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    Conversation avec Marion Cotillard : ses rôles marquants, sa carrière aux Etats-Unis...
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Experte en binge-watching et plateformes de streaming, Chaïma Tounsi s’amuse tous les soirs à zapper sa télécommande sur Netflix, Disney+, Canal+...

    Marion Cotillard était au Festival International du Film de Marrakech pour rencontrer le public et les journalistes. L’occasion pour elle de revenir sur sa carrière foisonnante et ses futurs projets. Morceaux choisis.

    Ses envies de cinéma

    "J’ai toujours voulu être actrice, au-delà du fait que ce soit le métier de mes parents. J’ai eu la curiosité de savoir comment l’humain fonctionnait, parce qu’il me bouleverse. J’étais en colonie de vacances, j’avais 9-10 ans. On avait fait un spectacle, j’avais une scène où je jouais une femme de ménage. Je m’étais complètement investie dans ce truc, j’ai pris plaisir à être quelqu’un d’autre. C’est la première fois que je ressentais quelque chose d’aussi fort. Les gens étaient surpris et j’avais aimé faire cette impression sur les autres."

    "Quand on commence, il y a tout un parcours pour dépasser le fait qu’on ne se sente pas légitime. On se place devant un public et on leur demande de nous regarder, de nous écouter ... Et même quand on a la reconnaissance, il n’y a pas forcément quelque chose qui apaise. Je l’ai diagnostiqué comme une pathologie. Je n’ai plus de jugement négatif sur ce besoin, dont j’avais honte. Mais j’ai rencontré des gens qui m’ont poussée à l’accepter. C’est une chose sur laquelle je travaille en conscience. La seule personne qui puisse apaiser ça, c’est moi. Et quand je me suis rendue compte que la reconnaissance venait de moi, ça m’a soulagée."

    StudioCanal

    Les pierres angulaires de sa carrière

    "Jean-Pierre Jeunet m’a portée", dit-elle au sujet d’Un long dimanche de fiançailles, le film qui a fait changer le regard des critiques sur elle. "J’étais paniquée à l’idée de faire ce rôle, j’ai été très malade les jours d’avant. Il est venu me voir et m’a dit "je pense que tu as peur, que tu n’es pas malade". J’étais en effet terrifiée, je lui ai dit alors que je n’étais pas la bonne personne. Je lui ai même donné des noms d’actrices meilleures que moi. Il m’a souri, m’a accompagnée sur le plateau et le doute s’est envolé".

    "Je me souviens aussi de tout ce que Audrey m’a donné ce jour-là. Jean-Pierre voulait quelque chose de détaché de l’émotion, mais ce qui se passe en elle quand la caméra est sur moi, c’est époustouflant. C’est quelqu’un de très généreux. Je n’avais qu’à la regarder et me laisser envahir par l’émotion."

    Et puis il y a eu La Môme, qui lui a permis de remporter l’Oscar de la meilleure actrice : "J’ai ce lien avec Edith Piaf. C’est très particulier comme relation, c’est quelque chose d’assez fraternel. Elle a changé ma vie, Je me suis tellement plongée dans sa vie car c’est passionnant de comprendre ce qui la faisait vibrer, lui faisait peur… c’était un vrai travail d’investigation."

    Anne Joyce

    Sa carrière aux Etats-Unis

    "Chaque projet est différent, tout change à chaque fois. L’opportunité de travailler dans un autre pays correspondait à une partie de mon rêve d’enfant. The Immigrant a été un film fort parce que j’ai toujours été fascinée par la Pologne, la culture et la langue…"

    "Inception est l’un de mes préférés. On a travaillé de manière très proche avec Leonardo DiCaprio. Je lui ai demandé s’il avait compris le scénario, il ne m’a pas répondu et m’a demandé la même chose ! J’ai lu le scénario une vingtaine de fois, j’ai pris beaucoup de notes et j’ai beaucoup bossé dessus. On a vraiment rigolé avec Leo. Je me reconnais dans l’acteur qu’il est. On appréhende les choses de la même manière je pense. Il y a une forme de sensibilité que j’ai sentie dans son jeu."

    Puis vient en 2013 sa rencontre avec David Bowie lorsqu’elle tourne le clip The Next Day, "J’ai souvent fantasmé des rencontres et des collaborations. Il en faisait partie. Un jour j’ai reçu un mail de mon agent américain. J’étais tellement choquée que j’ai mis du temps à ouvrir mon mail. C’était assez lunaire, j’étais intimidée. Je le regardais, fascinée. Il avait une aura tellement forte."

    Ses relations de travail

    "Je n’ai pas toujours travaillé avec des partenaires sympathiques mais si on donne ce qu’il faut sur le plateau, ça me suffit. Il y une notion de sacré sur le plateau, ce qui m’importe c’est que l’on soit investi. La chose qui me déstabiliserait le plus serait de jouer dans le conflit. Quand un metteur en scène se dit que j’ai besoin d’être bousculée, mon orgueil me fait partir. Ça m’est arrivé avec des acteurs qui pensaient bien faire. Mais je détecte assez vite la manipulation et si ça a été assez loin pour que ce soit choquant alors je ris. Et je ne peux plus travailler. Car je trouve ça absurde. Si quelqu’un vient me faire un truc par derrière, cela ne fonctionne pas sur moi. Ça déclenche juste un fou rire.

    StudioCanal

    Le film le plus dur de sa carrière

    "MacBeth. Techniquement, ça me paraissait insurmontable parce que c’était en langue de Shakespeare non adaptée. Je ne comprenais pas pourquoi on m’avait demandé d’endosser ce rôle alors qu’il y a des actrices anglaises époustouflantes. Dans ma tête je volais le rôle à quelqu’un. Mais j’ai toujours su que j’interpréterais ce rôle, mais au théâtre et en français. Je voulais que mon accent soit parfait, j’avais peur d’être ridicule. J’ai toujours ce trac les premiers jours de tournage. Et après ça roule, on rentre dans le personnage. Sans vraiment être confortable. Mais sur ce film je ne me suis jamais détendue. J’avais peur de tout faire capoter."

    Ses futurs projets

    L’actrice sera prochainement à l’affiche d’Annette de Leos Carax aux côtés d’Adam Driver : "J’ai rencontré le réalisateur il y a trois ans, j’étais enceinte à ce moment-là et je ne voulais pas tourner. Deux ans après un producteur m’a appelée pour me dire qu’il n’avait pas encore commencé le tournage. J’ai trouvé l’histoire singulière, profonde, avec un génie poétique. C’est une comédie musicale dans laquelle je joue une chanteuse d’opéra. J’aime chanter et Adam Driver est un comédien exceptionnel. Mais je me suis demandée si j’étais à la hauteur."

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