Mon compte
    "Grey's Anatomy" fête ses 10 saisons : pourquoi la série est-elle toujours au top ?

    Cette semaine, "Grey's Anatomy" fête son 200ème épisode, mais également ses 10 ans d'existence. Toujours puissante auprès des téléspectateurs américains mais aussi français, comment a-t-elle réussi le miracle de traverser les années sans lasser... ou presque ? Anatomie d'un phénomène qui dure, qui dure, qui dure...

    Le casting des deux premières saisons de "Grey's Anatomy" face à celui de la saison 10... Il a pratiquement doublé !

    © ABC Studios

    Jeudi dernier, Grey's Anatomy a rassemblé sur ABC un peu moins de 10 millions d'américains (9,6) et un taux de 3.1% sur les 18/49 ans, l'indicateur privilégié par les annonceurs. La série médicale était ainsi leader de sa case sur la cible, un véritable exploit pour un show qui a dix ans d'âge ! En France, sur TF1, si elle est en légère baisse (5,5 millions en moyenne pour la saison 8), elle reste puissante sur les sacro-saintes ménagères en passionnant 42% d'entre elles ! Rares sont les programmes qui veillissent aussi bien. Mais alors...

    POURQUOI "GREY'S ANATOMY" EST-ELLE TOUJOURS AU TOP ?

    Parce que... Shonda Rhimes !

    La créatrice, productrice et showrunner de Grey's Anatomy était une quasi-inconnue avant 2004, elle n'avait alors commis que Crossroads et Un Mariage de princesse, deux films destinés à un jeune public. 10 ans plus tard, elle figure parmi la petite dizaine de poids lourds que compte la télévision aux côtés notamment de J.J. Abrams, Joss Whedon, Kevin Williamson ou David E. Kelley... et c'est la seule femme !

    Prolifique, elle a déjà à son actif deux autres hits : Private Practice, la petite soeur californienne de Grey's Anatomy qui s'est achevée en début d'année, et Scandal, une des séries phares du moment qui passionne de plus en plus de téléspectateurs à travers le monde et qui affole à chaque diffusion les réseaux sociaux. Pour autant, elle ne délaisse pas son premier bébé !

    Ses semaines sont actuellement divisées en deux (sans compter sa vie de famille bien remplie puisqu'elle vient d'adopter son troisième enfant) : les deux premiers jours sont consacrés à Grey's Anatomy, dont elle n'a plus écrit d'épisode depuis le final catastrophe de la saison 8, mais à laquelle elle reste très attachée puisqu'elle est toujours impliquée dans toutes les décisions et directions prises; puis les trois suivants sont dédiés à Scandal, dont elle a assuré l'écriture du final de la saison 2 et du Season Premiere de la 3ème.

    Shonda Rhimes est une working girl (woman) on ne peut plus moderne, à l'image des héroïnes qu'elle a créées, de Meredith Grey à Addison Montgomery en passant par Olivia Pope. Il suffit de lire les quelques interviews qu'elle accorde pour comprendre que ces personnages qu'elle a imaginés, elle les aime comme des membres de sa propre famille et ils lui ressemblent. Tant que Grey's Anatomy pourra compter sur Shonda, Grey's Anatomy tiendra. Une seule inquiétude à l'horizon : si elle décidait d'arrêter la série, ABC pourrait la continuer sans elle. Et là, le Seattle Grace perdrait son âme.

    ---------------------

    Parce que... la formule est toujours efficace !

    Le mélange comédie-drama qui a fait le succès de Grey's Anatomy -et quelques autres comme Desperate Housewives- a souvent été copié mais rarement égalé (Mercy Hospital, Rookie Blue, Chicago Fire ont tenté leur chance avec plus ou moins de succès). Bien entendu, on ne rit plus autant qu'avant. On s'est habitué aux répliques cinglantes de Cristina, aux coups de sang de Bailey et les cas médicaux sont de plus en plus rarement amusants et/ou originaux. Pour autant, la formule reste globalement efficace, surtout au bout de dix ans. Les ménagères désespérées ont attendu beaucoup moins de temps pour tourner en rond et nous lasser.

    On écoute ainsi religieusement les monologues de Meredith qui ouvrent et ferment les épisodes (et on prend plaisir à entendre une autre voix-off de temps à autres); on ne se lasse pas du jeu de miroir -pas toujours subtile- entre les problèmes des patients et les états d'âme de leurs médecins; on se laisse régulièrement surprendre ça et là par une larmichette qui coule lentement mais sûrement sur notre joue avant que l'on ne l'écrase, gênés, parce qu'on s'est fait avoir à nouveau, bon sang; et on cherche parfois partout sur internet le titre et le nom de l'interprète de la chanson qui nous a tant fait vibrer en fond d'épisode. Tout ça, on le fait moins souvent qu'avant, certes, mais on le fait encore.

    Grey's Anatomy nous laisse tout sauf indifférents, quitte à verser dans la déception ou la colère. On se souvient du fantôme de Denny Duquette qui en a fait enrager plus d'un. C'était il y a 5 ans. Les auteurs ne se sont pas laissés abattre. La suite a relevé le niveau. Face à des intrigues qui nous plaisent moins voire qui nous ennuient carrément, il y en a d'autres réussies pour compenser. Si bien qu'encore aujourd'hui, la série reste un modèle d'efficacité, un éternel ascenseur émotionnel.

