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    Les Temps modernes
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    430 critiques spectateurs

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    Theo
    Theo

    2 abonnés 728 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 mars 2024
    "Les Temps modernes" de Charlie Chaplin est une œuvre cinématographique qui transcende le temps et les générations. Ce film, au-delà de sa dimension comique, est une véritable fresque sociale qui peint avec acuité et finesse les tourments de l'ère industrielle et ses impacts sur l'humanité. Chaplin, avec son génie incontestable, nous livre ici un film muet où le silence parle plus fort que les mots, où chaque geste et expression deviennent un puissant vecteur d'émotions et de messages.

    La performance de Chaplin, incarnant son personnage emblématique de Charlot, est à la fois hilarante et poignante. Il nous fait rire aux éclats avec ses péripéties dans l'usine, où il est tour à tour malmené par une chaîne de montage infernale et une machine à nourrir déréglée, mais il nous touche également en profondeur lorsqu'on le voit lutter contre les affres de la solitude et du chômage. Sa rencontre avec la "gamine", interprétée avec une énergie et une spontanéité remarquables par Paulette Goddard, apporte une dimension romantique et optimiste au film, leur duo devenant un symbole d'espoir et de résilience face aux défis de la vie.

    La mise en scène de Chaplin est d'une inventivité et d'une précision extraordinaires, chaque plan étant pensé pour maximiser l'impact émotionnel et critique du film. La séquence où Charlot se retrouve pris dans les rouages d'une machine gigantesque est à la fois une prouesse technique et une métaphore puissante de l'aliénation de l'homme par la machine. De même, la scène où il improvise une chanson en charabia dans le bar est un moment de pure magie, où Chaplin, en brisant le silence de Charlot, nous offre un éclat de voix inoubliable qui résonne comme un hymne à la joie et à la liberté d'expression.

    Le film est également remarquable pour sa musique, composée par Chaplin lui-même, qui souligne avec justesse et sensibilité les différentes ambiances du film, de la légèreté burlesque aux moments plus tendres et mélancoliques. La chanson "Smile", bien que créée des années plus tard à partir de la mélodie du film, capte l'essence même de "Les Temps modernes" : un appel à trouver la lumière et l'espoir même dans les moments les plus sombres.

    "Les Temps modernes" est un chef-d'œuvre intemporel qui, malgré les décennies, continue de parler à l'âme humaine avec une pertinence et une fraîcheur étonnantes. C'est un film qui, à travers le rire et les larmes, nous rappelle la force indomptable de l'esprit humain face à l'adversité. Chaplin ne se contente pas de nous divertir ; il nous élève, nous inspire et nous invite à réfléchir sur notre monde et notre humanité. Voilà pourquoi ce film reste, et restera à jamais, une pierre angulaire du cinéma mondial, un témoignage brillant de l'art de Chaplin et un hommage à la résilience et à la joie de vivre.
    Louis M.
    Louis M.

    3 abonnés 73 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 janvier 2024
    "Les Temps Modernes" de Charlie Chaplin demeure une œuvre intemporelle et géniale qui continue à captiver les spectateurs avec son mélange unique d'humour, de satire sociale et de tendresse. Sorti en 1936, ce film muet, écrit, réalisé et interprété par Chaplin lui-même, reste un chef-d'œuvre cinématographique salué pour sa pertinence et sa perspicacité.

    L'histoire suit le personnage de Charlot, ou l'ouvrier anonyme, qui lutte pour survivre dans un monde industrialisé en rapide évolution. Le film aborde les thèmes de l'aliénation, de l'automatisation, et de l'impact de la modernité sur la condition humaine. Chaplin utilise l'humour visuel et gestuel pour livrer des commentaires sociaux puissants et poignants.

    La performance de Charlie Chaplin est exceptionnelle. Son habileté à exprimer des émotions complexes sans avoir besoin de mots est remarquable. Charlot devient un personnage emblématique, un symbole de la résilience et de l'humanité face aux défis modernes.

    La réalisation de Chaplin est novatrice pour son époque. Les scènes sont soigneusement chorégraphiées, et l'utilisation du langage cinématographique muet permet une narration visuelle riche et nuancée. Les gags comiques sont subtils et intelligents, tout en portant un message profondément humaniste.

