Après Sam, vous aviez dit ne plus vouloir jouer dans une série. Et pourtant on vous retrouve aujourd’hui dans Le Temps est assassin. Qu’est-ce qui vous a convaincu ?
Mathilde Seigner : J’avais très envie de retravailler avec Aline Besson et Isabelle Drong, [les productrices de Sam et du Temps est assassin, ndlr]. On avait fait un carton ensemble avec Sam et je savais que je partais en confiance avec elles sur ce projet. Et puisqu’on est ici dans une mini-série bouclée, qui n’appelle pas de saison 2, je n’ai pas vu de raison de refuser. Après Sam, ce dont je ne voulais plus c'était d'un rôle récurrent. C'était trop contraignant. Et la saison 2 c'est toujours compliqué. C’est compliqué parce qu’on a marqué un personnage et qu’il y a une pression qui s’installe de la part de la chaîne et de la production. "Il faut que tu fasses la saison 2". Et c’est normal que les productrices aient envie qu’on rempile pour une saison 2. Mais moi je n'ai pas envie de ça et je sais désormais que je ne ferai plus que des unitaires à la télé ou des séries qui n’appellent pas de suite.
C'est vrai que, dans ma tête, après Sam, les séries c’était terminé. Mais Le Temps est assassin c’est très différent. Le tournage ne me fatigue pas du tout. Déjà car on ne tourne pas à Paris. La Corse c’est un décor incroyable. On est merveilleusement accueilli par les gens. Et contrairement à Sam où j’avais 80 jours de tournage, là je n’en ai que 50. Parce que Le Temps est assassin c’est choral à mort. Il y a toute la partie 1994 où je n’apparais pas. Donc je suis moins de toutes les séquences, même si Clotilde reste le centre de l’enquête, et ça me plaisait.
La série est adaptée du roman éponyme de Michel Bussi. Avant même de lire le scénario, c’était un gage de qualité pour vous ?
Oui, car il en a vendu plusieurs centaines de milliers et ça signifie que cette histoire plaît aux gens. Je pense vraiment que la série sera très réussie. Parce que Claude-Michel Rome [le réalisateur] a une vraie force visuelle. Il a le sens du beau, du cadre. Il y a une vraie élégance dans ce qu’il fait. Et puis la vraie vedette de la série ce n’est pas moi, c’est la Corse. Les gens adorent la Corse, c’est touristique, et je pense qu’au moment de la diffusion, à la rentrée de septembre, les téléspectateurs de TF1 auront envie de regarder quelque chose qui fait rêver car on filme la Corse sous toutes ses coutures.
Que représente le rôle de Clotilde dans votre carrière ?
Je ne sais pas ce que ça représente dans ma carrière, car j’ai eu beaucoup de très beaux rôles. Mais déjà c’est une histoire corse. Visuellement je pense que c’est très fort pour le public à la télé. Et puis j’ai été séduite par cette histoire complètement folle, ainsi que par le côté obsessionnel de Clotilde, qui fait tout pour découvrir la vérité au sujet de sa mère. Mais j’ai du mal à répondre à ce genre de questions. Ce qui m’importe c’est qu'il y ait un personnage intéressant, une bonne histoire, et de bons dialogues. Je suis intransigeante sur les dialogues. Mais je retiendrai qu'on a la chance de tourner dans des endroits merveilleux, comme ici à Pozzo. Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle émotion en découvrant un village. Ça apporte une vraie énergie au tournage. Quand on tourne à Paris, en décembre, on est totalement crevé. Mais à Bastia, en Corse, on a l’énergie, on a la lumière.
ANGELA ROSSI-AUTHENTIC PROD / FEDERATION ENTERTAINMENT / TF1
Le casting de la série est impressionnant. Est-ce que vous avez eu votre mot à dire sur le choix de vos partenaires ?
On a travaillé et réfléchi ensemble au casting avec Aline et Isabelle. J’avais un petit rêve caché, c’était de tourner avec Zoé Marchal [qui incarne Valentine, la fille de Clotilde, ndlr]. On devait travailler ensemble depuis longtemps, ça fait très longtemps que je la demande sur de nombreux castings. Je l’adore, elle me ressemble physiquement et moralement, et c’est une vraie nature. Pour une fois en télé ou au cinéma on n’a pas une petite crevette avec un petit minois qu’on confond avec tant d’autres. C’est une vraie personnalité, avec un vrai visage fort, et je la voulais à mes côtés.
Et ensuite, pour le reste, on a beaucoup discuté avec les productrices. On a parfois eu des envies sur des rôles et ça n’a pas pu se faire. Mais Fred Testot je l’adore et j’avais très envie de tourner à nouveau avec lui. Quant à Thierry Godard c’était une proposition d’Aline et j’en suis ravie, j’adore ce mec. J’ai l’impression de le connaître depuis 20 ans alors qu’on n’avait encore jamais tourné ensemble. On fonctionne pareil, on fait partie de la même famille d’acteurs.
