Mon compte
    Castle Rock : tout ça pour ça ? Notre bilan de la saison 1 et de son final
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Après les États-Unis cet été, c'est en France que la saison 1 de "Castle Rock" s'est achevée. En tenant ses promesses initiales ? Oui et non. On fait le point sur cette première salve d'épisodes, et sur ce que la prochaine nous réserve - SPOILERS !!!

    Hulu

    ATTENTION - Cet article évoque, en détails, certains des événements et rebondissements du final de la saison 1 de Castle Rock. Il contient donc des spoilers et mieux vaut passer votre chemin si vous n'êtes pas à jour.

    Castle Rock : suite et fin de la saison 1 de cette série inspirée de l'univers de Stephen King, qui a d'abord intrigué avant de lever le pied pour mieux se reprendre pendant sa deuxième moitié. Mais que s'est-il passé pendant le final ? Les questions ont-elles toutes trouvé des réponses ? Et à quoi peut-on s'attendre ensuite ? On fait le bilan, calmement.

    QUI EST CE MYSTÉRIEUX PRISONNIER ?

    C'était le twist de l'épisode précédent : l'inconnu retrouvé enfermé dans le réservoir d'eau du pénitencier de Shawshank dans les premières minutes du pilote n'est autre qu'Henry Deaver. Comme l'avocat qui a fait son retour à Castle Rock dans ce même épisode. Y aurait-il un imposteur dans l'affaire ? Non. Mais des mondes parallèles, oui. Et si l'explication est limpide à l'écran, la retranscrire de façon claire peut s'avérer compliqué. Disons donc que la forêt contient un portail qui s'ouvre de façon aléatoire et limitée, et permet de passer d'une version à l'autre de la ville.

    C'est ici qu'Henry 1 (André Holland) avait disparu lors de sa fugue, découvrant un monde semblable en tous points au sien, à ceci près que ses parents ont déjà un fils. Intrigué par l'enfant et terrifié par le Mal qui l'accompagne, le Révérend Matthew Deaver (Adam Rothenberg) l'enferme dans cave, où il est retrouvé 27 ans plus tard par Henry 2 (Bill Skarsgard). Sans avoir pris la moindre ride car le temps s'écoule différemment dans l'univers auquel un personnage n'appartenait pas au préalable, et c'est ainsi que son quart de siècle de captivité n'a représenté que 11 jours dans sa version de Castle Rock.

    Une version dans laquelle Henry 2 a débarqué lorsqu'Henry 1 y a fait son retour, avant d'être enfermé par Dale Lacey (Terry O'Quinn), qui voyait le Diable en lui et a même essayé de le tuer, comme le montre la scène d'ouverture de ce season finale. Le directeur de Shawshank a bien évidemment renoncé et le personnage restera captif pendant 27 ans lui aussi avant d'être libéré, en plusieurs temps. Lorsque nous le retrouvons ici, son but est de convaincre son homonyme que son histoire est vraie et qu'il lui faut rentrer chez lui, dans ce monde qui serait plus lumineux si l'on en croit le fait que Molly Strand (Melanie Lynskey) y était "plus heureuse" avant d'y mourir.

    COMMENT ÇA SE TERMINE ?

    Henry 2 parviendra-t-il à rentrer chez lui ? Tel est l'enjeu du final de la saison. Mais il faut pour cela qu'Henry 1 le croit, alors qu'il n'a plus de souvenirs de son passage et de son enfermement dans l'autre monde. "Il est normal que tu ne t'en rappelles pas", lui dit alors son interlocuteur lors d'une scène centrale. "Pense à ce que tu as subi dans cette cage (...) Tes souvenirs te reviendront aussi. Peut-être par bribes... Un par un." Un dialogue qui compte parmi les moments les plus réussis de cet épisode car il montre, de façon très Stephen King, que la disparition et l'enfermement des deux personnages peut agir comme la métaphore d'un traumatisme (violence sexuelle ou autre...), de la même façon que le clown de Ça prenait la forme des peurs de chacun.

    Une hypothèse qui a d'autant plus de sens qu'Henry 1 est poursuivi par le souvenir de son père adoptif. Cet homme qui, sachant sa relation avec Alan Pangborn (Scott Glenn), comptait tuer son épouse. Contraint de le pousser du haut d'une falaise pour l'en empêcher, avant de disparaître dans l'autre monde, le jeune garçon avait réussi à effacer cette image de sa mémoire, jusqu'à ce qu'elle ne lui revienne en cours d'épisode alors que nous nous trouvons dans la forêt où tout a commencé et où tout se termine. Emmené de force sur les lieux par Henry 2 armé, son homologue prend le dessus et le pistolet. Après avoir vu apparaître un visage monstrueux qui rappelle celui des Marcheurs Blancs de Game of Thrones, il tient son adversaire en joue... mais ne tire pas, comme Lacey au début de l'épisode.

    Le directeur de Shawshank dont Henry 1 suit d'ailleurs les pas car la série, qui se déroulait en octobre 2018 comme le laisse entendre une inscription sur la tombe d'Alan Pangborn, fait un saut dans le temps jusqu'à Noël 2019, que l'avocat s'apprête à célébrer avec son fils après un détour par le penitencier. Et plus précisément le réservoir dans lequel il a enfermé Henry 2. Il a donc choisi de ne pas croire à son histoire de monde parallèle mais le considère visiblement comme une créature malfaisante qu'il vaut mieux tenir cachée. Finira-t-il comme Dale Lacey, qui avait mis fin à ses jours dans le pilote ? Castle Rock ne nous le dit pas. Et ne le fera peut-être jamais car la saison 2 devrait se focaliser sur une autre histoire.