    La satire sociale de "Les Temps Modernes" reste incroyablement pertinente aujourd'hui, soulignant les inégalités et les absurdités du monde du travail et de la société industrielle. Chaplin s'attaque avec humour aux excès de la technologie et aux conséquences déshumanisantes de la modernité, offrant une critique acerbe tout en maintenant un ton léger et divertissant.

    La bande sonore originale, composée par Chaplin lui-même, ajoute une couche supplémentaire d'émotion au film. La célèbre chanson "Smile" est devenue emblématique et résonne encore aujourd'hui.

    En conclusion, "Les Temps Modernes" reste un pilier du cinéma mondial. L'intelligence, l'humour et la compassion de Charlie Chaplin se mêlent pour créer une expérience cinématographique inoubliable. Ce film transcende les époques, offrant une réflexion intemporelle sur la nature humaine et les défis de la modernité. Un classique qui mérite d'être revisité par chaque génération, une célébration de l'art cinématographique et de la capacité de faire rire tout en faisant réfléchir.
    GéDéon
    GéDéon

    54 abonnés 444 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 décembre 2023
    Considéré comme un film culte, « Les temps modernes », réalisé par Charles Chaplin en 1936, constitue une vive critique du monde industriel de l’époque et des conditions de vie difficile d’une grande partie de la population. Avec pour fil conducteur les conséquences de la Grande Dépression, Charlot se met en scène dans une succession de sketches mêlant burlesque, acrobatie et tendresse. Certaines séquences (le travail dans l’usine, le patinage dans le magasin, le service dans le restaurant, etc.) sont absolument ingénieuses. Le ton se veut résolument positif avec un message d’espoir quant à la nature humaine. Bref, un grand classique.
    Fabios Om
    Fabios Om

    35 abonnés 1 264 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 mai 2023
    Je m’attendais à voir un chef d’œuvre critiquant le travail à la chaîne et la société de consommation, d’après les critiques ce n’est que ça, et bien non. Certes cela compose une partie du film, le début, mais ensuite on part dans une aventure somme toute classique chez Chaplin. Du coup le côté chef d’œuvre est à revoir car d’autres films de Chaplin sont de meilleur acabit, le Kid notamment. Une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, sortie en 1936, qui dénonce le tragique d’une époque : les lendemains de la grande crise , Une oeuvre acide, visionnaire, intemporelle, à la mise en scène efficace, pertinente et inspirée. Une satire sociale juste et intelligente, menée tambour battant ! On regrettera malgré tout certaines scènes un peu longues qui nous privent un peu d'amusement. Le film est plutôt un drame plutôt qu'un film comique car si c'est un film comique alors le film ne réussi absolument pas son pari car on rigole pas beaucoup voir pas du tout considère plus cette oeuvre comme un film dramatique et là oui c'est un excellent film mais dans ce domaine dramatique pas comique.
    Alolfer
    Alolfer

    86 abonnés 871 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 février 2023
    Peut-être le meilleur film de Charlie Chaplin ! Un classique à voir et à revoir ! Comme dans la plupart des films de Chaplin, on a de la comédie mais du drame qui est bien amené
    J31frites
    J31frites

    1 abonné 147 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 mai 2023
    J'ai adoré regarder ce film ! Charlie Chaplin est un génie. La couleur et le son ne sont pas utiles finalement. Le noir et blanc muet apporte en fait beaucoup au charme du film. On peut faire des films magnifiques comme celui-là sans. Je ne peux que constater que ce film (qui est quand même âgé de 86 ans) est capable de transporter encore aujourd'hui ! Tout est parfaitement bien raconté, on rit de certaines situations comiques et en même temps le film reste sérieux et porteur d'un message sur les inégalités en 1929 et surtout sur les conditions de vie des travailleurs ! spoiler: Martyrisés par leurs patrons, obligés de travailler comme des animaux jusqu'à en finir fous, rien que la difficulté de trouver un emploi à cette époque !
    Les acteurs sont incroyable et la musique porte le film à chaque instants avec l'utilisation de leitmotiv parfaitement maitrisé et rend le film très émouvant. La musique est finalement une manière de remplacer la voix des personnages et de raconter elle-même l'histoire. L'humour est très brillant même si un peu lourd par moment. Très beau film qui ne vieillit pas et qui se regarde avec plaisir. Un chef d'oeuvre !
    Mido Ban
    Mido Ban

