Le choix de Noée Abita est à ce titre parfaitement judicieux. On a cependant beaucoup moins aimé la naïveté initiale très appuyée du personnage (voire du récit) qui rend la démonstration du film prévisible, un peu morne et sans réelle émotion.
Cette histoire-là est passionnante, incarnée avec une émouvante sobriété par Yvan Attal et Mathieu Kassovitz, les deux frères qui se retrouvent, après tant d’années, dans une forêt canadienne habitée par leurs propres fantômes, comme pour solder quelque chose d’inachevé. De nombreux flash-back nous dévoilent la vie quotidienne des jeunes ermites, au gré d’un montage parallèle parfois maladroit.
On retrouve quelques visages croisés dans les films précédents, notamment celui de Frédéric, qui vit dans un fascinant capharnaüm débordant de livres, de disques et de dessins, et qui nous embarque une fois encore dans des histoires à l’invraisemblable cohérence. Nous n’oublierons aucun d’entre eux.
Pas de folklore ici. Juste un engrenage insidieux qui fait d’un agent de l’État la complice de dangereux truands, par l’entremise d’un jeune ex-détenu au visage angélique. Mais à la détermination glaçante.
Le miroir tendu est si peu déformant. Civil War fait le grand écart entre le drame psychologique et le thriller horrifique, bousculant en parallèle la neutralité du regard, celui de journalistes rendant compte de l’histoire en train de s’écrire chez eux, très loin des contrées en feu qu’ils avaient l’habitude d’immortaliser.
Points positifs, on a trouvé le grand-père (Luis Rego) plutôt attachant et l’ado (Hadrien Heaulmé) bien rendu. Ce dernier ayant un air gêné pendant à peu près tout le film, on s’est facilement projeté.
Récit pudique, lumière et décors magnifiques, discours universel, interprétation d’une densité folle… Autant de qualités qui font regretter quelques écueils, cette sensation que le film n’avance plus, sans que son épilogue parvienne à lui donner l’ampleur espérée.
Pas étonnant qu’Et plus si affinités ait créé la surprise au dernier festival de l’Alpe d’Huez, décrochant pas moins de quatre trophées (prix spécial du jury, du public, d’interprétations féminine et masculine). À réserver aux amateurs. Mais ces derniers ne seront pas déçus.
Un film nihiliste et sensitif, boursouflé aussi, à recommander à ceux qui aiment l’inconfort d’un trip halluciné. Et à ceux qui se demandent s’il faut vraiment sauver cette ville (ce monde) qui ressemble à un cadavre putride.
Le film, complexe, très noir, asphyxiant, coécrit avec Audrey Diwan, trouve sa force dans une intransigeance qui mène peu à peu à la folie et à la destruction. Pour une simple erreur d’interprétation.
Le film intrigue quand même en ce qu’il rehausse son approche classique d’une atmosphère flirtant parfois avec l’épouvante gothique. Le spectateur reste tendu par cette bataille royale assez angoissante.
On adore ce film à la fois modeste et délicieux, drôle, tendre et finalement tellement représentatif des affres de l’adolescence. Avec ou sans canines protubérantes.
Une couche de comédie romantique s’ajoute à ce prix coup de cœur du dernier festival de l’Alpe d’Huez, auxquels des décors singuliers et une bacchanale assez surréaliste donnent une tonalité vraiment plaisante. On regrette juste un final trop convenu, là où on attendait un 20/20.
Il faut accepter la règle du jeu : celle du temps qui passe, du temps des regrets, du temps sans dialogues. Un cinéma à contre-courant pour une romance inachevée qui reste solide sur ses fondations. Par la grâce de ses interprètes aussi.