Sinners est-il un bon film ? Que pensent les spectateurs du nouveau film du réalisateur de Black Panther avec Michael B. Jordan ?
Laëtitia Forhan
Laëtitia Forhan
-Chef de rubrique cinéma
Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

Ryan Coogler est de retour avec "Sinners", un film d'épouvante dans lequel son complice Michaël B. Jordan incarne des jumeaux. Que pensent les premiers spectateurs du long métrage ?

Cinquième collaboration entre le réalisateur Ryan Coogler et son complice le comédien Michael B. Jordan après Fruitvale Station, Black Panther, Creed et Wakanda Forever, Sinners est néanmoins le premier film d'épouvante du duo.

Film pour lequel Michael B. Jordan tient un double rôle, celui des jumeaux Stack et Smoke. En 1932 dans le Mississipi, alors qu’ils cherchent à s’affranchir d’un lourd passé, les deux frères reviennent dans leur ville natale pour repartir à zéro et ouvrir un club de blues. Mais ils comprennent qu’une puissance maléfique bien plus redoutable guette leur retour avec impatience….

Sinners
Sinners
Sortie : 16 avril 2025 | 2h 17min
De Ryan Coogler
Avec Michael B. Jordan, Hailee Steinfeld, Miles Caton
Presse
3,4
Spectateurs
3,8
Séances (455)

Egalement porté par Miles Caton - qui fait ses premiers pas à l'écran -, Wunmi Mosaku, Hailee Steinfeld, Jack O'Connell et Delroy Lindo, le long métrage est le film le plus personnel du réalsiateur qui s'est inspiré des histoires de son oncle.

Que pensent les premiers spectateurs de Sinners ? Avec 195 notes et 39 critiques à l'heure où nous rédigeons ces lignes, Sinners obtient une note spectateurs moyenne de 3,9 étoiles sur 5.

Un film bien plus complexe qu'il n'y paraît

Les spectateurs ayant laissé un avis positif apprécient la complexité de l'histoire de ce film de vampire, le sous texte sur la ségrégation, le jeu des acteurs, l'importance de la musique et la mise en scène de Coogler.

Ainsi, Aegnor écrit : "Le film est, je trouve, excellent. Coogler nous montre un film de vampire durant la ségrégation aux USA. Le synopsis est intrigant, il faut le dire. Tout d'abord, le casting est très solide et ne comporte aucun faux pas. Chacun porte son rôle à merveille. Les musiques sont superbes et font partie intégrante de l’ADN du long métrage. La cinématographie est excellente, l’action palpitante et le son très bien travaillé, apportant sensualité et intensité aux scènes empreintes de mysticisme.

Warner Bros

L’utilisation de croyances d’Afrique de l’Ouest et le cadre du film apportent un peu de nouveauté dans le paysage cinématographique occidental. On a l’impression de voir La Couleur pourpre avec une touche de fantastique et d’horreur. Personnellement, c’est une réussite. Je recommande grandement."

Pour Ne0n, Sinners est : "Une sorte de Une nuit en enfer de Rodriguez, insufflée au blues. Le réalisateur de Black Panther s’en est donné à cœur joie pour nous exposer son récit et ses sonorités. Les acteurs maîtrisent très bien leurs rôles dans cette Amérique d’après-guerre (la Première) : où les tensions raciales, malgré leur importance, ne débordent pas dans ce récit.

Pour ma part, la sauce a très bien pris. Cette patte artistique m’a scotché sur le fauteuil du cinéma. J’ai pu ressentir une certaine poésie dans certains plans. J’ai adoré la façon dont les antagonistes ont été dépeints, tels un conte que l’on raconte aux enfants pour les effrayer. N’OUBLIEZ PAS DE RESTER JUSQU’À LA FIN DU GÉNÉRIQUE."

Garnierix note le film 5 étoiles et commente : "Ce film ne rappelle rien d’existant au cinéma. C’est un objet indéfini. On est charmé par la reconstitution historique des années 30, par les images aussi, qui sont loin d’être naturelles, même pour les paysages de ce Mississippi (elles sont étudiées, arrangées, envoûtantes, sensuelles).

Warner Bros

Mais le grand moment, c’est la musique (qu’on aime le blues ou pas), cette vibration qui fait vibrer notre être. C’est un personnage à part entière, excellent. Un personnage qui trouve un autre personnage du film avec qui jouer, et surtout avec qui danser : la religion. "Le blues déchire le voile entre la vie et la mort."

Le film est imbibé de religiosité. Noyé, pour ainsi dire, puisque tel est le genre annoncé. À aucun moment ce personnage n’est introduit. Il s’immisce l’air de rien, puis enfle, et finit par prendre toute la place. Il n’a pas de nom, mais il pourrait s’appeler candomblé, umbanda, etc. Il y a (avant le gore attendu et catastrophique) des scènes dansées d’une puissance énorme, des scènes qu’on ne peut vivre que dans des rituels afro-américains où sont convoqués les esprits."

