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    Le néoréalisme italien, Martin Scorsese, La Grande Vadrouille… Les influences de Roma

    Film intimiste aux accents très personnels, Roma est déjà considéré comme l’un des meilleurs de l'année 2018. Outre le talent de cinéaste d'Alfonso Cuarón, le long métrage doit beaucoup aux influences cinéphiles de son créateur. Focus.

    Parallèlement au néoréalisme italien, d'autres grands auteurs ont cherché à décrire la vie avec précision et véracité. La trilogie d'Apu de Satyajit Ray est ainsi une des références de Roma : à partir de plusieurs romans, le cinéaste indien a insufflé ses souvenirs et le Calcutta de son enfance dans une fresque réaliste, tournée avec très peu de moyens.

    Par ses longs plans mettant en scène de nombreux acteurs sur fond de splendides paysages naturels, la séquence de Noël évoque une scène de "La Maison Tellier", une des histoires du Plaisir, le grand classique de Max Ophüls. Entre les deux films, le rapprochement n'est pas uniquement formel : dans les deux cas, le spectateur voit des individus hors de leur environnement urbain (le quartier de Roma à Mexico d'un côté, la maison close de Mme Tellier de l'autre) qui s'ébattent avec joie dans une campagne bucolique, comme une respiration dans leurs vies. Après l'incendie de la veille pour les Mexicains, après une messe particulièrement émouvante pour les Françaises, les deux groupes sont filmés en osmose avec leur milieu, comme réconciliés avec leur propre nature.

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    Il y a également du Martin Scorsese dans Roma. On pourrait faire des parallèles généraux entre la description d'une ville et la violence sociale qui y a cours, notamment avec Gangs of New York. On pourrait aussi souligner que Mean Streets est largement autobiographique. On pourrait établir une parenté entre Alice, jouée par Ellen Burstyn dans Alice n'est plus ici, et Sofia, la mère de famille dans Roma. Mais c'est surtout la séquence du massacre de Corpus Christi, la manifestation étudiante durement réprimée par l'armée mexicaine, qui rappelle le cinéma de Marty : dans son documentaire Street Scenes de 1970, il plongeait sa caméra dans les rues de Washington et de New York au cœur des protestations contre la guerre au Vietnam. Avec l'intervention à l'écran de certains de ses amis acteurs, la frontière entre réalité et fiction devient floue dans Street Scenes, tandis que dans Roma, c'est l'inverse, la vie fictionnelle de Cléo, au bord de l'accouchement, est perturbée par un événement historique, tragique et politiquement chargé.

    Enfin, côté grandes signatures du cinéma contemporain, Alfonso Cuarón semble s'être directement inspiré des préceptes de mise en scène posés par Ken Loach. Le cinéaste britannique, reconnu pour son œuvre empreinte de réalisme social, est un fervent adepte du naturalisme. Lors d'une intervention publique à la Berlinale de 2013, il a ainsi expliqué sa méthode : tourner dans l'ordre du scénario, pas de lecture du script avant le tournage, s'appuyer sur l'instinct des acteurs, prendre en compte l'origine sociale et géographique des acteurs pendant le casting… (cliquez ici pour voir la conférence intégrale). Autant de conseils que Cuarón a directement appliqués tout au long de la production et du tournage de Roma.

    > Lire Roma : Comment est né le film intimiste d’Alfonso Cuarón ?

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