    2 abonnés 82 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 octobre 2022
    Heureux détenteur du poster des "50 films à voir avant la fin du monde", décision a été prise de les regarder par ordre chronologique, le plus ancien étant donc les temps modernes
    Je confirme son statut de film culte, Charlie Chaplin est comme un poisson dans l'eau et près d'un siècle après, il n'a pas du tout mal vieilli !
    Sud fond de sujets économiques et sociaux, les gags s'enchainent et on suit avec plaisir le fil de nos deux protagonistes à la recherche d'un foyer.
    Une comédie qui ravira encore petits et grands
    FrenchTarantino
    FrenchTarantino

    1 abonné 86 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 mai 2022
    Dans la même logique que « Metropolis », les « Temps Modernes » aborde aussi les excès de la société ultra-moderniste et rationaliste américaine.
    Nous vivons une aventure à la fois touchante et burlesque, une aventure parsemée d’allégories et de situations révélatrices de failles dans le système.
    Ce film a tout d’un grand classique.
    Laurent M.
    Laurent M.

    2 abonnés 90 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 janvier 2022
    Incontestablement un chef d'œuvre ! Très bluffant dans le sens ou j'ai pris un plaisir fou à regarder cette œuvre intemporelle (alors que je m'y attendais pas, j'ai voulu le regarder plus par curiosité), moderne (le film est de 1936 bordel !!!!) et j'ajouterais si poétique. C'est juste magique visuellement pour l'époque et en plus ce film à tellement de choses à dire, quelle richesse du récit ! Et ce Charlot, quel artiste ! Du coup, le premier classique d'une longue série de film à voir car en toute modestie, je ne me suis jamais intéressé à ce type de cinéma.
    Alasky
    Alasky

    283 abonnés 3 078 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 octobre 2021
    Un chef d'oeuvre et bien sûr un des plus grands classiques du 7ème art. Charlie Chaplin, ce virtuose devant et derrière la caméra, passe des scènes drôles aux scènes émouvantes, toujours avec une grande maîtrise. La bande originale est magnifique. Un film incontournable et intemporel.
    jean-marie r
    jean-marie r

    2 abonnés 87 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 septembre 2021
    Charlie Chaplin, c'est le dieu du cinéma.
    C'est comme le type de chez Casto qui a 5 stylos à sa blouse : y a pas plus haut.
    On pourrait écrire des encyclopédies sur l'oeuvre de Chaplin, et d'ailleurs on l'a fait.
    Ici, je voudrais juste souligner deux ou trois points.
    D'abord, l'exceptionnelle qualité des acteurs, je trouve, qui lui donnent la réplique (si j'ose dire).
    Ensuite, au-delà du génie, le travail phénoménal qui sous-tend ce film.
    Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage
    Enfin, au-delà de l'acteur de génie, égal du réalisateur, bien avant Belmondo, les qualités physiques exceptionnelles d'un clown acrobate.
    Et ne parlons pas de la musique.
    Chez Chaplin, il y a tout, c'est Dieu.
    Y Leca
    Y Leca

    20 abonnés 903 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 septembre 2021
    Pas le meilleur Chaplin. Le meilleur est dans l'usine ou Charlot se moque du Taylorisme. Le reste est plus un série de sketches mettant en valeur Paulette Godard.
    Sheppard
    Sheppard

