Le vrai visage d’Irina
Sur les bonnes bases de la 1ère saison, Alias poursuit sur sa lancée en termes de qualité avec toujours aux commandes le fabuleux J.J. Abrams (qui donnera par la suite naissance à Lost et Fringe). Entouré par une équipe de talents, il est aidé par John Eisendrath, Alex Kurtzman, Roberto Orci et Ken Olin, qui réalise cette saison pas moins de 7 épisodes. La saison précédente avait laissé les fans sur leur faim avec la révélation ultime : non seulement le "Monsieur" est une femme, mais il s’agit d’Irina Derevko, l’espionne russe accessoirement maman de Sydney Bristow. Le public devra attendre plusieurs mois avant de découvrir le visage d’Irina. Le temps pour l’équipe de recruter la perle rare qui prêtera ses traits à ce nouveau personnage mystérieux et complexe. Lena Olin décroche le rôle et donne la réplique à Jennifer Garner dès l’automne 2002.
Des audiences décevantes
Le network ABC mise toutes ses cartes pour la promo du show, multipliant les affiches mettant en scène Lena Olin. "Telle mère, telle fille ? Tel est l’enfer !" Ou "Elle a toujours su que son boulot pouvait la tuer. Elle ne savait pas que son pire ennemi allait être sa propre mère." La campagne très alléchante n’atteint cependant pas les objectifs escomptés. Il faut effectivement préciser qu’en dépit de ses qualités et de critiques très favorables, Alias réalise des audiences guère satisfaisantes pour la chaîne. La saison 1 avait tenu en haleine une moyenne de 9,7 millions de téléspectateurs. Et malgré les efforts, la saison 2 accuse une baisse, se maintenant à une moyenne de 9 millions de personnes.
L’aspect feuilletonnant de la série, avec ses intrigues complexes autour de l'énigmatique Milo Rambaldi, a de quoi rebuter certains téléspectateurs plus habitués à un format "stand alone", où l’histoire est bouclée avec la fin de l’épisode. Suivre Alias aux Etats-Unis se révèle d’autant plus périlleux que sa programmation chaotique ne facilite pas le suivi. Comme pour de nombreux programmes, la chaîne alterne les inédits avec des rediffusions, suspendant même le show pendant plusieurs semaines. La série bénéficie malgré tout d’un noyau de fans qui lui restent fidèles. Mais pour ABC, ce n’est pas suffisant. Le network fait d’ailleurs pression sur J.J. Abrams pour rendre la série moins compliquée, espérant ainsi faire monter le baromètre des audiences. Il abandonne d'ailleurs les cliffhangers de fin d'épisodes dès la 2ème partie de la saison. Serait-ce là le début de la fin d'une série dénaturée par les exigences de quelques responsables ?
L’épisode du Super Bowl
Se plaisant à dérouter le public, Abrams réserve quelques rebondissements au cours de la 2ème saison. Et il emploie les grands moyens à l’occasion d’un épisode spécial diffusé après le Super Bowl, un événement annuel Outre-Atlantique qui garantit chaque année des audiences records. ABC décide de mettre en avant Alias en diffusant un épisode à la suite du Super Bowl. Une belle façon de faire découvrir la série à un large public. Le 26 janvier 2003, l’épisode 13 intitulé "Phase One" séduit 17,4 millions de téléspectateurs. Une excellente performance par rapport aux audiences d’un épisode dit classique. Et pourtant, la pilule est difficile à avaler pour ABC. L’épisode en question ne retient que 19% du public du Super Bowl. Soit le plus mauvais score depuis 1987 pour un épisode post-Super Bowl. Abrams avait pourtant fait le nécessaire pour scotcher le téléspectateur mâle devant son écran. Lors de la scène d’introduction, une Jennifer Garner plus sexy que jamais dans des sous-vêtements rouges flamboyants entraîne le public dans de nouvelles aventures des plus palpitantes. "Phase One" marque un véritable tournant au sein de la série avec la destruction du SD-6 et de l’Alliance des 12. Autre moment fort de l’épisode, le premier baiser échangé par Sydney et Vaughn, qui peuvent enfin laisser libre-cours à leurs sentiments. Le SD-6 hors course, la jeune femme n’a plus besoin de jouer les agents-double. Elle serait même tentée d’abandonner la carrière d’espionne, si son envie de mettre Sloane derrière les barreaux n’était pas aussi féroce. Et l’introduction d’un espion-sosie à la place de la meilleure amie, Francie, relance aussitôt l’intérêt du téléspectateur. Cette nouvelle direction permet de donner un second souffle à la série et éviter de tourner en rond. Il est intéressant de voir les réactions de Dixon et Marshall, blessés d'avoir été si longtemps floués. Et Sydney peut enfin jouer cartes sur table et déclarer une guerre ouverte à Sloane.
