
Un monument du 7e art…
Le 16 janvier dernier, David Lynch s’éteignait dans sa maison de Los Angeles au terme d’une longue maladie. Il avait 78 ans.
Elephant Man, Blue Velvet, Mulholland Drive… Autant de chefs-d’œuvre qui ont forgé sa légende et lui ont permis de s’illustrer sur la scène artistique internationale, du Festival de Cannes aux Oscars, où le cinéaste fut récompensé d’un prix d’honneur pour l’ensemble de son immense carrière en 2020.
Pourtant, David Lynch n’est pas associé qu’au 7e art. En 1990, bien avant la sortie de longs-métrages tels que Lost Highway, Mulholland Drive ou Inland Empire, le nom du réalisateur apparaissait déjà au générique d’une série télévisée, depuis devenue culte : Twin Peaks.
… dont la sensibilité a révolutionné le médium sériel
Pour la 16e année consécutive, le festival international Séries Mania bat son plein au cœur de Lille. L’occasion pour les sériephiles de découvrir de nouveaux titres en avant-première, de rencontrer leurs idoles, mais aussi d’assister à des conférences absolument passionnantes. Et deux mois après le décès de David Lynch, impossible de faire l’impasse sur l’apport du cinéaste au petit écran. La table ronde Forever Twin Peaks – L’héritage de David Lynch était donc l’occasion de revenir sur le phénomène éponyme lors d’un échange entre professionnels passionnés : le journaliste Olivier Joyard (Les Inrocks), la comédienne Marine Delterme, la musicienne Calypso Valois et le réalisateur Fabrice Gobert. L’opportunité pour eux d’affirmer leur admiration pour le cinéaste, mais aussi son apport à leurs œuvres respectives.

“On se devait, dans un festival comme Séries Mania, de consacrer du temps à l’œuvre séminale qu’est Twin Peaks, explique Olivier Joyard. Sans Twin Peaks, il n’y aurait pas eu Séries Mania. Les séries seraient restées cet objet culturel plus ou moins bien considéré, voire méprisées.
Sans Twin Peaks, il n’y aurait pas eu ces grandes séries qu’on a aimées : le créateur des Sopranos, David Chase, a revendiqué sa dette en disant « Aussi surréaliste et aussi spécifique qu’elle ait pu être, Twin Peaks me semblait plus proche de la vie que n’importe quelle série que je pouvais voir.»”

Souvent définies comme un divertissement populaire, rabaissées au rang de feuilleton, les séries peinaient en effet à attirer l’attention des cinéphiles jusqu’aux années 90. Et si le succès d'œuvres comme Chernobyl ou Severance a été possible, c’est précisément par l'influence de Twin Peaks. Un plan un peu trop long, un peu trop large, un travail presque instinctif sur la bande-originale, le décalage des genres et leur confrontation permanente… Autant de singularités qui ont permis à David Lynch d’arracher Twin Peaks à la mauvaise réputation des feuilletons pour apporter au médium tout entier son héritage cinématographique.
“Quand j’ai commencé à travailler sur ma série, je n’avais pas revu Twin Peaks, raconte Fabrice Gobert, le show-runner de la série CANAL+ Les Revenants. Je n’avais pas besoin de le faire, je sentais que c’était là. Au contraire, j’ai très peu parlé de David Lynch quand j’ai commencé à travailler sur Les Revenants parce que la référence était trop écrasante. Mais l’influence se ressent évidemment, dans le rythme, l’atmosphère, la musique…”
Cinéaste de légende récompensé en 2020 d’un Oscar d’honneur, David Lynch aura également marqué de son empreinte le monde sériel, dont les plus belles créations contemporaines garde encore la trace de son héritage.