De bien beaux paysages (islandais, apparemment), deux acteur·rices pas mauvais·es du tout, mais à l’arrivée, un film qui part un peu dans tous les sens et qui manque singulièrement d’inspiration.
Les jeux de lumière, les brillances et la présence récurrente de bokeh contribuent à la formulation d’un réalisme poétique, permettant au film de magnifier ces femmes et éviter tout misérabilisme. En s’écartant d’une image brute et d’une lumière crue, “The Soiled Doves of Tijuana” s’harmonise aux épiphanies de ces femmes et se manifeste comme l’expression d’une hiérophanie filmique.
Pour recueillir les paroles de plusieurs femmes transgenres noires américaines et travailleuses du sexe, D. Smith prend le parti de l’extrême sophistication avec un noir et blanc sublime et aqueux qui nimbe leurs visages fiers, comme pour rendre justice à la flamboyance et à la bravoure de ces interprètes rebelles.
Si l’on ne peut que saluer l’audace et la persévérance de l’entreprise globale de la cinéaste Lillah Halla, la puissance du long-métrage est hélas souvent minée par une omniprésence de sa stratégie narrative, qui ne parvient que rarement à transcender par la mise en scène le cadre extrêmement verrouillé de son scénario.
Film noir et sec, sans gras, court et, malgré sa brièveté, sous influence kechichienne évidente, “L’Enfant du paradis”, titre évidemment ironique, décrit la descente aux enfers d’un enfant en deuil de son enfance et qui n’a jamais vraiment réussi à grandir. C’est du brut. Un beau premier film.
“Fremont” parvient peu à peu, jusqu’à son dernier tiers renversant de beauté, à trouver un équilibre à la croisée des chemins entre Aki Kaurismäki et les premiers Jim Jarmusch. La mélancolie infusée y est jumelée d’une volonté positive : être paumée n’est pas si grave, ou en tout cas pas une fatalité.
Avec autant de colère froide que de minutie, le film décrit implacablement le rapport de force que met en place un ordre institutionnalisé qui, par sa nature même, voudra toujours préserver les intérêts d’une classe dominante au détriment des dominé·es. Parce qu’elle est froidement structurelle, l’analyse du film s’avère ainsi aussi percutante que radicale dans sa visée politique.
Le délitement du récit fabuleux et le glissement de sa matière vers le féminin sont ce qui passionne en premier lieu dans Augure, œuvre foisonnante, insaisissable, sur le mystique comme mode de vie et de contrôle – du corps des femmes notamment.
L’exercice n’a rien d’un ego trip complaisant. Au contraire : Louis revient sur les lieux de sa jeunesse, comme autant d’étapes de son éducation intectuelle, avec une sincérité, une douceur et une tristesse aussi que viennent conjurer ses prises de parole face caméra, fulgurantes d’intelligence et de retournement de pensée.
Via un dispositif formel original, s’impose ici l’accomplissement d’une femme noire dont le tardif succès ne put lui faire oublier la précarité et un pesant patriarcat blanc.
Le film de Wenders n’est jamais aussi gracieux et émouvant que lorsqu’il s’attache à décrire rigoureusement la matière de l’ordinaire, de l’Arte povera mis en images. La caméra semble moins là pour scruter comment la société de consommation nous assujettit que pour révéler la beauté fragile, fugace mais essentielle de ces petits riens.
Itsaso Arana peint la féminité et le déroulement d’un tournage comme une expérience collective qui réconcilie, panse les blessures en même temps qu’elle documente l’existence. Les filles vont bien, c’est une lettre en même temps que le pari de faire des films autrement.
Le dernier rêve de Mandico est ainsi son plus tourmenté, peuplé de succubes, de folies meurtrières, de pactes démoniaques et d’amour impossible. Il laisse cette farouche impression de désordre dans le cœur et dans le ventre, comme la marque qu’une langue de feu noir aurait laissée sur notre peau.
Les personnages de ce film inégal mais bouleversant sont de grand·es blessé·es, des éclopé·es aux cœurs amochés, marqué·es par des stigmates et regardé·es comme d’émouvantes raretés. Des marginaux et marginales qui, le temps d’un film, auront un peu guéri.
Le film est à l’image du personnel encadrant de l’association, plus soucieux de réinsérer les personnes queer à la société – ou au cinéma commercial (c’est pareil) – mais sans prendre le soin de leur laisser la place d’exister autrement qu’à travers des clichés.
“La Venus d’argent”, film travaillé par la question de la mutation et du rafistolage, se trouve pourtant paralysé par un désir de tout assembler, de tout regrouper dans une même image. De ses belles ambitions, le film ne laisse alors que l’effleurement et la confusion de ses intentions.
Si “Poussières d’Amérique” était du côté des rêves et des utopies, cette nouvelle expérimentation en sera autant son miroir inversé que sa face sombre. Débutant aux prémices du siècle dernier, les images traversent les innombrables tragédies du XXe siècle et se noient dans les traumatismes se succédant. C’est la fin de l’innocence, racontée avec une poésie d’une mélancolie désarmante.
Si le film ne semble qu’effleurer les questionnements existentiels et métaphysiques, sa lucidité glaçante lui permet de dégager un tableau final assez subversif dans laquelle l’humanité définitivement abandonnée par les Terrien·nes se retrouve confiée aux robots. Une curiosité extrêmement réjouissante dans le paysage français
Grâce à la parole des êtres humains qui vivent et travaillent sur ou dans ces rivières, il décrit la destruction d’un paysage, sans jamais juger ni condamner personne – même si la puissance de certains lobbys est dénoncée, comme celui de l’hydro-électricité, de la pêche intensive ou de l’agriculture du maïs dans l’estuaire de l’Adour. “La Rivière” est un très beau film.