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    Non, les Spartiates de Gerard Butler n'étaient pas 300 ! Dans la réalité, ils étaient beaucoup (beaucoup) plus nombreux
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Le film "300" de Zack Snyder résonne comme une ode sanglante au courage et au sacrifice. Mais en réalité, le long métrage s'affranchit de la vérité historique puisque l'armée de Leonidas était beaucoup plus massive.

    Tous les films basés sur des faits authentiques, même les chefs-d’œuvres, ne sont pas exempts d’erreurs historiques, plus ou moins grosses. Est-ce grave docteur ? Non, évidemment. A moins d’avoir une connaissance pointue du sujet, le spectateur en fait facilement abstraction.

    Aussi parce que ces œuvres sont avant tout des fictions, qui ne peuvent prétendre à une exactitude absolue selon les critères d’appréciations propres aux historiens. Ces libertés prises avec l’Histoire le sont parfois pour des raisons narratives, par souci de resserrer une intrigue pour des questions de rythme, la volonté de ne pas perdre les spectateurs en route, etc...

    Parfois, les faits historiques sont sciemment malmenés et déformés, dans la cadre par exemple d’un film de propagande. Mais, au fond, pour Hollywood, "peu importe si ce qui est dit dans le film est vrai" déclara un jour William Goldman, le brillant scénariste des Hommes du Président ; "ce qui est important, c’est que le public pense que c’est vrai".

    Un carnage au défilé des Thermopyles

    Adapté du très fameux roman graphique de Frank Miller, 300 de Zack Snyder est un récit épique de la Bataille des Thermopyles, qui opposa en l'an - 480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse.

    Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie.

    Les corps huilés et les pectoraux bien saillants, Gerard "Léonidas" Butler ses spartiates affrontent donc dans un combat inégal les troupes du dieu Xerxès. Il ne serait pas tout à fait honnête de crier derechef à la trahison historique, dans la mesure où le matériau de base de Snyder est avant tout un roman graphique.

    Warner Bros.

    Qu'importe donc si Xerxès ne se baladait pas avec une suite composée entre autre d'un bossu tendance Notre-Dame (même si Léonidas fut bien trahi par Ephialtès qui informa les Perses d'un passage pour contourner les grecs, baptisé "chemin d'Anopée"). Ou bien d'un bourreau taillé comme un troll des cavernes avec des pinces géantes à la place des mains.

    En fait, c'est au départ un contigent de 7 à 10.000 fantassins grecs, et non juste 300, qui tentèrent de retenir l'armée du roi de Perse Xerxès Ier à l'entrée du défilé des Thermopyles. À la suite d'une manœuvre de contournement, pris sur leurs arrières, la plupart des Grecs abandonnèrent la bataille.

    Au 3e jour de la bataille, ils n'étaient plus que 1700. Seuls les 300 hoplites spartiates commandés par le roi Léonidas Ier, ainsi que 700 soldats des cités de Thèbes et de Thespies, décidèrent de combattre jusqu'au sacrifice. Cela dit, ils tuèrent quand même environ 20.000 perses, selon l'historien antique Hérodote.

    Si vous voulez en savoir plus, on vous suggère de tendre l'oreille et d'écouter l'historien Jean-Marie Bertrand, que nous avions rencontré en 2007, professeur (émérite désormais) d'Histoire ancienne à l'Université de Paris I Panthéon-sorbonne. Autant dire qu'il connait son sujet. Et c'est passionnant. Aouh !

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