de toute la musique que j'aime, s'il n'y avait qu'un album à retenir, que je n'ai cessé d'écouter, de réécouter toutes ces années, qui m'enivre toujours autant et me semble indémodable, c'est bien le Chapter One Latin America de Gato Barbieri.
Il y donne à un jazz en fusion les couleurs inaltérables de son folklore local. Car la World Music telle qu'on a pu l'idolâtrer des décennies plus tard, Gato fut le premier à lui a donner un corps et une âme. Cette formidable et revigorante transgression (musicale, politique) qu'y propose sa musique dédaignant obstinément le patronage encombrant du jazz nord américain et de son blues sorti des champs de coton, il est allé la puiser dans ses racines argentines, andines, à une époque où la dictature sud-américaine (instrumentalisée par le Nord) n'était pas denrée rare.
Il est aussi à ma connaissance le seul avec Pharoah Sanders et Albert Ayler à avoir soufflé son âme rauque et dissonante et imparfaite dans cet instrument qui par moments s'échappe entre les notes pour atteindre au sublime, au sacré. La Libertad ! La Libertad !
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