurs chantent mais que l'on entendent le son de la voix de l'interprète d'origine surprend d'abord (lors de la première vision) et a pour but de provoquer un décalage comique. Objectif réussit sur ce point. C'est aussi un moyen pour Resnais de rendre hommage à la musique populaire de variété et de lui rendre la place qui lui revient de droit dans le cœur du public, qu'il soit jeune ou plus âgé. Bien sûr le film paraîtra bien vieilli d'ici 50 ans (il l'est déjà), mais le charme suranné que la scénario de Bacri et Jaoui distille, comme au temps des vieilles comédies "musicales" légères et autres vaudevilles-opérettes des années 30 et 40 où Henri Garat, Fernand Gravey, Albert Préjean et Danielle Darrieux triomphaient, fait son effet. Tout est prétexte, l'histoire n'est pas importante en elle-même, l'écriture est enlevée et travaillée, mais rien ne se prend au sérieux, l'important étant de prendre du plaisir et de passer un bon moment et de rire de bon cœur. Dans ce film tout est artifice, il faut donc se laisser mener par une danse un peu vaudevillesque dans l'esprit et qui sous ses airs de fausse légèreté parle beaucoup du mensonge aux autres, à soi, de nos vils tromperies et erreurs humaines, de la remises en question de nos choix passés, que nous ne sommes complices ou victimes que de nos propres illusions et qu'en en prenant conscience on s'ouvre de nouvelles perspectives, plus "enchantées"...

Comme a son habitude, Alain Resnais propose là un concept original qu'il exploite assez bien. Les acteurs, quant à eux, sont tous excellents. Au final, on passe un bon moment, entre rire et assentiment : les situations qui nous sont présentées et les pensées des personnages qui nous sont révélées sont bel et bien des scénarios joués et rejoués par la race humaine, c'est certain.

Ennui, ennui, quand tu nous tiens! Contrairement à ce que j'ai pu lire ici er là, ce film n'est pas une comédie musicale mais un film parlé et chanté. Ce qui au début est rafraichissant et original devient très vite lourdingue. A la fin je n'en pouvais plus de ces petites chansonnettes. Je n'avais qu'une envie: Qu'ils ferment tous leurs g....! Le scénario est très plat, les dialogues banals, la mise en scène fadasse. Les acteurs sont tous très bons certes, mais être bon est le minimum que l'on demande à des acteurs de cette trempe. Au bout de 2 h, je me suis dit: "tout ça pour ça!" ou plutôt devrais-je dire "tout ça pour quoi" (pourquoi)?". Les personnages ont si peu de substance que l'on se moque complètement de qui ils sont et de ce qui peut bien leur arriver. Je pense que les extraits de chansons sont là simplement pour faire Arty/pseudo-intello car soyont franc si l'on enlève les chansons, que reste-il? Rien. Ou plutôt si une chose: de la prétention.

Une comédie musicale savoureuse dans laquelle Resnais nous chante les rêves, les désillusions et les angoisses de la vie, s’appuyant sur sa troupe de comédiens épatants ! 4,25

Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri associés à Alain Resnais produisent une chronique intimiste dont ils ont le secret ; un trio de haut vol pour un enchantement durant deux heures. Si l’on ajoute un casting tout simplement incroyable, on ne peut être que séduit.
Ce film parle de l’usure des sentiments, des faux semblants, du mensonge des apparences sur un ton léger et plein d’humour mais teinté de mélancolie ; la marque de fabrique du duo scénariste. Alain Resnais apporte sa touche dès le début avec une fausse piste incroyable dont on ne peut révéler la teneur ; mais qui laisse pantois le spectateur persuadé de s’être trompé de film. Mais la grande originalité de ce banal Jaoui/Bacri est de faire un film chanté, non pas une comédie musicale. A chaque instant surgisse des chansons populaires françaises de toutes époques au beau milieu des dialogues : Joséphine Baker, Alain Bashung, Edith Piaf, Johnny Hallyday, France Gall, Téléphone, Alain Souchon,… Ces pastilles sont soit un simple relais d'un dialogue, mais l’inconscient de tel personnage, l’image mentale de tel autre, voire un commentaire ou critique ironique du film en train de se faire. C’est une véritable diversité d’usage donnant toujours un angle nouveau à ce qui aurait pu être réduit à de la simple technique. Le choix des morceaux est aussi incroyablement juste, toujours dans le tempo et apporte une fraicheur primesautière à l’ensemble.
Voilà pour la frivolité du film, après c’est du théâtre de boulevard avec ses quiproquos, ses tromperies,… Sans cynisme, le scénario parle tout simplement de la comédie humaine. Jusqu’à un final, lors d’une crémaillère, où tout va voler en éclat et les masques finiront par tomber.
Sept Césars bien mérités pour un film profond mais très drôle avec un Resnais exposant Paris aussi joliment que son homologue américain Allen magnifie Manhattan. Un film incontournable…
tout-un-cinema.blogspot.com