Une série addictive
Brillamment maîtrisée, l’écriture d’Alias mêle habilement l’action avec une charge émotionnelle omni-présente. Les personnages gagnent en profondeur au fil des épisodes. Et la relation entre Sydney et sa mère joue sur l’ambiguïté et les faux-semblants, le tout porté par l’excellente prestation de Lena Olin. Le double épisode "Double jeu" entraînant la famille Bristow dans une aventure épique est l’un des plus marquants de la saison. La palme revient évidemment au dernier épisode de la saison 2 avec son cliffhanger des plus inattendus. Toujours imprévisible, J.J. Abrams a le génie de réserver des rebondissements aux moments où l’on s’y attend le moins...
Alias, c’est aussi les diverses missions qui amènent Sydney aux quatre coins du globe dans les tenues et identités les plus extravagantes, prétextes à de nombreuses scènes de combat. Et peu importe la vraissemblance pourvu que l’ivresse du voyage soit au rendez-vous !
Des guest-stars de choix
Alias réunit toute une galerie de guest-stars impressionnantes ! Apparu dans un épisode la saison précédente, Terry O'Quinn (le futur John Locke de Lost) devient récurrent dans la saison 2. Il y joue Kendall. le chef de la Division de la CIA. David Anders prend lui du galon cette saison, Sark devenant régulier. Amy Irving, la défunte épouse de Sloane, et Patricia Wettig (la psy de Sydney et épouse à la ville de Ken Olin) sont également présentes cette saison. En effectuant un rapide tour d'horizon, la saison 2 accueille ni plus ni moins que Faye Dunaway, Rutger Hauer, Ethan Hawke, Olivia d'Abo, Christian Slater, Derek de Lint et David Carradine. De quoi donner le tourni, non ?
Le "cliffhanger de la mort qui tue"
Pour "Risque maximum", le dernier épisode de la saison, J.J. Abrams avait prévu une surprise de taille. L’épisode semblait se conclure à l’issue d’un redoutable combat au corps à corps entre Sydney et le double de Francie démasqué. Or, dans la scène suivante, la jeune espionne incarnée par Jennifer Garner se réveille dans une rue de Hong-Kong. Elle contacte aussitôt la CIA pour une extraction. Quand Vaughn arrive sur place, elle apprend que deux années se sont écoulées. Et que celui-ci, la croyant morte, a épousé une autre femme. Un rebondissement qui soulève de nombreuses questions et s’avère être l’un des meilleurs cliffhangers de série ! Un cliffhanger comme Abrams en a le secret…
Rien qu'au cours des trois premières saisons, la série voit défiler une longue liste de guest-stars. On y compte rien de moins que Quentin Tarantino, Roger Moore, Faye Dunaway, Rutger Hauer, Ethan Hawke, Christian Slater, David Carradine, Justin Theroux, Djimon Hounsou, Arnold Vosloo, Ricky Gervais, Griffin Dunne, Vivica A. Fox et Isabella Rossellini. Les deux dernières saisons proposent également leur lot de stars avec notamment Sonia Braga, Michelle Forbes, Jason Segel, Amy Acker, Elodie Bouchez, Patrick Bauchau ou Kelly MacDonald.
La diffusion de la saison 4 sur le network ABC à la rentrée 2004 avait été repoussé à janvier 2005, permettant ainsi à J.J. Abrams de se concentrer sur le lancement de Lost et de programmer ensuite Alias de janvier à mai sans les habituelles interruptions qui ne facilitent pas toujours le suivi d'une série.
