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    Décès du réalisateur et producteur Claude Berri

    Le grand réalisateur et producteur français Claude Berri est décédé ce lundi 12 janvier 2009, à l'âge de 74 ans, des suites "d'un accident vasculaire cérébral". Il était l'une des plus grandes figures du cinéma hexagonal.

    "Je remercie Claude Berri... comme tout le monde !". On se souvient de cette plaisanterie lancée par Coluche lors d'une cérémonie des César, en référence à la place centrale qu'occupait dans le cinéma français celui qu'on qualifiait parfois de "dernier nabab". Claude Berri est décédé ce lundi 12 janvier 2009, à l'age de 74 ans, des suites "d'un accident vasculaire cérébral".

    On lui doit plusieurs grands succès du cinéma hexagonal, aussi bien comme metteur en scène avec Tchao Pantin, Jean de Florette que comme producteur avec L'Ours, Mission Cléopâtre ou tout récemment Bienvenue chez les Ch'tis. Ces dernières années, il consacrait une grande part de son temps à sa passion pour l'art contemporain, sans jamais délaisser le septième art -la semaine dernière, il était encore sur le tournage de ce qui aurait dû être sa prochaine comédie, Trésor.

    Un passionné de théâtre

    Issu d'une famille juive ashkénaze, Claude Langmann se destine à une carrière de fourreur, le métier de son père. Mais l'adolescent, amoureux de théâtre , se tourne vers le monde du spectacle. Elève au cours Simon, il fait sa première apparition à l'écran dans Rue de l'Estrapade de Becker en 1953, et trouve quelques petits rôles au cinéma et sur les planches. Mais Claude Langmann -devenu Berri- tarde à devenir une vedette, et décide au début des années 60 de produire une pièce de théâtre de François Billetdoux,

    Le Comportement des époux Bradbury, qui se révèle un échec cuisant.

    Des oeuvres autobiographiques

    Après avoir travaillé avec Maurice Pialat -son futur beau-frère- sur le film Janine, Claude Berri réalise en 1962, à partir d'une histoire lue dans un journal, Le Poulet, court-métrage qui décroche un Oscar et un prix à Venise. Il devra toutefois attendre cinq ans pour tourner son premier long, Le Vieil homme et l'enfant avec Michel Simon. Succès public, ce film inaugure une série d'oeuvres autobiographiques, le plus souvent interprétées par le réalisateur, qui relate avec tendresse et humour différents épisodes de sa vie : son adolescence (La Première fois, 1976), ses relations avec son père (Le Cinema de papa, 1970), son service militaire (Le Pistonné, 1969), ou encore sa découverte de la libération sexuelle (Sex-shop, 1972). Désemparé après sa rupture avec Anne-Marie Rassam, sa première épouse, il livre avec Je vous aime (1980) une réflexion sur la vie conjugale.

    "Tchao Pantin", "Jean de Florette", "Germinal", "L'Ours"...

    C'est en finançant ses propres films que Claude Berri se lance

    dans l'activité de producteur avec sa société Renn, que Pathé prendra plus tard dans son giron. A partir de la fin des années 60, il finance de nombreux longs-métrages, en prenant soin d'alterner comédies populaires -il produit la plupart des films de Zidi-, cinéma d'auteur (L' Homme blessé, Trois places pour le 26) et projets hors-normes : Tess, de Polanski (1979), Valmont de Forman (1989), L' Ours et L' Amant d'Annaud. En tant que cinéaste, après quelques films contemporains -en particulier Tchao Pantin, avec Coluche à contre-emploi-, Berri puise dans le patrimoine littéraire et historique français et signe plusieurs oeuvres à gros budget qui font la part belle aux comédiens : le diptyque Jean de Florette-Manon des Sources en 1986, puis Uranus, Germinal et Lucie Aubrac. Acteur à l'occasion, il campe un exhibitionniste dans Stan the Flasher de Serge Gainsbourg (dont il avait coproduit le très audacieux premier long métrage, Je t'aime moi non plus, en 1976).

    Entre Astérix et des films intimistes

    A la fin des années 90, Claude Berri continue d'occuper une place centrale dans le paysage cinématographique : producteur des champions du box-office Les Trois frères, Astérix et Obélix contre César et -en association avec son fils Thomas Langmann- Mission Cléopâtre, il investit aussi dans des premiers films (Ma femme est une actrice, Didier) et des oeuvres saluées par la critique (Les Sentiments). Très affecté par le décès de son ex-femme Anne-Marie puis de son fils Julien Rassam, Claude Berri revient, comme réalisateur, à un cinéma plus personnel : après La Débandade (dans lequel on retrouve son personnage de Claude Langmann), il poursuit son exploration du couple, de la rencontre à la rupture, avec Une femme de ménage puis L' Un reste, l'autre part, film aux accents autobiographiques qui mêle la comédie au drame.

    Producteur de Kechiche et Dany Boon

    En 2003, Claude Berri publie Autoportrait, un récit émouvant dans lequel il raconte sans complaisance son parcours et les épreuves qu'il a traversées (deuils, dépression...).

    La même année, cet amateur d'art contemporain et de photographie est élu président de la Cinémathèque. Victime d'un premier accident cérébral, il devra faire appel à François Dupeyron pour l'aider à réaliser en 2006 son dernier long métrage, Ensemble, c'est tout, l'adaptation du best-seller d'Anna Gavalda, qui connaît un beau succès en salles. Ses deux derniers films en tant que producteur résument bien son éclectisme. D'une part La Graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, projet difficile à monter et finalement couvert de lauriers. D'autre part Bienvenue chez les Ch'tis, rien moins que le plus grand succès de l'histoire du cinéma français. Il venait de débuter le tournage de la comédie Trésor (encore en collaboration avec Dupeyron), et avec Alain Chabat et Mathilde Seigner. Nul doute que lors de la prochaine Cérémonie des César, ils seront nombreux à remercier Claude Berri.

    Julien Dokhan avec la Rédaction d'AlloCiné

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