pour passer un bon moment en tant de pandémie, rien de tel que de revoir ce bon cru de Resnais. Les chansons parfois veillottes ne plairont pas à tout le monde, mais le ballet des sentiments est finement joué et la créativité de mise en scène et de montage est indéniable. TV3 - janvier 2021

Une très agréable comédie servie par des comédiens au meilleur de leur forme. L'idée d'inclure des chansons célèbres pour remplacer certains dialogues est vraiment réussie et cela fonctionne bien.

C'est toujours un délice que de regarder "On connaît la chanson", oeuvre totalement originale dans le cinéma français. Je reste étonné que le concept (qu'Alain Resnais avait lui-même emprunté) n'ait pas depuis été copié et remixé (alors que celui de mettre des personnages dans la peau d'autres est reparti de plus belle encore récemment). Mais c'est tant mieux. L'intrigue vaudevillesque est plaisante, les comédiens épatants et la playlist suffisamment large et populaire pour que tout le monde y trouve son compte. J'adore et continue d'adorer. Culte.

Un vrai plaisir de revoir ce Bacri jaoui. Extrêmement bien écrit, bien dialogué et des acteurs au top avec cette géniale idée farfelue de faire chanter en play back les personnages sur des aires de variétés. Une fraîcheur dans sa mise en scène et un montage rythmée. Une vraie friandise !

Les chansons sont intégrées avec réussite dans cette agréable comédie... On aime voir cette galerie de caractères qui s'entrecroisent avant d'être tous réunis pour la fin du film. Une fin qu'on trouve malgré tout un peu longue, même si elle sert à résoudre bon nombre de malentendus.

parsemer dans une histoire des extraits de tubes chantés en play-back par les acteurs, il fallait oser. Resnais l'a fait en beauté. Des formules un peu débiles, mais indélébiles comme "Résiste, prouve que tu existes !", "Quoi ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?"... Johnny Hallyday dans la bouche d'André Dussolier ou France Gall dans la bouche de Sabine Azema, ça vaut le détour ! Partie de cache-cache entre artifices et vérité, le film met en scène des gens empêtrés dans leur recherche du bonheur. Là ou les illusions se bousculent au portillon... Culpabilité, hypocondrie, dérpéssion : mine de rien, Alain Resnais fait émerger de sacrées névroses. Mais son art tient à sa manière vive d'aller à l'éssentiel avec une légèreté souveraine, sans jamais quitter le quotidien. Les chansons jaillissent comme des bouffées de vérité, fugaces et profondes à la fois. Son immensse talent, c'est de joindre audace et générosité. De faire rimer expérimentation et pur divertissement, modernité et classicisme, avant-garde ludique et spectacle populaire.

Scénarisé par les "Jabac", cet hommage à la comédie musicale incorporant des extraits de chansons de variétés aux dialogues toujours aussi ciselés du célèbre duo est un grand moment de drôlerie et de fraîcheur servie par une brochette d'acteurs au sommet magistralement dirigés par le talentueux Alain Resnais. Une petite merveille.

Comédie sentimentale à la française, ce film pétillant, malicieux est d'une grande originalité. Alain Resnais utilise un procédé inédit, celui de mettre dans la bouche des personnages à certains moments clé, des chansons célèbres du répertoire français correspondant à la situation ressentie par le personnage..ces chansons restant interprétées par le chanteur ou la chanteuse habituelle...Les acteurs y sont tous très bons, voir excellents pour certains : Dussolier, Azéma, Bacri, Jaoui, Wilson...

Un bon petit film français. Il a pris un coup de vieux mais ces petites histoires avec des portraits psychologiques pas si bebêtes font réfléchir. De plus les histoires d'amour qui finissent bien, ça fait du bien !