L'âge d'or du cinéma Roumain - Page 2

Peut-on véritablement parler de « nouvelle vague » ? Selon Cristian Mungiu, "il s’agit avant tout d’un terme employé par la presse". Pourtant, c’est indéniable, un courant circule à travers leurs œuvres, qui évoquent l’histoire de la Roumanie, de ses moments les plus difficiles à ses plus belles heures. Mais les ressemblances ne s'arrêtent pas là. Revue de détail :


- Le ton : L’absurde, la dérision, la tragi-comédie caractérisent un cinéma souvent minimaliste. Les personnages décalés, désorientés et le plus souvent au bout du rouleau sont légion, tels le présentateur télé de 12h08 à l'est de Bucarest ou le maire du premier des Contes de l'âge d'or. Le réalisateur de La Mort de Dante Lazarescu, Cristi Puiu raconte d'ailleurs qu'"en Roumanie, une certaine somnolence nous caractérise. Nous sommes des maîtres dans l'art du dialogue de sourds. Ca donne des situations amusantes qu'on retrouve par moments dans mon film."

- Souvenirs : La nostalgie d’une période qui reste gravée dans la mémoire. Les quatres histoires qui composent Contes de l'âge d'or sont des légendes urbaines se passant en pleine période communiste. Le cas de Boogie fait aussi appel aux souvenirs d'un individu comme l'explique le réalisateur Radu Munteanu dans sa note d'intention: "Boogie est une réflexion sur le passé et sur la façon dont nous le percevons quand nous prenons un peu de distance. Nous avons souvent tendance à considérer notre passé comme idéal et, si par hasard, nous sommes amenés à le revivre, la déception est grande…"

- Les animaux : Ils sont omniprésents : que ce soit des cochons, des vaches, des pigeons, des moutons ou des chêvres, l’animal joue toujours un rôle important, comme s’il était une caricature de l’être humain. La présence du cochon dans Contes de l'âge d'or en est une parfaite illustration.



- Des hommes obstinés : On l’aura compris, les hommes prennent les décisions et gèrent les affaires. Mais pourquoi toujours de manière aussi gauche et obstinée ? Le personnade de Dante Lazarescu est un bon exemple comme le décrit le réalisateur du film : "Son identité n'est pas très marquée. (...) Monsieur Lazarescu fait partie de ces gens têtus qui s'accrochent aux idées fixes et ne veulent pas en savoir plus. Il est arrivé là -avec ses trois chats dans son appartement."

- Hors de Bucarest, point de salut ? : D’où viennent les décisions ? De Bucarest. Qui a toujours raison ? Les habitants de la capitale. La campagne roumaine semble laissée pour compte. Le clivage entre Bucarest et le reste du pays est évident dans La Fille la plus heureuse du monde. Son réalisateur Radu Jude, regrette d'ailleurs les conséquences : "la ville a évolué à travers le temps mais négativement il me semble, à cause de la surpopulation mais aussi des nouvelles constructions totalement chaotiques.".

- Refus de l'esthétisme : sur le plan cinématographique, les points communs sont nombreux : recours à la caméra à l’épaule ou plans fixes, peu d’ellipses, une musique traditionnelle très présente et aucune exacerbation des sentiments de la part des acteurs. on est dans le registre de l'apparente neutralité, réalité et fiction semblent se confondre. A cet égard, 4 mois, 3 semaines, 2 jours reste le film le plus emblématique.

- Météo : Qu’il neige ou qu’il pleuve, il fait le plus souvent mauvais temps: 12h08 à l'est de Bucarest se passe durant la période de Noël tout comme 4 mois, 3 semaines, 2 jours et La Mort de Dante Lazarescu .

(photo vignette : affiche de 12h08 à l'est de Bucarest)