En effet, sur les principaux networks aux Etats-Unis, diffusées généralement de septembre à mai à raison d'un épisode par semaine, les séries voient souvent leur diffusion interrompue le temps de quelques semaines par des rediffusions ou des épisodes inédits d'un autre programme. Un procédé qui permet de tenir jusqu'au Season Finale qui conclut la saison au mois de mai.
Alias a donné lieu à un jeu vidéo où l'utilisateur dirige l'héroïne dans ses missions. Aux manettes de son PC ou de sa console, le joueur doit lutter pour sa survie en se déguisant et en relevant des challenges très difficiles. Le graphisme et le scénario retranscrivent fidèlement l'univers d'espionnage de la série télévisée, et les acteurs eux-mêmes ont prêté leur voix aux personnages.
Réalisateur et producteur exécutif de la série, Ken Olin était auparavant acteur sur des séries comme L.A. docs et Falcon Crest. Le temps de trois épisodes de la saison 1, il tient le rôle de David McNeil, l'informaticien emprisonné qui fournit des infos à Will.
Son épouse à la ville, la comédienne Patricia Wettig, obtient également un rôle récurrent dans la série : celui de la psychologue de la CIA : le Dr Judy Barnett.
Révélée dans le rôle de Sydney Bristow, espionne à la CIA, dans Alias, Jennifer Garner a été contactée par la vraie CIA pour tourner une pub et promouvoir l'agence auprès de futures recrues. L'actrice a accepté, malgré la polémique autour du mélange fiction/réalité provoquée par cette décision.
Le mystère du lien entre J.J. Abrams et le 47, repérable à plusieurs reprises dans ses deux séries phares, Alias et Lost, les disparus, n'a jamais été résolu. Le réalisateur a toujours refusé d'expliquer clairement pourquoi il avait choisi ce nombre. De fait, de nombreuses théories ont vu le jour : 1947 comme l'année de naissance de la CIA ? Ou doit-on y voir une référence à Star Trek ?
Milo Giacomo Rambaldi est un personnage fictif d'Alias , mais J.J. Abrams l'a créé en se référant à Nostradamus et Leonard de Vinci. Par ailleurs, le manuscrit dont les principaux protagonistes tentent de s'emparer s'inspire du manuscrit de Voynich écrit entre 1450 et 1520 dans un alphabet inconnu.
A cause de son emploi du temps surchargé, Jennifer Garner n'avait pas le temps de tourner les scènes de gros plans sur ses mains. Elle raconte : "Lena Olin, qui joue le rôle de ma mère dans la série, a exactement les même mains que moi ! La plupart du temps, quand on voit mes mains en gros plan, ce sont donc les siennes. Comme quoi elle pourrait vraiment être ma mère..."
J.J. Abrams offre souvent des rôles à ses amis, dans ses films et séries. Quatre acteurs d'Alias avaient notamment figuré au casting de Felicity : parmi eux, Jennifer Garner, Amanda Foreman, Kevin Weisman, ou encore Greg Grunberg. Ce dernier a d'ailleurs aussi participé à Lost, les disparus et M : i : III. Quant à Terry O'Quinn, qui interprétait Kendall, le chef de la Division de la CIA dans la 2e saison d'Alias, il a obtenu l'un des rôles principaux de Lost, les disparus, John Locke.
La perruque rouge que porte Sydney dans le pilote d'Alias est une référence à celle de Lola dans le film allemand Lola rennt. J.J. Abrams avait d'ailleurs repéré la couleur qu'il souhaitait sur la tête d'une jeune fille. Comme ses maquilleurs ne parvenaient pas à trouver le rouge qui lui plaisait, il a retrouvé la jeune fille et lui a acheté une mèche de cheveux afin de reproduire exactement la même pour son héroïne.
Alias a été créée suite aux audiences désastreuses enregistrées par le "Qui veut gagner des millions ?" américain. Ce sont les producteurs d'ABC qui ont fait appel à J.J. Abrams pour aider la chaîne à remonter la pente, en cette période de sérieux déclin. Bien que la série n'ait jamais enregistré de score particulièrement élevé, elle a bénéficié d'un excellent accueil de la presse.