"J'ai beaucoup pleuré durant le tournage. Ce n'était pas très beau à voir", nous confie Michelle Williams en riant, l'oeil ému mais toujours pétillant. Ce tournage dont parle l'une des actrices les plus attachantes du cinéma américain, c'est celui de Manchester by the Sea. En salles cette semaine, le film de Kenneth Lonergan raconte comment un homme torturé, blessé à jamais par un passé tragique (Casey Affleck), doit retourner dans sa ville natale après le décès de son frère qui, à sa grande surprise, l'a désigné tuteur de son neveu Patrick. Malgré lui, Lee va devoir se confronter de nouveau aux habitants de la ville, tous prompts à le regarder avec curiosité. Et en se confrontant à cette ancienne vie, il va devoir faire face à sa nouvelle vie, celle qu'il ne s'est jamais autorisé à vivre.
Le héros incarné par Casey Affleck s'est enterré vivant
"Manchester by the Sea" raconte comment on traverse les épreuves de la vie. Cela demande un courage énorme de la part d'un être humain pour pouvoir rebondir dans de telles circonstances. Parce qu'on ne peut pas se remettre d'[un tel drame]. C'est quelque chose d'insoutenable", poursuit Michelle Williams. Dans le film, l'actrice interprète Randi, l'ex-épouse de Lee, un rôle secondaire qui est, pourtant, au coeur du film.
Pour l'actrice, ne pas être de toutes les scènes n'avait aucune importance tant elle tenait à jouer pour Kenneth Lonergan et tant l'histoire de son film l'a bouleversée. "La manière dont mon personnage, Randi, continue d'avancer est quelque chose qui m'a beaucoup émue. Lee, le héros incarné par Casey Affleck, va s'enterrer vivant. Alors que Randi fait le choix, probablement chaque jour de sa vie, sûrement instant après instant dans une même journée, de rester en vie."
Universal Pictures International France
Manchester by the Sea marque également le retour au premier plan du cinéaste Kenneth Lonergan, qui s'était absenté des plateaux de tournage après l'expérience douloureuse de son dernier film, Margaret. Tourné en 2005, le film qui devait sortir en 2007 avait été la source d'une forte mésentente entre le studio et le réalisateur concernant le montage final. Une lente bataille judiciaire avait eu lieu pour qu'au final Margaret sorte en salles... en 2011.
Acclamé à Sundance, Manchester by the Sea a bouleversé nombre de critiques et d'observateurs. Le film fait d'ores et déjà partie des 10 films de l'année de l'AFI, Casey Affleck a été sacré meilleur acteur aux Gotham Awards et Manchester by the Sea, nommé plusieurs fois aux Independant Spirit Awards et aux Golden Globes, pourrait également faire sensation aux Oscars, dont les nominations tomberont le 24 janvier prochain.
A mes débuts, je n'arrivais pas à trouver un travail pour me sauver la vie
Si le film marque donc une sorte de retour gagnant pour Lonergan, il illustre à nouveau la fascinante manière dont Michelle Williams, la discrète, arrive encore et toujours à voler l'intégralité d'un film, en parvenant à chacune de ses apparitions à créer l'émotion et l'attente. Serait-ce là l'occasion pour l'actrice de remporter, elle aussi, son premier Oscar, elle qui a été nommée à trois reprises au cours de sa carrière ?
"Ces nominations m'ont toujours complètement prise de court. Rien que de vous entendre en parler... Je suis encore étonnée. J'ai commencé ce métier à 12 ans (...) Je n'arrivais pas à trouver un travail pour me sauver la vie. Et ce genre d'échecs précoces a tendance à s'incruster en vous. Alors, aujourd'hui, tout ce qui vient à moi me déconcerte", nous explique l'actrice qui égrène également, dans l'entretien que vous pouvez découvrir dans la vidéo ci-dessus, les autres moments phares de sa carrière, de ses débuts difficiles à l'expérience Dawson, en passant par sa rencontre cruciale avec Wim Wenders ou l'impact culturel de Brokeback Mountain.
Michelle Williams se plongera prochainement dans la peau de Janis Joplin à l'occasion du tournage de The Greatest Showman on Earth et sera également à l'affiche de Certaines Femmes, qui marquera sa troisième collaboration avec la cinéaste indépendante, Kelly Reichardt.
