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    Hors-saison : "Ce n'était pas une tromperie"... Pourquoi Guillaume Canet a téléphoné à Vincent Lindon ?
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    A l'occasion de la sortie de "Hors-saison", voici cinq choses à savoir sur ce film mélancolique de Stéphane Brizé, porté par Guillaume Canet et Alba Rohrwacher.

    De quoi ça parle ? Mathieu habite Paris, Alice vit dans une petite cité balnéaire dans l’ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c’est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d’années. Puis séparés. Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d’une thalasso, il retrouve Alice par hasard.

    Hors-saison
    Hors-saison
    Sortie : 20 mars 2024 | 1h 46min
    De Stéphane Brizé
    Avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    2,8
    Séances (74)

    Un sentiment de désillusion

    Hors-saison est le dixième long métrage de Stéphane Brizé. Le sentiment dominant au moment où il a pensé à faire ce film est le même qui appartient à tous ses personnages principaux depuis La Loi du marché jusqu'à Un autre monde : la désillusion. Il confie : "Tous ces personnages ont cru en quelque chose, ils avaient toutes et tous une certaine idée du monde et de l’Homme. Et puis, leur regard a été changé après la trahison et l’abandon. Que cela vienne de l’entreprise ou de la famille. Cela représente finalement pas mal d’années à faire intimement le même parcours que mes personnages et donc à prendre symboliquement les mêmes coups qu’eux."

    "J’ai de toute évidence écrit et réalisé ces films pour acquérir plus de clairvoyance. Mais il n’y a pas d’avantages sans inconvénients et la clairvoyance fragilise. J’ai alors eu besoin de questionner ce moment où j’étais épuisé par la colère sur laquelle s’étaient construits ces films."

    Le choix Guillaume Canet

    Stéphane Brizé envisage la fiction comme un documentaire sur les comédiens avec qui il travaille. Le réalisateur explique quant au choix Guillaume Canet pour le personnage de Mathieu : "Ce qui résonne en moi chez Guillaume Canet, c’est son infinie mélancolie. Je l’ai toujours ressenti comme un homme profondément triste avec beaucoup de talent pour le dissimuler. Cela me touche énormément. Guillaume est un être bien plus complexe que ce qu’il semble peut-être être. Il avait en plus l’âge du rôle, le temps qui passe lui va bien et il a une capacité énorme de dérision sur lui-même. C’était essentiel pour accepter de se balader un bon tiers du film en peignoir entre des bains à remous et des enveloppements d’algues."

    "J’ai eu affaire à un acteur d’exception, très simple – c’est important pour moi – très sérieux, très investi et très profond. Il est de ceux qui n’ont pas peur de se laisser emmener dans leur zone d’inconfort et d’insécurité. Avec en face de lui une actrice, elle aussi d’exception."

    Guillaume Canet téléphone à Vincent Lindon

    Avec Hors-saison, Guillaume Canet travaille pour la première fois avec Stéphane Brizé, qui avait pour habitude de tourner avec Vincent Lindon, comme en témoignent leurs collaborations sur les drames Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps, La Loi du marché, En guerre et Un autre monde. Lorsqu'il a été sollicité par Brizé, Canet a téléphoné à Lindon pour éviter tout malentendu. Dans une interview qu'il a donnée à Léa Salamé sur France Inter, il a raconté :

    "J'aime beaucoup Vincent et je l'ai appelé, pas pour m'excuser, mais pour lui dire que j'étais un petit peu... Mais je pense qu'il n'y avait aucun souci, ils ont évidemment parlé entre eux avant. Ce n'était pas une tromperie. Je peux comprendre d'ailleurs l'envie de Stéphane de se renouveler, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne vont plus faire de films ensemble."

    2024 Alamodefilm
    Guillaume Canet et Alba Rohrwacher

    2 décors principaux

    L’hôtel et la station balnéaire ont été pensés comme des personnages à part entière. Stéphane Brizé note : "Dans ce film, les décors ne sont plus seulement envisagés comme des espaces intérieurs ou extérieurs qui accueillent les scènes, mais aussi comme l’expression de la psyché des personnages. Je n’avais jamais vraiment su le faire avant. L’hôtel immense au luxe aseptisé envisagé aussi comme la métaphore de la perfection d’un monde (celui du personnage joué par Guillaume) dans lequel il n’est plus heureux."

    "Et la cité balnéaire endormie envisagée comme une parenthèse dans un cycle. Il s’est passé des choses dans les rues, il s’en passera d’autres bientôt, mais en cette période d’entre deux, c’est le vide. Un lieu sans tumulte qui laisse la place à l’introspection. Qui l’impose même aussi, sans doute."

    Sentiment d’immobilité

    Pour la mise en scène de Hors-saison, Stéphane Brizé a ressenti la nécessité de descendre la caméra de l’épaule du chef-opérateur Antoine Héberlé (à la différence de ses quatre films précédents) pour la poser sur un pied. L'objectif : traduire ce sentiment d’immobilité ressenti par les personnages. Le cinéaste se rappelle : "Il s’agissait d’un côté, pour le personnage de Guillaume, de traduire l’idée d’un écrasement, de le mettre au centre de géographies intérieures et extérieures trop grandes pour lui."

    "L’idée aussi par ces plans d’un décalage sur sa peine et ses doutes pour les rendre à la fois tragiques et dérisoires. Comme les personnages de Sempé semblent perdus dans un monde trop grand pour eux."

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