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    Mystères à Hollywood ! L'affaire du "Dahlia Noir"
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Si Hollywood est une machine à créer du rêve, l'envers du décor est parfois sordide, avec son lot d'énigmes non résolues. Première plongée cette semaine dans les bas-fonds de la cité des anges avec l'affaire du Dahlia noir.

    Si Hollywood est une machine à créer du rêve, l'envers du décor est parfois sordide, avec son lot d'énigmes et d'affaires criminelles non résolues. Cette semaine, première plongée de notre série feuilletonnante dans les bas-fonds de la cité des anges avec l'affaire du Dahlia noir.

    L'affaire Elizabeth Short, alias le "Dahlia Noir"

    Qui était-elle ?

    Comme beaucoup d'aspirantes actrices fantasmant sur l'usine à rêve, Elizabeth Short travaillait comme serveuse en carressant l'espoir qu'Hollywood finisse par la remarquer. En rupture familiale, Elizabeth Short vivote entre pensions, hôtels et colocations. Elle disparait le 9 janvier 1947. Le 15 du même mois, un promeneur découvre sur un terrain vague son cadavre atrocement mutilé.

    L'affaire

    Le corps de la malheureuse était en fait coupé en deux, totalement cisaillé au niveau de la taille, vidé de son sang. Des traces de mutilations étaient également visibles sur la poitrine de la victime; de même qu'une atroce entaille au niveau de sa bouche (comme le Joker; ce qu'on appelle en VO le Glasgow Smile). Des marques sur ses poignets montraient qu'elle avait été attachée et vraisemblablement torturée. L'absence de sang sur les lieux de sa découverte signifiait qu'elle avait été assassinée ailleurs, et transportée jusque sur ce terrain vague. La jeunesse et la beauté de l'aspirante actrice doublé du modus operandi du crime, particulièrement horrible et sadique, attirèrent la Presse comme une nuée de phalènes sur la lumière, pour ne plus lâcher l'affaire.

    Les théories

    L'affaire du Dahlia noir est sans doute la plus célèbre de toutes les annales criminelles de l'histoire de Los Angeles; plus de 50 personnes avouèrent être l'auteur du meurtre, sans qu'aucune ne soit finalement coupable. La police eut une quantité énorme de suspects, des ex petits amis de la victime jusqu'aux apprentis chirurgiens de la faculté de médecine, qui possédaient à l'évidence les connaissances anatomiques suffisantes pour cisailler ainsi le corps d'Elizabeth Short. Ces pistes ne donnèrent rien.

    Une autre suspecta un temps un certain Dr. Walter Bayley, chirurgien, qui vivait non loin du terrain vague, mais surtout parce que sa fille était amie avec la soeur d'Elizabeth Short. Lorsque Bayley décéda en 1948, son autopsie révéla qu'il souffrait d'une dégénérescence irréversible du cerveau, ce qui aurait pu provoquer des accès de violence susceptibles de dégénérer en meurtre.

    Beaucoup de spéculations, mais peu de réponses satisfaisantes, car aucune preuve formelle...

    Où en est l'affaire aujourd'hui ?

    A l'époque, le tueur suivait l'affaire dans la Presse qui faisait état des recherches menées par le LAPD. Il alla d'ailleurs jusqu'à envoyer le contenu du porte-monnaie d'Elizabeth Short à une gazette de L.A...Largement entrée dans la culture populaire, cette affaire a alimenté une énorme quantité de livres consacrés au sujet, au milieu desquels le Dahlia noir de James Ellroy, paru en 1987 et que Brian de Palma adaptera.

    La théorie la plus récente remonte en 2004. Steve Hodel, détective privé et ancien enquêteur de la police de Los Angeles, publie L’Affaire du Dahlia noir. Il y défend la thèse (plutôt courageuse vu l'accusation...) selon laquelle son propre père, George Hill Hodel, un chirurgien en apparence respectable qui dissimulait en fait un comportement de détraqué sexuel, serait non seulement le meurtrier du "Dahlia Noir", mais également un tueur en série coupable des meurtres de huit femmes seules perpétrés aux alentours de Los Angeles entre juillet 1943 et octobre 1949. Cette année-là d'ailleurs, il fut arrêté pour inceste sur sa fille...

    Amateur d'art et de parties fines, George Hill Hodel avait été lié au photographe Man Ray qui participait à ses soirées folles. Dans son livre, Steve Hodel s'interroge sur le possible rapport entre les mutilations effectuées sur les cadavres et les célèbres photos intitulées Minotaur et Lèvres rouges découpées de Man Ray.

    Les pistes développées par Steve Hodel sont solides. Suffisamment en tout cas pour que James Ellroy lui-même ait accepté de préfacer son livre. Dans sa préface, le maître du polar américain écrit notamment ceci: "maintenant, je sais". Cela ne concerne pas tant les thèses développées par Hodel -le fait d'écrire la préface du livre suffit à montrer que Ellroy adhère à ses théories-. Cette phrase concerne en fait sa mère, morte assassinée le 22 juin 1958. On ne retrouva jamais l'assassin. Or, Hodel évoque la possibilité que le meurtrier de la mère d'Ellroy ne soit autre que George Hill Hodel, son père qu'il soupçonne être derrière le meurtre le plus atroce de l'histoire de Los Angeles.

    A suivre...

     

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