On a vu Alpha à Cannes 2025... et ce n'est pas Titane 2 : le nouveau film de Julia Ducournau va encore plus vous étonner !
Thomas Desroches
Thomas Desroches
-Journaliste
Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma transgressif, queer, horrifique et les documentaires engagés.

Avec "Alpha", Julia Ducournau fait son retour très attendu au Festival de Cannes, quatre ans après "Titane", Palme d'or en 2021. Que vaut le nouveau long métrage de la cinéaste ? Verdict.

La suite après une Palme d'or et un scandale cannois, c'est quoi ? Depuis Titane, son deuxième film, le retour de Julia Ducournau au Festival de Cannes était très attendu. Beaucoup imaginent, espèrent peut-être, revivre une onde de choc similaire - pour rappel, la grande première de Titane avait suscité plusieurs malaises nécessitant l'aide des pompiers. Mais la réalisatrice et scénariste ne cède pas à la facilité.

Alpha
Alpha
De Julia Ducournau
Avec Mélissa Boros, Tahar Rahim, Golshifteh Farahani
Sortie le 20 août 2025

Alpha - incarnée par Mélissa Boros, impressionnante - est une adolescente de 13 ans. Turbulente, elle rentre de soirée avec un tatouage sur le bras et déclenche un véritable chaos dans sa vie et celle de sa mère (Golshifteh Farahani).

Fin du suspense : Alpha n'est pas Titane. C'est un film totalement différent, qui explore d'autres sujets avec une nouvelle tonalité, beaucoup plus dramatique qu'horrifique. Si Grave et Titane se plaisaient à tester la sensibilité des spectateurs à travers des scènes d'une grande violence, ce nouveau long métrage est davantage tourné vers la tragédie et la poésie.

Tahar Rahim et Mélissa Boros dans Diaphana/NEON
Tahar Rahim et Mélissa Boros dans "Alpha" de Julia Ducournau.

La violence, ici, est celle affligée aux malades - réels ou supposés - alors qu'une épidémie vient semer la panique et la paranoïa dans un monde semblable au nôtre, sans vrai repère temporel ou géographique. Le virus, qui transforme le corps de ses victimes en statues de marbre, n'est pas nommé mais tout nous renvoie au sida, notamment à ses débuts lorsque les personnes contaminées étaient dévisagées, isolées et n'avaient d'autre choix que de mourir cachées.

Le rejet de l'autre

L'un des principaux thèmes du cinéma de Julia Ducournau est le rejet de l'inconnu et il est encore plus central dans Alpha. La réalisatrice met en scène le pire chez chacun d'entre nous - notre tentation à succomber à l'ignorance - avant de sublimer le meilleur - notre capacité à aimer et protéger.

Alpha est un film d'écorché vif portant sur la mort et les traumatismes de la perte, évoquant notamment l'œuvre d'Edgar Allan Poe à plusieurs reprises. Mais il s'agit avant tout d'amour, un amour plus fort que tout et qui transcende la maladie.

Chacun des acteurs livre une interprétation saisissante, au-delà de l'intensité. Tahar Rahim apparaît avec un corps décharné - il a perdu plus de 20 kilos pour le film. "J'avais le besoin d'aller au plus loin", explique l'acteur à AlloCiné lors de notre interview.

Tahar Rahim dans Diaphana/NEON
Tahar Rahim dans "Alpha" de Julia Ducournau.

Golshifteh Farahani est sortie "épuisée" de ce tournage, à un tel point qu'elle n'a rien tourné depuis. Pourtant, elle considère ce film "comme l'un des plus grands cadeaux de [sa] vie". "Julia Ducournau, c'est un monstre de réalisatrice, ajoute la star franco-iranienne. On a de la chance de l'avoir. Elle est immense."

Il est difficile d'imaginer comment Alpha sera accueilli par le public. Le film a ses imperfections et souffrira sans doute d'une comparaison injustifiée avec les deux premiers films de la cinéaste. Néanmoins, il souligne, encore une fois, la singularité d'une autrice à part.

L'existence même d'un film comme Alpha, en France et en 2025, est déjà une victoire. Au public, maintenant, de se détacher de ses attentes et préjugés pour s'imprégner pleinement de cette nouvelle histoire.

Alpha, au cinéma le 20 août prochain

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