    Le générique stylisé mais oublié de la série :

    ---------------------

    Parce que... Meredith Grey !

    La trajectoire de cette héroïne autrefois détestée est unique en son genre. Dès le départ, elle était atypique pour un premier rôle, Ellen Pompeo n'étant pas une gravure de mode et qui plus est une totale inconnue pour le public. Elle a été choisie pour sa simplicité, son naturel, ses airs de "Mademoiselle tout le monde". Bref, elle ne faisait pas vraiment rêver et la personnalité de Meredith, sombre, amère ("dark & twisted"), suicidaire même à ses heures perdues, a mis du temps à révéler tout son potentiel. On ne s'est pas attaché à elle instantanément mais petit à petit, au fil des coups durs et des lueurs d'espoir. Elle est si humaine, si réelle.

    En dix ans, celle qui ne faisait que survivre a appris à vivre et a accepté le bonheur. Son évolution est remarquable. Elle a pansé ses plaies, soigné ses blessures et celles des autres, de ses patients à ses amis, à "sa personne", Cristina. Elle a su sortir de l'ombre de sa brillante mais mal-aimante maman. Elle est devenue une grande chirurgienne, elle aussi. Elle a su construire une relation stable, profonde, avec son Dr Mamour qui n'était pourtant à la base qu'un coup d'un soir. Elle s'est mariée avec lui, sur un post-it. Elle a fondé une famille en devenant maman à son tour, de deux beaux enfants.  Elle a appris à s'aimer en somme, comme nous avons appris à l'aimer.

    ---------------------

    Parce qu'on les aime tant, ces héros !

    On ne peut évidemment pas réduire Grey's Anatomy à Meredith. Il s'agit avant tout d'une série chorale avec des personnages qui arrivent, qui restent, qui partent, qui reviennent, qui repartent... qu'on aime, qu'on aime moins, qu'on n'aime plus, qu'on aime à nouveau, qu'on déteste, qu'on adore détester.

    Outre l'héroïne, du noyau dur de départ il ne reste plus que Derek, Cristina, Miranda, Alex et Richard, qui ont su faire une place à Callie, Arizona, Mark, Owen, Lexie et Teddy au fil des saisons. Un George, un Dr Burke ou même une Izzie finissent par ne plus nous manquer, c'est là la force de la série. Les derniers arrivés font rarement l'unanimité, qu'il s'agisse d'April et de de Jackson, ou de Jo, Shane, Stephanie ou Leah plus récemment encore.

    Mais les intrigues sont ainsi sans cesse renouvelées, reboostées par ces héros tous très différents. La méthode Urgences en quelque sorte, qui a fait ses preuves 14 saisons durant ! Grey's Anatomy durera-t-elle aussi longtemps ?

    ---------------------

    Parce qu'elle a osé !

    Parler d'avortement comme Grey's Anatomy l'a fait autour du personnage de Cristina et son non-désir d'enfant, sans engendrer de polémique malgré l'aspect très sensible du sujet aux Etats-Unis, c'est une des audaces que s'est permise Shonda Rhimes et son équipe. Et c'est loin d'être la seule. Ces initiatives méritent d'être saluées car c'est grâce à elles, aussi, que les mentalités changent. Elle refléte ainsi son époque, comme toute bonne série se doit de le faire.

    On pourrait également citer le couple lesbien formé par Callie et Arizona, traité sur un pied d'égalité avec les couples hétéros. Elles s'embrassent, font l'amour et se déchirent comme les autres. Sans oublier ce dont on s'est habitué mais qui n'est pas anodin : la distribution hyper diversifiée, les cas médicaux qui permettent d'évoquer des thèmes sociétaux très variés et le féminisme qui se dégage de ces héroïnes fortes, intelligentes, audacieuses, faillibles. Libres.

    ---------------------

    Parce que... le Seattle Grace est maudit !

    Bombe à l'hôpital, accident de ferry, de voiture, fusillade, crash d'avion, tempête... avouons-le, on prend plaisir à les voir souffrir nos médecins et les scénaristes s'en donnent à coeur joie depuis 10 ans pour nous combler de ce point de vue-là. Les catastrophes s'amoncellent, les corps s'entassent, on ne compte plus les accidentés et les morts. Too much ? Probablement. Mais c'est aussi comme ça que la série continue à créer l'événement et maintient la tête hors de l'eau.

    De plus, ce n'est jamais gratuit ! Shonda Rhimes met un point d'honneur à traiter en profondeur les conséquences de tels traumatismes pour les personnages. Bien entendu, n'importe qui à la place de Meredith ou de Cristina serait interné dans un asile depuis longtemps, personne ne peut être aussi solide, mais on les a toujours vu flancher et lentement se relever. Grey's Anatomy soigne l'avant, le pendant mais aussi l'après.

    Bref, le Seattle Grace, on l'aime ou on le quitte !

    Jean-Maxime Renault

    Ci-dessous la bande-annonce du 200ème épisode de "Grey's Anatomy" :

    Voir aussi

    Tous ces acteurs qui ont quitté "Grey's Anatomy" : de Katherine Heigl à Sandra Oh...

    Suivez-nous sur Twitter pour connaître l'actu ciné & séries d’AlloCiné Follow @allocine

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top