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    A voir au cinéma : Pas de vagues avec François Civil... Pourquoi ce film en milieu scolaire a ce titre ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Réalisé par Teddy Lussi-Modeste, "Pas de vagues" sort le mercredi 27 mars dans nos salles et fait de François Civil un professeur accusé de harcèlement par une élève. Mais savez-vous d'où vient son titre ?

    Ça parle de quoi ?

    Julien [François Civil] est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d'autres intentions. Julien est accusé de harcèlement.

    La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s'embraser, un seul mot d'ordre : pas de vagues...

    Pas de vagues
    Pas de vagues
    Sortie : 27 mars 2024 | 1h 32min
    De Teddy Lussi-Modeste
    Avec François Civil, Shaïn Boumedine, Bakary Kebe
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    3,9
    Séances (389)

    D'après une histoire vraie

    Si le synopsis de Pas de vagues paraît crédible, c'est parce que Teddy Lussi-Modeste s'est inspiré de sa propre expérience, survenue il y a quelques années dans le collège où il était professeur. Lorsque la conseillère principale d’éducation lui a un tendu une lettre écrite par l'une de ses élèves, qui l'accusait de regards concupiscents.

    "Elle a 13 ans. Les choses s’emballent. Un de ses grands frères me menace de mort", explique dans le dossier de presse celui à qui l'on doit aussi les films Jimmy Rivière et Le Prix du succès. "Un autre l’amène porter plainte contre moi. Je refuse de me mettre en arrêt car j’y vois bêtement un aveu de culpabilité. Je sors chaque jour du collège en me demandant si on va me casser les jambes."

    Chaque pas dans un couloir du collège, chaque regard posé sur un élève, chaque doigt levé, devaient devenir l’enjeu d’un dérapage, d’une violence

    "Je vis dans la peur et la honte – la culpabilité aussi : je ne veux pas que les collègues qui m’escortent jusqu’au métro soient agressés par ma faute." Au moment d'adapter sa propre histoire dans un film, Teddy Lussi-Modeste opte cependant pour une forme plus cinématographique en épousant celle du thriller.

    "La menace devait gronder, autour de Julien, et en Julien", explique celui qui a surtout cherché à retranscrire les émotions qui le traversaient à cette époque. "Chaque pas dans un couloir du collège, chaque regard posé sur un élève, chaque doigt levé, devaient devenir l’enjeu d’un dérapage, d’une violence"

    Pourquoi ce titre ?

    S'il renvoie à la manière dont les collègues et supérieurs du personnage principal veulent calmer le jeu, le titre Pas de vagues évoque également autre chose. Ce hashtag apparu sur les réseaux sociaux en 2018, après la mise en ligne d'images choquantes d'un élève tenait sa professeure en joue avec une arme factice.

    Le #PasDeVagues est depuis devenu le symbole d'un mouvement de libération de la parole des enseignants : "La souffrance était trop grande depuis des années. Les professeurs avaient besoin de dénoncer la violence qu’ils subissaient au quotidien et le silence de leur hiérarchie face à cette douleur."

    Ad Vitam

    "En lisant la presse, on se rend bien compte que les professeurs sont peu ou mal protégés par leur institution qui a paradoxalement construit au fil des années sa propre fragilité… Aujourd’hui, les professeurs parlent et c’est important de les écouter."

    Une bande-annonce qui a fait des vagues

    Une parole qui s'est heurtée à un tout autre obstacle, en ce début 2024 : lorsque la bande-annonce est révélée, au mois de février, le cinéma français est mis face à ses responsabilités alors que Judith Godrèche vient de porter plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viols sur mineurs.

    Les professeurs avaient besoin de dénoncer la violence qu’ils subissaient au quotidien et le silence de leur hiérarchie face à cette douleur

    Une actualité qui vaut à la bande-annonce de Pas de vagues et son histoire de professeur accusé par une élève des critiques quant au fond de son récit et le message qu'il pourrait envoyer vis-à-vis de la parole des victimes. Un mois plus tard, le résultat est sur le point de sortir en salles et prêt à être vu dans son ensemble pour, peut-être, dissiper un malentendu.

    En montrant que son sujet, l'accusation dont le personnage principal est victime, sert surtout de point de départ à un récit montrant l'état du système d'éducation en France. Ou la manière dont la crise est gérée par ses collègues.

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