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    Ce film fantastique ne ressemble à aucun autre film français ! Nos Cérémonies raconté par son réalisateur
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 2022, "Nos Cérémonies" signe le premier long métrage de Simon Rieth. Un film audacieux et mystérieux qui emmène le cinéma français sur un nouveau terrain. Rencontre avec le réalisateur.

    À seulement 27 ans, Simon Rieth a déjà réalisé six courts métrages et il signe, avec Nos Cérémonies, son premier film. Un conte tragique où l’ennui d’un été se mêle aux expérimentations de deux frères qui s’entretuent pour mieux se redonner vie.

    Nos cérémonies
    Nos cérémonies
    Sortie : 3 mai 2023 | 1h 44min
    De Simon Rieth
    Avec Raymond Baur, Simon Baur, Maïra Villena
    Presse
    3,7
    Spectateurs
    2,9
    Voir via MyCanal

    Cette étrangeté, présentée à la Semaine de la Critique à Cannes en 2022, parvient à se démarquer de ce que propose habituellement le cinéma français. Le metteur en scène mêle le drame au fantastique tout en proposant un récit d’apprentissage. Le tout est porté par deux frères, Raymond et Simon Baur, deux révélations.

    Leur lien de parenté est primordial car la fraternité est l’un des thèmes majeurs du travail de Simon Rieth. Depuis ses débuts, il ne cesse d’explorer ce sujet, inspiré par la relation fusionnelle qu’il entretient avec son propre frère.

    Nos Cérémonies est un projet personnel né dans les souvenirs de ses étés passés à Royan en famille. C’est dans cette ville située sur la côte atlantique que se déroule l’intrigue. Après la mort de leur père, Noé et Tony reviennent dans la station balnéaire et retrouvent un amour de jeunesse, Cassandre.

    Depuis leur plus jeune âge, les deux héros cachent un secret : Tony est capable de mourir et d’être ressuscité par son frère. “Ce rituel est pour moi une métaphore sur l’amour fraternel, explique Simon Rieth. C’est un amour si puissant qu’il dépasse toutes les limites.”

    The Jokers Films

    Pour raconter cette histoire, il décide de s'orienter vers la tragédie grecque. “Je souhaitais partir d’une formule classique pour créer un univers particulier, unique en son genre”, poursuit-il. À l’écran, les couleurs sont saturées, les plans imprègnent instantanément la rétine.

    Je voulais chercher l’éclat, que tout soit trop, détaille le cinéaste. C’est aussi le cas pour les costumes des personnages, je voulais qu’ils ressemblent à des soleils. Il fallait y aller, ne pas être peureux et éviter la retenue.” Simon Rieth cite La Prisonnière du désert de John Ford comme une inspiration visuelle.

    Trouver les acteurs a été l’un des plus grands défis. Le casting a été long - plus d’un an et demi - et, au total, 800 jeunes ont été auditionnés. C’est sur Instagram que le réalisateur a déniché ses perles rares, Simon et Raymond Baur, mannequins de profession.

    J’ai vraiment passé une longue période de ma vie à “tuer” mon frère

    Le lien qui unit ces deux acteurs est réel, impossible à fabriquer et sans le savoir, leur histoire personnelle fait écho au film. Champions d’arts-martiaux, ils ont pratiqué de nombreuses chorégraphies durant lesquelles Raymond Baur, armé d’une lance, “tue” son frère.

    Bien sûr, il ne s’agit que de mouvements réalisés pendant des compétitions, mais j’ai vraiment passé une longue période de ma vie à “tuer” mon frère, raconte-t-il. Le jouer dans un film, c’est étrange.”

    Simon Rieth, habitué à filmer des non-professionnels, a retravaillé son scénario pour être encore plus proche de ses comédiens. Pendant six mois, le trio se rencontre fréquemment pour répéter. De par leur expérience dans le mannequinat, Simon et Raymond Baur trouvent une aisance naturelle devant la caméra.

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    Une confiance mutuelle permet à l’équipe de pousser certaines limites, notamment durant les scènes de violence. “Je me suis posé beaucoup de questions pour savoir comment je pouvais la filmer”, fait savoir le réalisateur. Montrer la mort d’un enfant, une pendaison… Il faut savoir faire preuve de pudeur et ne pas tomber dans l’outrance.

    Grâce à des effets spéciaux réussis et de nombreux stratagèmes invisibles à l’écran, le tour de magie opère. “Je voulais créer des effets avec une esthétique, une vraie identité”, ajoute Simon Rieth. Il va encore plus loin en filmant ces moments intenses en plans-séquences pour accentuer le réalisme des situations.

    Les nombreux instants oniriques qui parcourent le récit sont à l’image du film : poétiques, sensibles et visuellement percutants. Nos Cérémonies permet à Simon Rieth de s’imposer comme un cinéaste à part.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Cannes, en mai 2022.

    Nos Cérémonies de Simon Rieth, au cinéma le 3 mai.

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