    1 abonné 20 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 juillet 2021
    Charlie Chaplin, réalisateur et acteur de génie, les Temps Modernes est l’un de ses films les plus connus. Certes ce filme est vieux, en noir et blanc et sans paroles sauf à certains passages, mais c’est ce qui fait le charme de ces vieux films. Et franchement, les films de Chaplin vieillissent parfaitement bien. J’ai dû le revoir il n’y a pas longtemps, je m’attendais à sourire quelques fois mais pas plus j’ai eu tort. Peu importe quel humour vous préférez, faites moi confiance, ce film vous fera rire un bon nombre de fois. L’histoire quand à elle, on y fait pas forcément attention, mais si on prend le temps de comprendre et analyser chaque détails, on se rend compte qu’elle est bien plus profonde et belle que se qu’on ne croit. Bref, un classique à voir et revoir.
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    111 abonnés 1 577 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 mai 2021
    Ce film, un des plus aboutis de Chaplin, décrit un monde mécanisé dans lequel le grain de sable, c’est l’homme.
    Ce film renvoie aussi à un extrait de « Dans la dèche à Paris et à Londres » de Georges Orwell publié en 1933 qui est terriblement d’actualité un siècle plus tard : « Dans la pratique, personne ne s’inquiète de savoir si le travail est utile ou inutile, productif ou parasite. Tout ce qu’on lui demande, c’est de rapporter de l’argent. Derrière tous les discours dont on nous rebat les oreilles à propos de l’énergie, de l’efficacité, du devoir social et autres fariboles, quelle autre leçon y a-t-il que “amassez de l’argent, amassez-le légalement, et amassez-en beaucoup” »
    Et pour la critique même de ce film phare du cinéma qui conduira en partie Chaplin à s’expatrier en Suisse jusqu’à la fin de sa vie suite à la chasse aux sorcières ; Jim Stark écrit : « En 1911, Franck Taylor, ingénieur économiste, crée l’Organisation Scientifique du Travail (OST) et donne naissance à un courant économique désormais célèbre : le taylorisme. Le scientifique diffuse ses idées selon deux grands principes : la division horizontale du travail qui consiste à supprimer toute tâche intellectuelle aux ouvriers afin qu’ils se concentrent sur le travail manuel et la division verticale qui, elle, attribue à chaque travailleur une tâche spécifique ayant pour but l’accélération et l’automatisation de la production. Séduit par cette thèse, Henry Ford décide de l’appliquer dans ses chaînes de montage automobile. Les profits des usines explosent et le modèle micro-économique est repris par toutes les grandes entreprises. Dès lors, l’homme devient un rouage de la machine capitaliste et doit suivre la cadence sous peine d’être éliminé. Pour éviter tout mouvement de contestation, Ford s’appuie sur les thèses keynésiennes et augmente les salaires, afin d’accroître la demande. Il crée le Five Dollar Day et ses ouvriers deviennent les premiers consommateurs des produits Ford.

    Charles Chaplin a toujours été préoccupé par le sort de son pays d’adoption ; et lorsque la pauvreté envahit les rues pour se mêler à la richesse opulente d’une caste dominante, il ne peut rester muet. 1931 : peu de temps après que la crise a frappé les Etats-Unis, le cinéaste quitte Hollywood et entreprend un voyage de dix-huit mois autour du monde. Lors de ce périple, il rencontre des personnalités telles Gandhi ou Einstein aux côtés desquelles il constate une hausse effarante du chômage et de la pauvreté. Selon lui, la solution à ces dérives passe par une meilleure distribution des richesses et du travail. Il s’approche ainsi des thèses marxistes qui lui vaudront tant d’ennemis aux USA. Lors d’une interview, il déclare à un journaliste : « Le chômage, voilà la question essentielle. Les machines devraient faire le bien de l’humanité au lieu de provoquer tragédie et chômage. » De retour de voyage, il n’a qu’une envie : produire un grand projet qui servira de creuset à ses idées politiques. Après avoir écrit une version définitive de son scénario, d’abord intitulé Les Masses, Chaplin commence un tournage marathon le 11 octobre 1931 qui prendra fin le 30 août 1935 !

    On peut voir dans le changement de titre évoqué plus haut une volonté d’orienter l’œuvre vers le conte et l’éloigner ainsi du drame social pur (la brutalité du titre Les Masses évoque d’ailleurs des ouvrages marxistes tel que Le Capital). On retrouve cette volonté dans la modification de l’épilogue : la jeune fille se retrouvait nonne alors que Charlot était hospitalisé à la suite d’une dépression nerveuse ! Devant ce final dénué d’espoir, l’humaniste Chaplin remet tout en cause et s’attelle à une autre conclusion, plus joyeuse, dans laquelle le couple, bras dessus bras dessous, se dirige vers des horizons lointains.

