Quatre ans après sa Palme d'or historique pour Titane, Julia Ducournau, qui est seulement la deuxième femme cinéaste à remporter ce prix après Jane Campion, est de retour en Compétition pour le 78ème Festival de Cannes.
La réalisatrice française propose un nouveau film choc : Alpha, dans lequel elle réunit Tahar Rahim - transformé pour l'occasion - et Golshifteh Farahani pour raconter l'histoire d'une fille de 13 ans, nommée Alpha, dont le monde s'écroule lorsqu'elle rentre de l'école avec un tatouage sur le bras.
Cette jeune fille, incarnée par la révélation Mélissa Boros, est rejetée par ses camarades de classe à cause d'une rumeur selon laquelle elle serait atteinte d'une nouvelle maladie contagieuse.
Situé dans les années 1990, dans la ville portuaire du Havre, Alpha s'inscrit dans la continuité du travail de Julia Ducournau de raconter les histoires des personnes différentes et rejetées à travers le body horror, le genre et l'imagerie graphique afin de "laisser entrer les monstres", comme elle l'évoquait dans son discours de Palme d'or.
Alors, que vaut Alpha selon les festivaliers ? Nouvelle expérience viscérale ? Nouvelle chance de Palme d'or ? Ou bien ratage complet pour Julia Ducournau ? Les premiers avis à Cannes suite à la projection officielle du film le lundi 19 mai sont mitigés et survoltés.
Les premiers avis sur "Alpha" au Festival de Cannes, entre standing ovation et malaise
Selon Variety, Alpha a reçu une standing ovation de plus de 11 minutes 30 dans le Théâtre Lumière du Palais des Festivals. Le public était très réactif devant le nouveau film de Julia Ducournau et l'un des spectateurs a même été évacué de la projection sur une civière.
"ALPHA : La métaphore de l'épidémie de sida, inspirée par l'horreur corporelle, est audacieuse, sombre et furieuse, imprégnée d'une tristesse omniprésente et dévastatrice. Sa mise en scène est encore plus aboutie que dans TITANE : puissante mais intime, et d'une poésie inattendue. Un coup de poing émotionnel."
"Je viens de regarder Alpha. J'ai adoré chaque instant. L'œuvre la plus personnelle de Julia Ducournau et un magnifique témoignage de la raison pour laquelle elle est l'une des réalisatrices les plus audacieuses travaillant aujourd'hui."
"Je suis assez impressionnée par ALPHA. Je retiens mes larmes depuis que j'ai arrêté de pleurer en sortant de la projection. J'aurai encore beaucoup à dire une fois que j'aurai bien digéré le film, mais j'espère qu'on ne cessera jamais de parler de Tahar Rahim cette année."
"Il semble que je sois le seul à penser qu'ALPHA de Ducournau est le meilleur film en compétition à ce jour. Une réflexion déroutante sur la maladie et l'addiction, qui fonctionne à merveille scène par scène."
"ALPHA : A+. Ducournau quitte Cronenberg pour piller la tombe de Clive Barker (et le dispensaire d'Aronofsky). Deux largages d'aiguilles incroyablement infernaux, et plus d'aiguilles que de pièges SAW. Un spectateur du Palais tellement intense a eu une urgence (médicale ?) dans un moment relativement calme."
"Je n'éprouve aucun plaisir à affirmer que le troisième long métrage de Julia Ducournau est son plus faible à ce jour. Allégorie évidente de l'épidémie de sida, ALPHA est d'une structure narrative fastidieuse, tout en fourmillant de mélodrame familial et de récit d'apprentissage. Malgré trois interprétations chargées d'émotion et des effets spéciaux convaincants, le film est finalement gâché par un scénario mal ficelé, une mise en scène surfaite et une photographie désaturée et contrastée, à la limite de l'horreur. C'est la plus grande déception que j'aie connue au festival jusqu'à présent, mais pas, je pense, dans le sens voulu par Ducournau."
Le film Alpha de Julia Ducournau n'a laissé aucun festivalier indifférent, ce qui était déjà le cas de Titane il y a quatre ans. A-t-il ses chances pour une Palme d'or ou un autre Prix ? Il faudra attendre la cérémonie de clôture pour le savoir. Le grand public pourra découvrir le film au cinéma dès le 20 août.
La 78e édition du Festival de Cannes se déroule du mardi 13 au samedi 24 mai 2025.
