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    "Hitman : Absolution", le retour en force et en grâce de l'agent 47

    Mâchoire serrée, regard bleu d'acier, crâne rasé, cravate rouge, code barre tatoué sur la nuque, et costume deux pièces impeccablement taillé : l'agent 47 est enfin de retour aux affaires avec "Hitman Absolution", après six longues années d'absence. Et bon sang que ca déménage !

    Après avoir tenté de marcher -maladroitement- dans les pas de Michael Mann avec leur diptyque Kane & Lynch en 2007 et 2010, le studio danois Io Interactive revient à la franchise qui a fait sa gloire : Hitman. Mâchoire serrée, regard bleu d'acier, crâne rasé, cravate rouge, code barre tatoué sur la nuque, et costume deux pièces impeccablement taillé : l'agent 47 est enfin de retour aux affaires avec Hitman : Absolution, six longues années après un très réussi Hitman : Blood Money. Disons-le tout de go, sans détour : en dépit de quelques réserves, Hitman : Absolution se révèle être un grand cru.

    Merces Letifer, commerce mortel

    Alors que la narration apparaissait fragmentée dans les épisodes précédents, sans forcément de liant entre les différentes missions, les développeurs de Io Interactive ont mis un point d'honneur à poser les bases d'une histoire qui, si elle ne réinvente pas la roue, a le mérite d'être suffisamment accrocheuse pour que l'on ai envie de poursuivre et accompagner l'agent 47 dans sa guerre avec l'International Contract Agency (ICA), son ancien employeur devenu son ennemi mortel.

    Tout commence avec le personnage de Diana Burnwood, agent de liaison de 47 depuis le début des aventures de Hitman. Elle occupe une place importante dans la vie professionnelle de 47. Elle représente ce qui se rapproche le plus d'une relation amicale pour lui. Bien qu'elle ne soit pas censé avoir de contact visuel avec 47, les deux agents se sont rencontrés en de rares occasions, lorsque la situation l'exigeait. A la fin de Hitman : Blood Money, Diana avait même simulé la mort de l'agent 47 pour mieux le ressuciter le jour de ses funérailles. Le chef de division de l'ICA, Benjamin Travis, soupçonne Diana d'avoir trahi l'agence. Après enquête, il décide d'ordonner son élimination. C'est l'agent 47 qui est chargé de la supprimer. Après avoir mené à bien et à contrecoeur cette besogne au cours de la première mission du jeu, qui fait également office du tutorial, 47 se voit confier par Diana avant de mourir la protection d'une jeune fille nommé Victoria. Poursuivi par son ancien employeur à qui il échappe et par une galerie de Rednecks voulant lui trouer la peau, 47 va devoir lutter pour sa survie...et trouver des réponses.

    Le petit Tarantino illustré

    Découpé en chapitres, et eux-mêmes subdivisés en sous parties qui constituent autant de missions, Hitman : Absolution offre des univers très variés, parfois très vastes tandis que d'autres sont nettement plus étriqués : des séquences comme celles du métro ou du Strip Club, absolument géniales et gérant admirablement la foule, en passant par un hôtel miteux de Chicago servant de repaire à la pègre locale, une usine souterraine, un quartier de Chinatown, un motel ravagé après le passage des "Saints", un gang de tueuses chargées de liquider 47...

    La séquence du Strip Club. La gestion de la foule est vraiment impressionnante.

    La mention spéciale revenant à l'environnement de la petite ville du Dakota du Sud baptisée "Hope". Véritable lieu de villégiature de Rednecks, perdue au milieu de nulle part, environnée par le désert, la ville semble sortir tout droit d'un western, et offre un spectacle à l'exact opposé de ce que semble pourtant suggérer son nom. Le temps semble s'être figé, avec ses épaves de voitures des années 50, ses boutiques et sa population crasse. Même la voiture que conduit 47, récupérée après avoir repassé un assassin lancé à ses trousses, semble hors d'âge.

    "Hope", la ville où il fait bon vivre...ou pas. Une Ville inspirée par Twin Peaks selon les développeurs.

    Il faut rendre grâce au boulot abattu par les développeurs, qui ont cherché à donner un look global plus cinématographique à leur franchise. Qu'est-ce à dire ? Aux tons froids et tranchants de l'environnement urbain de Chicago s'oppose le look vintage, très "grindhouse" de la partie du jeu se déroulant dans les environnements de Hope. A ce titre, ils jouent allégrement et par opposition avec les filtres sur les tons chauds, saturant les couleurs, à la manière d'un Tony Scott sur Domino, ou d'un Robert Rodriguez sur Machete. Avec toujours la reproduction d'un léger (mais bien visible) grain cinéma. Un choix esthétique très réussi, qui offre des environnements vraiment superbes, et montrent aussi que le moteur du jeu, le Glacier 2, en a vraiment sous le capot.

    Galerie de Freaks

    Les environnements, c'est sympa, mais quid des personnages ? De ce côté, Hitman : Absolution offre une galerie de Freaks absolument géniaux. Citons par exemple Blake Dexter, bienfaiteur de la ville de Hope et ennemi mortel de 47, caricature même du Redneck, avec sa cravate de Cow Boy et son Stetson. L'oeil torve, la mine patibulaire, et pas franchement propre sur lui (dans tous les sens du terme), il fait furieusement penser à Emmet Walsh, qui campait le personnage de Loren dans Sang pour sang des frères Coen. Sanchez, catcheur d'origine indienne et mexicaine, garde du corps de Blake, est le pendant vidéoludique de Santo, le célèbre catcheur mexicain (la classe et l'intelligence en moins) avec Danny Trejo, pour vous situer le truc.