    Alors que le film s’apprête à sortir, le cinéma parlant a déjà fait son apparition depuis presque dix ans. Peu enthousiasmé par cette nouvelle approche du septième art, Chaplin se contraint malgré lui à faire une tentative sur Modern Times. Des dialogues sont écrits et des essais de voix effectués. Peu convaincu par cette expérience, le cinéaste les abandonne et préfère consolider son film à l’aide d’une musique et d’effets de style, tel le patron de l’usine communiquant ses ordres à travers un écran. Le pari s’avérait donc risqué, mais Chaplin savait très bien que la force de son cinéma résidait dans l’utilisation du muet et préféra remplacer les dialogues par une gestuelle importante de ses personnages, jouant sur des sourires, des larmes ou autres expressions. Néanmoins, Les Temps modernes n’est pas totalement muet : lors d’une scène au cours de laquelle Charlot est engagé dans un restaurant à la fois comme serveur et chanteur, il oublie les paroles de son texte et les écrit sur ses manchettes. Lorsqu’il doit faire entendre sa voix, les manchettes s’envolent et Charlot doit improviser lui-même un texte dans un charabia "pseudo-italianisant". Mélange de français et d’italien incompréhensible, cette fusion de langues rappelle l’espéranto, ce dialecte universel imaginé pour unir les hommes.

    Si Charles Chaplin renie le parlant, il ne néglige pas pour autant ses partitions musicales et compose celle de Modern Times qu’Alfred Newman doit orchestrer. Mais Chaplin ne supporte pas le travail de ce chef d’orchestre et compositeur, qui côtoiera pourtant les plus grands tels que Hawks, Ford ou Lang. Il lui demande sans cesse de modifier ses partitions. Excédé par la somme de travail demandée par Chaplin, Newman quitte la production.

    Ce ne sera pas le seul souci que rencontrera le cinéaste au cours du tournage. La société franco-allemande Tobis portera de graves accusations de plagiat à l’encontre de Chaplin pour avoir volé des idées et des scènes à un autre film sur l’ère industriel, A nous la liberté (1931) de René Clair. La société qui détenait les droits de ce dernier alla jusqu'à réclamer la destruction du film de Chaplin. René clair, en tant qu’admirateur du cinéaste anglais, fut assez gêné par le problème et finalement Charles Chaplin acceptera de payer une modique somme pour se débarrasser à jamais de cette histoire. Chaplin avait sa petite idée sur les propos calomnieux tenus envers son film et mit ceci sur le compte d’une vengeance personnelle.

    Le tournage prit fin le 30 août 1935 et la production le 21 janvier 1936. Il était donc temps de se lancer dans le grand bain des médias et une première mondiale fut organisée au Rivoli Theater de New York le 5 février 1936. S’ensuivirent alors trois grandes projections, respectivement à Londres, Hollywood et Paris. Malheureusement, le film reçut un accueil mitigé, une partie de la presse reprochant à Chaplin une tentative de propagande des idéologies communistes ! Dès le générique le réalisateur affiche ses ambitions, non pas de construire un film consacré uniquement à Charlot mais plutôt de réaliser une satire prenant pour cible le modèle social américain. Ainsi le personnage interprété par Chaplin est un factory worker (un ouvrier d’usine), autrement dit un rouage auquel on a retiré toute forme d’humanité. Chaplin filme les hommes allant chercher un travail à l’usine comme de vulgaires moutons d’un immense troupeau. Ces premières images plantent le décor : les nouvelles aventures de Charlot seront fortement ancrées socialement avec une ambition politique résumée dans ce premier carton évoquant "Un récit sur l’industrie, l’initiative individuelle et la croisade de l’humanité à la recherche du bonheur."

