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    "Rois et reine" : Desplechin au tribunal

    Hier lundi, devant le TGI de Paris, Marianne Denicourt a poursuivi Arnaud Desplechin, qu'elle accuse de s'être inspiré de sa propre vie pour le film "Rois et reine", afin de lui nuire.

    Le 7e art en procès. A l'heure où les spectateurs se livrent au jeu des sept erreurs, en comparant les personnages de L'Ivresse du pouvoir de Chabrol aux protagonistes de l'affaire Elf, cinéma et réalité se confrontent à travers un autre dossier qui ressurgit, cette fois, devant la justice. L'actrice Marianne Denicourt a en effet pousuivi, hier lundi, devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, le cinéaste Arnaud Desplechin, l'accusant d'avoir exploité des épisodes douloureux de sa vie privée pour son film

    Rois et reine.

    Le film d'Arnaud / la vie de Marianne

    Rappel des faits : en décembre 2004 sort en salles le quatrième long métrage de Arnaud Desplechin, Rois et reine, tragi-comédie plébiscitée par la critique, couronnée par le prix Louis-Delluc, qui récoltera un joli succès public (plus de 500 000 entrées) et vaudra un César du Meilleur acteur à Mathieu Amalric. Celui-ci a pour partenaire dans le film Emmanuelle Devos qui incarne Nora, un personnage dans lequel se reconnaît Marianne Denicourt, comédienne qui fut, au début des années 90, la compagne du cinéaste, et un des piliers de la "famille" Desplechin, à travers ses rôles dans La Vie des morts, La Sentinelle et Comment je me suis disputé.... La jeune femme reproche au réalisateur d'avoir voulu lui nuire en exploitant à l'écran des moments difficiles de son existence (le suicide du père de son jeune fils, la mort de son propre père). Elle le fait savoir en publiant dès janvier 2005 un opuscule cinglant intitulé Mauvais génie (co-écrit par la journaliste Judith Perrignon), portrait au vitriol du cinéaste, rebaptisé Arnold Duplancher, dans lequel on apprend que le rôle de Nora aurait été refusé par plusieurs actrices, dont Juliette Binoche, en raison de ces troublantes similitudes.

    Un préjudice de 200 000 euros

    Hier, devant la 17e chambre du TGI, Me Jacques Bitoun, avocat de la comédienne, a considéré qu'Arnaud Desplechin avait voulu "prélever sa dîme de vampire créateur", après sa séparation d'avec l'actrice, qu'il aurait mal vécue. Le magistrat, qui évalue à 200 000 euros le préjudice subi par sa cliente ("tombée malade, pendant un an et demi, elle n'a pas travaillé"), a ajouté que le cinéaste "a déformé la vie de Marianne Denicourt de manière brutale et dure, avec pour objectif de la blesser". Il s'est appuyé sur plusieurs témoignages, dont celui d'un autre compagnon de la comédienne, Daniel Auteuil, selon qui la liberté de l'auteur s'arrête lorsque l'oeuvre "n'a pour autre but que de démolir la vie des êtres humains". De son côté, Me Laurent Merlet, défenseur du réalisateur, a souligné que c'est l'actrice elle-même qui, en publiant un livre, a rendu possible l'identification entre Nora et sa propre vie. Selon lui, elle n'apporte pas "la preuve que les spectateurs, en sortant du film, pouvaient se dire: "Mais c'est la vie de Marianne Denicourt !"" On connaîtra le 3 avril la décision du tribunal public.

    Julien Dokhan avec AFP

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