    RESTE-T-IL DES QUESTIONS EN SUSPENS ?

    Oui. Si l'histoire centrale est bouclée, quelques zones d'ombre subsistent. Des questions qui n'ont pas eu de réponse claire, même si certaines choses peuvent se deviner. Et notamment les phénomènes étranges qui se produisent à Castle Rock et laissent penser que chaque Henry est le Diable lorsqu'il n'est pas dans son monde. Tout porte à croire que la présence d'un intrus dans l'une des versions de la ville provoque un déséquilibre des forces et sème la mort, ce qui n'est pas dit explicitement, peut-être pour laisser à chacun le soin de se faire sa propre opinion, comme le personnage incarné par André Holland.

    Il en va de même pour le visage terrifiant que ce dernier voit, alors qu'il prend le dessus sur Henry 2 dans la forêt. S'agit-il d'une preuve que le jeune homme enfermé dans le pénitencier est bien le Diable ? À moins que ce ne soit le visage du cadavre de son père adoptif, ce qui ferait d'autant plus sens que des souvenirs du meurtre du Révérend Matthew Deaver par ses soins lui reviennent à ce moment-là, comme un traumatisme longtemps refoulé qui refait surface.

    Dernière question enfin : de quoi est morte la mère d'Henry 1 (Sissy Spacek) ? Lorsque ce dernier se rend dans le cimetière d'Harmony Hill, nous le découvrons sur la tombe d'Alan Pangborn ET Ruth Deaver, décédée le 13 février 2019. Il se peut qu'elle se soit suicidée en sautant, une fois de plus, du pont sur lequel elle s'est rendue plus d'une fois, ou que cette information ne soit qu'anecdotique, une façon de montrer que le héros est davantage focalisé sur son présent et son avenir avec son fils Wendell, que sur son passé. Il n'est d'ailleurs même pas certain que la série revienne un jour dessus.

    QU'ATTENDRE DE LA SAISON 2 ?

    Comme American Horror Story, Castle Rock est une série anthologique et sa saison 2, officiellement commandée au mois d'août, développera une autre histoire. Ce qui vient un peu plus ternir le bilan de celle-ci : après un début intrigant, le récit a connu un vrai coup de mou à mi-parcours, donnant l'impression que ses auteurs gardaient quelques billes de côté pour la suite. Mais non. Et si le show est reparti de l'avant grâce aux très réussis épisodes 7 et 9, qui apportaient quelques réponses avec la manière, le final a déçu. Si l'idée de mondes parallèles renvoyait à "La Tour sombre" et se révélait porteuse d'une belle ampleur, il n'en a rien été, la conclusion étant finalement sage et modeste. A tel point que l'on s'est demandés si la diffusion n'était pas amenée à se poursuivre dans les semaines à venir.

    Mais non et, avec le recul, cette saison 1 de Castle Rock aura joué la carte de la simplicité. Ce qui, à première vue, n'est pas une mauvaise chose. Sauf qu'elle a mis trop longtemps à nous raconter une histoire qui aurait nécessité moins d'épisodes, car seuls cinq sur dix nous paraissent réussis. Restent le thème des croyances, qui a permis d'impliquer les téléspectateurs par rapport aux événements qui se déroulaient sous yeux. Ou quelques beaux moments, une ambiance très pesante au début avant qu'elle ne se dissipe telle la brume de The Mist, les prestations de Sissy Spacek et Bill Skarsgard, à qui il ne faut décidément pas grand-chose pour être inquiétant. Et ces univers parallèles qui pourraient de nouveau être abordés dans un futur… qui s'annonce prometteur, si la scène post-générique fait bel et bien figure de teasing.

    Car dans ce court bonus centré sur Jackie Torrance (Jane Levy) se cache peut-être un énorme indice sur ce que sera la saison 2 : la jeune femme y écrit en effet un roman appelé "Overlooked", et fait part de son projet de "voyage de recherches" vers l'Ouest du pays, affirmant qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour terminer une histoire que celui où tout a commencé. Entre son nom de famille et celui de sa future œuvre, pas besoin d'être doté d'un sixième sens pour avoir deviné que du Shining se cache derrière cette scène et que la prochaine mouture de Castle Rock pourrait bien nous emmener dans le célèbre hôtel né sous la plume de Stephen King et rendu célèbre par Stanley Kubrick et Jack Nicholson.

    Une hypothèse qui, si elle se confirme, pourrait convaincre les déçus de revenir vers la série et sa variation autour de "Shining". Et qui sait si, par la suite, le show n'articulera pas chacun de ses saisons autour d'un lieu mythique de l'univers de Stephen King (le pénitencier de Shawshank aujourd'hui, l'hôtel Overlook demain, et ainsi de suite) ? De quoi étoffer la mythologie hors d'une ville dont tous les mystères semblent avoir été percés, et donner plus de place à des personnages relégués au second plan lors de ce tour de piste qui, malgré des qualités indéniables, n'est pas parvenu à se montrer à la hauteur des attentes suscitées. Pour mieux nous surprendre dans un an ? Réponse en 2019.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top