    Cependant, si la critique de Chaplin est violente, elle passe toujours par le rire, l’image symbolique du film étant celle de Charlot dont le corps s’emmêle dans les rouages des machines. L’homme et la machine exécutent un numéro de danse et ne forment plus qu’un tout. La virtuosité que le cinéaste impose lors de cette scène parfaitement chorégraphiée lui permet de dominer la machine à laquelle il impose sa vision et donc ses idées : le système et ses rouages ne sont rien sans l’homme ; une manière pour Chaplin de replacer l’homme en haut de l’échelle sociale. Le spectateur va d’ailleurs beaucoup rire durant tout le film. Ainsi, la séquence où Charlot resserre tous les boulons de l’usine, allant jusqu’à confondre les boutons de la robe d’une femme avec ces mêmes boulons, demeure hilarante. Et pourtant, là encore, le rire se fait jaune car si le gag est efficace, il montre aussi combien les ouvriers sont aliénés.

    Comme souvent dans sa filmographie, Chaplin est accompagné d’une présence féminine, ici l’actrice Paulette Goddard qu’il a rencontrée lors de son voyage en Europe. Celle-ci est présentée comme l’alter ego de Charlot, abandonnée, sans aide et se débrouillant par ses propres moyens. Leur rencontre - lors d’une des plus belles scènes du film - marque le début d’une nouvelle vie : la jeune fille vole un pain, s’échappe puis est arrêtée. Charlot a alors une lueur d’humanité : il se fait passer pour le voleur et prend la jeune femme solitaire sous son aile. Cet événement sert de déclic à un retour vers une forme d’humanité pour "l’ouvrier machine".

    En plus d’être une satire sociale déguisée sous une apparence burlesque, Les Temps modernes s’impose donc comme une très belle histoire d’amour. Il est intéressant de voir comment l’amitié naissante entre les deux personnages grandit au fil du temps pour se muer en idylle. Suite à leur rencontre, ils se retrouveront par le plus grand des hasards. Ce signe du destin les aidera à réaliser cet amour. A partir de cet instant, ils uniront leurs forces et trouveront ainsi le remède à tous leurs problèmes. Charlot et la gamine ne feront alors plus qu’un : elle se nourrit de la faculté de Charlot à se débrouiller, et lui puise dans l’optimisme et la confiance de la jeune femme. Sur ce dernier point, la scène du restaurant est révélatrice : Charlot ne connaît pas les paroles de sa chanson mais devant les encouragements de la gamine, il se met à interpréter ce fameux charabia qui ravira le public. Cet amour prend pleinement forme au final lorsque la gamine, apparemment dépitée, retrouvera son courage devant l’optimisme candide affiché par Charlot, ce dernier allant jusqu’à la faire grandement sourire. « Nous nous débrouillerons », lui dit-il dans un dernier carton qui résume magnifiquement son message d’amour et de partage. »
    tout-un-cinema.blogspot.com
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 374 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mai 2021
    Il est difficile d'analyser objectivement les films de Chaplin car beaucoup d'entre nous les ont vus ou du moins en ont entendu parler depuis leur enfance. Ils font désormais partie de notre bagage émotionnel ou culturel. Les Temps modernes n'est pas un film entièrement muet il y a des bribes de dialogues et des effets sonores mais si vous regardez bien chaque personnage dialoguant (à l'exception de Chaplin lui-même) est tourné en dérision. Même lorsque le clochard ouvre la bouche c'est la seule fois qu'il le fait dans le film les mots sont absurdes défiant la convention naissante selon laquelle le dialogue est obligatoire pour la substance le divertissement et la qualité. Malgré le statut du film comme l'une des plus grandes comédies de tous les temps il est difficile d'ignorer sa composante politique. Dans ses films Chaplin a souvent fait preuve d'une grande méfiance à l'égard de l'autorité et du progrès souvent incarnés par l'élite sociale la police et les riches entrepreneurs. L'ironie du titre du film est donc double. Elle renvoie aux sentiments amers de Chaplin à l'égard de son art moribond mais aussi à la situation critique des classes laborieuses pendant la Grande Dépression de longues heures de travail avec peu de sécurité d'emploi et un maigre salaire tandis que les classes supérieures restent riches et attendent leur heure...
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