    "Y'a des tas de trous dans le désert. Et des tas de problèmes réglés dans ces trous..." Non, ce n'est pas Casino, mais Hitman : Absolution.

    Quand aux Shérifs et autres forces de polices, toutes plus pourries les unes que les autres, on songe à Michael Parks, le Texas Ranger de Une nuit en enfer, mais aussi celui qui collectionnait les lunettes de soleil sur son pare-brise dans une petite scène mémorable de Kill Bill...En fait, c'est presque un Who's Who de personnages de cinéma plus tordus les uns les autres, des croisements contre-nature entre le terrifiant Bobby Peru de Sailor et Lula, génialement joué par Willem Dafoe, et Billy Bob Thornton en garagiste demeuré dans U-turn d'Oliver Stone, dont l'univers n'est pas sans rappeler celui de Hope justement.

    Blake Dexter, magnat de la ville de "Hope", pendant vidéoludique du Loren de "Blood Simple".

    Bobby Peru dans Sailor et Lula, qui n'aurait pas dépareillé dans Hitman : Absolution...

    Instinct de survie

    L'univers du jeu est plein de scènes et de personnages vivants. Souvent, écouter leurs conversations, en plus de se payer une bonne tranche de rire, peuvent fournir à l'agent 47 des informations cruciales sur la cible et les circonstances qui l'entourent.  Car dans Hitman : Absolution, fidèle en cela aux opus précédents, vous aurez un très large choix sur la manière de procéder afin d'atteindre vos objectifs, que ce soit au niveau des déguisements, de l'environnement offrant plusieurs voix d'accès, les méthodes d'assassinats...La garantie d'un fort potentiel de rejouabilité.

    Sans compter sur l'ajout de deux nouveautés. D'abord l'instinct. Une sorte de 6e sens, qui se gagne en réalisant des actions pointues comme des tirs à la tête, neutralisations silencieuses, camouflage de corps, etc. Cet instinct permet de recevoir des indices (à niveau de difficulté faible), voir les ennemis et leurs patrouilles (idem), ou encore disparaître et tromper un personnage grâce à un déguisement du même groupe. En tentant d'ailleurs de tromper la vigilance d'un personnage, ce dernier trouvait qu'on lui rappelait quelqu'un. Timothy Olyphant en l'occurence, l'acteur principal de l'adaptation de Hitman au cinéma. Petit clin d'oeil, parmi pleins de Easter Eggs, messages cachés et blagues disséminés dans le jeu par les développeurs. Du fan service 100% gratuit et vraiment sympa. L'autre nouveauté est le "Tir réflexe". Utilisant la jauge de l'instinct, ce tir permet de suspendre le temps afin de marquer des cibles à éliminer rapidement, façon "Bullet Time". Il n'est heureusement pas possible de l'utiliser en permanence, d'autant qu'elle est très coûteuse. A utiliser vraiment dans les cas désespérés donc.

    47 s'apprête à raser de près Lenny, alias "Lenny Patte folle", fils de Blake Dexter...

    Ce qui nous amène à vous suggérer fortement de parcourir Hitman : Absolution en niveau de difficulté "difficile", soit le palier 3/5. En dessous, c'est vraiment se gâcher le plaisir d'évoluer dans les niveaux, rendant l'expérience beaucoup trop facile. Ce palier offre en revanche un bon challenge, et il faudra être habile pour récupérer des situations tendues à craquer. Du reste, on ose à peine imaginer la difficulté aux niveaux supérieurs, "Expert" et "Puriste", vraiment réservés aux joueurs hardcore. L'IA des ennemis sera alors sans pitié, d'autant qu'il n'y aura aucun point de sauvegarde, obligeant à parcourir les niveaux en "One Shot". Sauvegardes qui soit dit en passant nous ont fait arracher quelques cheveux : si vous mourrez et reprenez à une sauvegarde, tous les personnages éliminés auparavant seront là. Vu la difficulté à se frayer un chemin en certains endroits, vous serez bon pour rebrousser chemin et éliminer quelques cibles histoire d'avancer plus sereinement...

    47, le roi du déguisement...

    "L'assassin original" affiche fièrement une des publicités du jeu. Comme un pied de nez soulignant son antériorité face à un autre assassin, issu de l'écurie d'Ubisoft, nettement plus récent. L'agent 47 est effectivement devenu, depuis sa création en 2000, une authentique icône vidéoludique, au même titre qu'une Lara Croft ou un Super-Mario. En tout cas un des rares personnages du monde du jeu vidéo aisément reconnaissables pour les non initiés. Un retour en force pour le héros, et en grâce pour son géniteur Io Interactive, qui offre quelques unes des plus formidables missions de toute la saga Hitman. Vous savez ce qui vous reste à faire.

    Notre Game in Ciné intégralement consacré à Hitman : Absolution

    Olivier Pallaruelo

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