Zola Ntondo ajoute : "Avec Sinners, Ryan Coogler ne se contente pas de réaliser un film – il orchestre une expérience sensorielle et métaphysique. Ce thriller surnaturel, à la fois hommage au blues du Delta et fable horrifique, transcende les genres pour explorer l’âme tourmentée de l’artiste, porté par une mise en scène virtuose et une bande-son envoûtante. (...)

Si Une nuit en enfer de Rodriguez et Tarantino a marqué les esprits par son mélange décomplexé d’action et d’horreur, Sinners opère une transition plus subtile et bien plus troublante. Le film commence comme un drame naturaliste, ancré dans le Mississippi contemporain, avant de glisser imperceptiblement vers le fantastique. L’horreur n’éclate pas – elle s’infiltre, comme une mélodie qui dérive vers une dissonance inquiétante.

Warner Bros

Dans un double rôle magistral, Michael B. Jordan livre une performance électrisante. En incarnant deux frères liés par le sang mais divisés par leurs démons, il explore avec une intensité rare les thèmes de la culpabilité, de la jalousie et de la rédemption. Son jeu, à la fois physique et profondément intériorisé, rappelle les grandes performances tragiques du cinéma classique. (…)

Coogler signe une œuvre profondément originale, où chaque plan, chaque note, semble chargée d’un sens mystique. Un film incontournable pour les amateurs du genre, à la fois cérébral et viscéral, qui confirme Ryan Coogler comme l’un des cinéastes les plus audacieux de sa génération. Préparez-vous à être ensorcelé."

Un film inégal ?

Les internautes ayant laissé des commentaires moins positifs regrettent que l'épouvante ne soit pas assez présente et que la dualité des jumeaux ne soit pas assez travaillée. Ils trouvent aussi le film - qui aborde de nombreuses thématiques - trop confus et inégal.

Selenie du Club AlloCiné écrit : "La reconstitution est vraiment réussie avec un soin certain pour la photographie et l'ambiance très négro spiritual, mais le début est pourtant un peu poussif surtout à cause du choix des jumeaux. En effet, la dualité est un peu inutile aussi bien sur le fond que sur la forme. Mais on adore l'atmosphère suintante du Sud, dans la veine des drames comme "La Couleur Pourpre".

La dimension horrifique apparaît subrepticement, par petite touche comme quelques tâches sur un tableau avant que la tension ne monte d'un cran avec les croyances et les différentes communautés du Delta (du Mississippi).

warner bros.

On n'est un peu interloqué sur une partie de la fête qui fait un melting-pot inattendu et étrange mais non dénué de symbolisme et de style. La dernière partie offre enfin la partie trash attendue, une montée en puissance particulièrement efficace avec de très bons jumpscares, des idées assez savoureuses (danse irish-zombie !), Ryan Coogler signe un film aussi tragique, gore que fun et ce malgré les maladresses finales... ça reste du très bon cinoche."

Pour Caro Cinéma, c'est "Un film surprenant et original. On passe par plusieurs phases, on est un peu déstabilisé car le film mélange énormément de genres différents. La première partie, plus classique et un peu longue, où on finit par se demander : "Ça va partir quand !?"

Puis, il y a la scène de la musique dans le club et on comprend qu'il va y avoir un basculement. On est de nouveau bien pris dans l'histoire. Enfin, ça retombe un peu, on se dit : assez bien. Et là, dernier rebondissement, bien quand même. Si vous aimez le genre épouvante-horreur, c'est une proposition audacieuse, parfois inégale, mais qui mérite d’être vue."

warner bros.

L'homme sans nom commente : "Mélange d'horreur, de comédie sur fond de film social accompagné de blues, Sinners est un étrange film au scénario bien brouillon avec des thématiques très mal développées. La musique nous ouvre quelque moment très plaisant dont une scène sortant complètement du lot de banalité. La fin n'est à n'en plus finir ! Pas une réussite donc, mais on est diverti."

En conclusion

Les spectateurs séduits par Sinners saluent unanimement son originalité et la richesse de son univers. Beaucoup louent la complexité du récit, le traitement en filigrane de la ségrégation raciale, la puissance évocatrice de la musique – véritable personnage à part entière – ainsi que la mise en scène ambitieuse de Ryan Coogler. Le jeu des acteurs, notamment celui de Michael B. Jordan dans un double rôle, est également mis en avant, tout comme l’influence du blues et des croyances afro-descendantes, qui confèrent au film une atmosphère mystique et sensorielle.

Mais si Sinners envoûte, il ne fait pas l’unanimité. Certains regrettent un démarrage lent, une horreur trop diluée ou tardive, et une accumulation de thématiques qui rendent le film confus par moments. La dualité des jumeaux, pourtant centrale, est jugée sous-exploitée, tandis que le mélange des genres – entre drame historique, thriller mystique et horreur – en déroute plus d’un. Résultat : une œuvre jugée audacieuse mais inégale, qui divise par ses partis pris, mais reste globalement saluée pour sa singularité.

Sinners est à voir actuellement en salles.

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