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    The Spy Gone North : l'incroyable histoire vraie de l'espion qui a réussi à influencer le dictateur Kim Jong-Il
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    The Spy Gone North, film d'espionnage sud-coréen, débarque en Blu-ray et DVD. L'occasion de se pencher sur la véritable histoire qui a inspiré le film. Si ces événements sont très connus en Corée, ils le sont beaucoup moins par chez nous.

    The Spy Gone North 

    Réalisé par Yoon Jong-bin avec Jung-Min HwangSung-min LeeJi-hoon Ju

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Séoul, 1993. Un ancien officier est engagé par les services secrets sud-coréens sous le nom de code "Black Venus". Chargé de collecter des informations sur le programme nucléaire en Corée du Nord, il infiltre un groupe de dignitaires de Pyongyang et réussi progressivement à gagner la confiance du Parti. Opérant dorénavant en autonomie complète au coeur du pays le plus secret et le plus dangereux au monde, l’espion "Black Venus" devient un pion dans les tractations politiques entre les gouvernements des deux Corées. Mais ce qu’il découvre risque de mettre en péril sa mission et ce pourquoi il a tout sacrifié.

    UN ESPION NOMMÉ BLACK VENUS

    The Spy Gone North situe son action en plein milieu des années 90, une période très agitée en Corée avec la menace planante du programme nucléaire nord-coréen. Si la guerre froide s'est terminée quelques années auparavant, elle a continué de plus belle au Pays du Matin Calme. Les deux Corées se livrent à l'époque une bataille sans merci à travers un réseau alambiqué d'espionnage.

    C'est dans cette ambiance que l'agent Park Chae-so (Park Suk-young dans le film) est recruté par les services secrets sud-coréens pour une périlleuse mission. Il est chargé de se faire passer pour un homme d'affaires cherchant à tourner des publicités en Corée du nord. Tout cela dans le but d'approcher le dictateur Kim Jong-Il et soutirer des informations sur son programme nucléaire. Nom de code de Chae-so : Black Venus.

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    Park réussit à tisser des liens avec des dirigeants influents du régime nord-coréen, notamment en leur offrant de fausses Rolex, péché mignon de certains cadres du parti à l'époque. Très inventif, l'agent est même parvenu à faire libérer d'une prison chinoise un neveu du frère de Kim Jong-Il afin de gagner la confiance du dictateur et obtenir une audience auprès de lui.

    La Corée du Nord, en grande difficulté financière depuis la chute de son allié, l'URSS, doit à tout prix relancer la machine économique. Kim possède de magnifiques pièces de porcelaine Céladon qu'il souhaite vendre à de riches collectionneurs sud-coréens afin de renflouer ses caisses. Park Chae-so en profite pour proposer son aide. Il gagne ainsi petit à petit la confiance de la famille de Kim puis du dictateur en personne.

    RENCONTRE AVEC KIM JONG-IL

    C'est en 1997 que ce dernier lui accorde une audience de 30 minutes dans son fief de Pyongyang, à la Maison d'hôtes Paekhwawon. L'espion a réussi à enregistrer son entretien en cachant un petit enregistreur dans son urètre, seul moyen de passer entre les mailles du filet de la surveillance des agents nord-coréens. (Park a depuis dissimulé ces précieux enregistrements dans un pays étranger). Il était également entraîné pour parvenir à se suicider avec un doigt s'il était démasqué par ses ennemis. L'agent était donc capable de se tuer en appuyant simplement sur des points critiques de son corps.

    Black Venus déniche de cette manière de précieux renseignements. Ainsi, quelques temps plus tard, depuis sa chambre d'hôtel de Pékin, il déjoue un attentat sous faux drapeau que s'apprêtait à commettre la Corée du Nord, soutenue par des hauts responsables du Sud. Ces derniers ont payé plus de 3 millions de dollars au régime de Pyongyang pour qu'il ordonne une attaque qui aurait permis aux dirigeants du Sud de manipuler les résultats des élections présidentielles en manipulant l'opinion publique. Cela s'était déjà fait en 1987 (3 semaines avec l'élection présidentielle) avec l'explosion en vol d'un avion de Korean Air faisant 115 morts.

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    Park Chae-so et les services secrets sud-coréens transmettent l'information au candidat de l'opposition de l'époque, Kim Dae-jung. Ce dernier révèle le scandale et gagne finalement les élections. À cause de cette affaire, Black Venus est démasqué. Il est donc viré du NIS (agence de renseignement sud-coréen, équivalent de notre DGSI) et se réfugie en Chine. En 2010, quand les conservateurs ont repris le pouvoir au Sud, Park a été arrêté et condamné pour avoir donné des informations à l'ennemi. L'espion assure l'avoir fait uniquement pour remporter l'adhésion des dirigeants, seul moyen pour gagner leur confiance.

    L'ex-agent, aujourd'hui âgé de 64 ans, a confié qu'il "était extrêmement stressant d'être un espion. Je risquais d'être démasqué à la moindre erreur, comme un lapsus stupide".

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