Infusée des arômes du thriller coréen, d’un stoïcisme johnwickien et même d’un peu du glauque de Jordan Peel (qui produit le film), Monkey Man, c’est un film somme, témoin de la cinéphilie toute adolescente d’un fils d’immigrés qui rêvait de voir des héros qui lui ressemblent, et qui, à défaut d’en avoir trouvés, a pris les choses en mains. Ou plutôt, aux poings.
A l’image du titre, il y a deux films dans Ici et là-bas. Le meilleur ? Le buddy movie qui confronte le jeune noir français, parfaitement intégré, mais constamment ramené à sa couleur de peau à l’adulescent blanc qui se vit sénégalais. Le moins bon ? Un tour de France des régions qui déroule les stéréotypes (...).
De cette histoire qui a touché une de ses amies, Sonia Kronlund a d’abord fait un podcast puis un livre et ce docu (où la fiction surgit quand des actrices jouent certaines femmes réellement abusées), fruit d’un travail de 7 ans avec un détective privé. Le résultat séduit par son climat de thriller, teinté d’une irrésistible malice.
Au plus près de son sujet dans les moments d’abattement comme dans ceux où l’espoir renaît, Stéphane Carrel signe un documentaire viscéral capable de parler aux spécialistes comme aux profanes. Il y a du Rocky dans ce Resilient man.
En 2022, Damien Manivel a réuni en Bretagne sept ados pour répéter un film traitant du basculement à l’âge adulte, le temps d’une dernière soirée d’été avant que la vie ne les éloigne. Ce projet prévu sous la forme d’un plan séquence n’a jamais vu le jour. Mais il a eu la belle idée de transformer ces répétitions en film qui épouse, plus qu’une pure fiction, le bouillonnement de cet âge combiné à celui de ses jeunes comédiens avides de création.
En moins de deux heures, le film raconte une intrigue complètement délirante (à base de concours de cuisine, de la recette d’un dessert mythique et de guerre entre deux nations) avec des passages très drôles et spectaculaires, d’autres moins inspirés, et ça finit sur un tunnel scato assez surprenant. C’est difficile à résumer, tout ça, mais plutôt très sympathique à regarder.
Si leurs témoignages racontent avec pertinence ce besoin de recréer autrement un lien social désormais aux abonnés absents, c’est par sa mise en scène, cette manière de faire du cinéma avec les codes du jeu vidéo que ce documentaire impressionne.
Et grâce à son fascinant et sensuel duo de comédiens, Hong Xa-bin et Song Joong-ki, cette sombre épopée criminelle – souffrant de quelques longueurs - finit paradoxalement par émouvoir.
John Magaro fait très bien le William H. Macy de poche, Steve Zahn s’éclate en détective à Stetson et bolo tie trop heureux d’être tombé sur l’enquête de sa vie, et Dylan Baker (le pédophile de Happiness) se venge de tous les rôles de sale type qu’il aurait pu jouer chez les Coen si Steve Buscemi ne lui avait pas grillé la politesse.
Faisant un sort aux clichés habituels sur la Corse, Stéphane Demoustier signe un film à la tension sourde où il rend sans cesse crédible et prenante la lente descente aux enfers de cette matonne, peu à peu dépassée par les services de plus en plus importants qu’on lui demande.
Certains artifices sont parfois un peu lourds - à l’instar de cette musique celtique qui nous accompagne pendant la moitié du film -, réjouissants le plus souvent. Ici, la moindre liste de course devient une grande aventure faîte de farfadets et de fées des bois. Autant de périples à hauteur d’enfants qui font la magie du cinéma.
Si ces vignettes remplie de fureur et de chaos sonnent si justes, c’est parce que Civil War a été véritablement conçu comme une sorte de blockbuster pour adultes et qu’il réactive un format de production hollywoodienne à la saveur oubliée, et qu’on pourrait appeler « film du milieu ».
Par-delà les montagnes intrigue d’abord (dans quel film est-on exactement ?), puis se pose pour se terrer dans une maison (prise d’otages à rallonge), là où l’on aurait voulu que ce drame fantastique décolle enfin pour de bon.
Les interprétations de Nadia Tereszkiewicz, exceptionnelle de délicatesse dans le rôle de la femme à barbe, et de Benoît Magimel, parfait en époux angoissé, s’avèrent à ce titre remarquables. Le film se fait par contre plus prévisible au niveau des seconds rôles et de la description des réactions hostiles de la foule.
C’est parfois très efficace mais souvent prévisible, sans exploiter les moments les plus troubles que capte la réalisatrice Arkasha Stevenson (par exemple l’attirance soudaine de l’héroïne pour sa coloc’) dont c’est le premier film.