On sent une vraie bonne ambiance entre Fred, Thierry, Zoé, et vous sur le tournage aujourd’hui. L’humour, sur un tournage, c’est important ?
Important, je n’en sais rien, mais pour moi c’est comme ça. Ma concentration c’est déconner et ne pas se prendre au sérieux. J’adore la déconnade. Il y a parfois des tensions dans l’équipe, donc moi je déconne tout le temps pour détendre un peu l’atmosphère et un métier qui n’a pas lieu à se prendre autant au sérieux. Je ne me laisse pas gagner par ça, et ce qui est très vicieux chez moi c’est que plus ils sont tendus et de mauvaise humeur, plus je suis de bonne humeur (rires).
Sous ses airs de saga, Le Temps est assassin est avant tout un polar. C’est un genre qui vous plaît en tant que lectrice et spectatrice ?
J’aime beaucoup de choses, mais les thrillers, les polars, ça rend fou, c’est un genre que j’adore.
Et en tant que comédienne, vous préférez ce genre-là à la comédie par exemple ?
Je n’ai pas de préférence. Mais je ne fais pas énormément de comédies, à part Camping et compagnie, car finalement on m’emploie surtout dans des rôles très réalistes, très autoritaires. Des femmes qui gueulent. Or, je crois que dans la vie je suis pas mal drôle (rires). Et d’ailleurs c’est marrant car dans Ibiza les gens découvrent que je suis drôle. Arnaud Lemort m’a vraiment exploitée dans un registre drôle, farfelu. Mais on ne me donne pas tellement de rôles farfelus. On va plus les donner à Karin Viard, elle a plus une image de comédie que moi, c’est marrant. C’est vraiment dans Ibiza je pense qu’on me découvre pour la première fois telle que je suis dans la vie.
ANGELA ROSSI-AUTHENTIC PROD / FEDERATION ENTERTAINMENT / TF1
Et les séries, est-ce que vous en êtes vous-même très friande ?
C’est très addictif les séries, très chronophage, donc j’en regarde assez peu. Mais j’adore la télé. Je peux passer des journées devant quand je ne tourne pas. J'ai des rendez-vous très précis. Je vais vous faire mon programme télé, ça fera marrer vos lecteurs (rires).
À 13 heures j’ai mon Pernaut, que je ne loupe jamais. Ensuite c’est soit une série soit un téléfilm américain à la con, genre contes de Noël. Et souvent il y en a deux de suite. C'est con mais ça me détend. Et si ça ne me plaît pas je bifurque sur France 2, sur l’émission de Faustine Bollaert. Après vers 17 heures je suis un peu contrariée. Pas le week-end car il y a Sept à huit ou 50 minutes inside. Mais la semaine entre 17 et 19h je n’ai pas grand-chose. Ensuite je regarde C dans l’air. Et la soirée ça dépend de ce qui se présente à moi. Mais L’Amour est dans le pré c’est un immanquable par exemple.
Et le week-end j’ai Stéphane Plaza sur M6. Mon fils monte dans la chambre de temps en temps et me dit "T’es encore devant Maison à vendre ?". J’adore ça. Je regarde aussi Chasseurs d’appart', je peux passer tout un après-midi devant. Je suis folle d’immobilier. À Bastia j’ai visité 4 appartements, mais pour quoi faire ? Je ne veux pas acheter à Bastia (rires). Enfin voilà, mes week-ends télé sont riches car il y a aussi Les Carnets de Julie le samedi. Et le dimanche soir je regarde toujours Capital ou Zone interdite, puis Enquête exclusive. Peu importe le sujet. La télé fait partie de ma vie, j’ai été élevée là-dedans. Ça me distrait. Je regarde plein de choses. Même Joséphine, ange gardien ou Demain nous appartient quand je tombe dessus. C’est une addiction. Je suis un peu comme les retraités (rires).
Est-ce que vous pourriez jouer dans une série quotidienne comme Demain nous appartient si on vous le proposait ?
J’aime bien Demain nous appartient, c’est sympathique, mais jouer dedans, non, je ne pense pas. C’est plus du soap. Alors que là Le Temps est assassin c’est quand même de la télé prestige. Et on se grille vachement vite par rapport au cinéma quand on se met à faire du soap.
Lorsque vous rencontrez des gens dans la rue, en festival, ou lors d'avants-premières, de quel rôle vous parle-t-on le plus ?
On me parle énormément d’Une hirondelle a fait le printemps. Oui, dans 95% des cas je dirais que c’est L’hirondelle. Ce film a vraiment marqué le public. Et en deuxième Danse avec lui je pense. Il y a des fans qui se mettent à pleurer quand ils m’en parlent. Et après, selon les catégories sociales, il y a Camping. Et puis il y a aussi parfois des fans cinéphiles de Harry, un ami qui vous veut du bien. Mais c’est plus rare. Et pour la télé on me parle beaucoup de Médecin-chef à la Santé.
Propos recueillis le 4 décembre 2018 en Corse sur le tournage du Temps est assassin.
La bande-annonce du Temps est assassin, qui débute ce soir à 21h sur TF1 :
