Si vous pensiez voir une version télévisée du roman de Jules Verne, vous serez déçu, le titre est une publicité mensongère, le rapport entre le roman et la série est minime : le titre, le pari de faire le tour du monde, et le nom des personnages, tout le reste est de l'invention.
Politiquement correct oblige, Passepartout est noir (pourquoi pas ?), et l'inspecteur Fix est remplacé par une miss Fix, fille à papa qui veut jouer les journalistes, et féministe qui aurait plus sa place dans Plus belle la vie que dans une série sensée se dérouler en 1872. Si le Fix du roman a un rôle secondaire, son homonyme en jupon est omniprésente. Le plus surprenant est le personnage de Mr Fogg ; certes il s'agit d'un homme blanc, mais le digne gentleman, archétype du flegme britannique, homme d'action courageux, cède la place à un homonyme complètement falo,t irascible, pleurnichard et trouillard, chaperonné par le valet et la reporteuse.
Dans le roman, le séjour à Paris se limite à aller la gare du Nord à la gare de Lyon, puis en quelques lignes on se retrouve à Suez où les choses sérieuses commencent. Ici notre anti-héros se trouve coincé dans un Paris en pleine émeute post-communarde, et peuplé d'autant de Noirs que le Paris de 2021 ; après avoir sauvé par hasard le méchant président Thiers d'un attentat commis par le frère de Passepartout, Fogg doit traverser Paris par les souterrains et doit son salut à une montgolfière qui échoue piteusement en Italie, heureusement le ballon a eu la bonne idée de s'écraser près d'une voie ferrée, 5 mn avant le passage du train pour Brindisi. Le trio monte dans le train, qui doit traverser un pont en ruine (déjà vu dans je ne sais quel film) afin de pouvoir soigné un enfant blessé, orphelin de mère et tyrannisé par son père, sniff. Pendant ce temps, le gentleman du Reform Club qui a incité Fogg a parier, met tout en oeuvre pour faire échouer le voyage, afin de gagner le pari et éponger ses dettes (ça rappelle la version dessin animé du Tour du monde).
J'attends la suite. Un Anglais sauvant courageusement des flammes une malheureuse femme brûlée par de cruels Hindous, ce n'est pas dans l'air du temps, pourquoi pas un.e transgenre condamné.e à mort par les Anglais ? Bien sûr notre journaliste progressiste prendra la défense des indigènes Indiens ou Amérindiens, refusera de voyager à dos d'éléphant, et pondra un article pour dénoncer les locomotives à vapeur qui contribuent au réchauffement climatique.
Happy end, bien sûr Fogg gagnera son pari (grâce au valet et à la demoiselle), sinon suspense, la fille à papa épousera-t-elle le valet noir ? fera-t-elle un enfant par PMA avec l'aide du beau cheminot italien ? Philéas Fogg fera-t-il son coming out devant le Reform-Club ? épousera-t-il le transgenre Aouda ? Suite aux prochains épisodes ...