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    Good Omens en VOD : une série d'enfer avec les stars de Doctor Who et Prodigal Son
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Disponible sur Amazon Prime Vidéo et en VOD, "Good Omens" est une mini-série adaptée du roman homonyme signé Neil Gaiman et Terry Pratchett. Si ça n'était pas encore fait, nous vous conseillons fort de rattraper cette pépite avec David Tennant.

    Amazon Prime Video

    Au commencement était un roman : "Good Omens" ("De bons présages" en français), paru en 1990 en Grande-Bretagne et cinq ans plus tard dans l'Hexagone, et co-signé par Neil Gaiman et Terry Pratchett. Une histoire de naissance du fils de Satan et d'une fin du monde que tentent d'empêcher un ange et un démon, car trop attachés à leur confort sur Terre, qui n'a pas mis longtemps à taper dans l'œil de Terry Gilliam, désireux de transposer le livre sur grand écran avec Johnny Depp et Robin Williams dans les rôles principaux. Abandonné pour des questions de financements, le projet refait surface en février 2011 avec un autre Monty Python, Terry Jones, qui compte s'associer au scénariste Gavin Scott (Small Soldiers, Absolutely Anything) pour en tirer une mini-série en quatre épisodes. Mais en vain.

    Malgré une nouvelle approche de Terry Gilliam, qui annonce vouloir relancer son projet de film en avril 2012, c'est bien le format télévisuel qui sera privilégié quatre ans plus tard, lorsque Neil Gaiman affirme plancher sur l'écriture d'une mini-série en six épisodes tirée du livre auquel il refusait pourtant de toucher depuis le décès de Terry Pratchett survenu le 12 mars 2015, en affirmant qu'il ne s'imaginait pas travailler sur une adaptation sans son compère. C'est pourtant ce que ce dernier lui demande de faire, dans une lettre posthume remise à l'auteur de Coraline, qui s'associe à Amazon Prime Vidéo pour exaucer ce souhait. En prenant lui-même les choses en main, autant pour respecter cette volonté qu'éviter de revivre une pareille mésaventure que sur American Gods, transposition de l'un de ses romans les plus célèbres qui, malgré de grandes qualités plastiques et un univers très riche, peine à garder ses showrunners et l'intégralité de son casting d'une saison à l'autre.

    CASTING DIVIN

    Un problème qui ne se pose pas sur Good Omens, immédiatement envisagé comme une mini-série, avec un casting dont les fans n'auraient sans doute pas oser rêver : l'ex-star de Doctor Who David Tennant prête ses traits au démon Rampa, tandis que Michael Sheen incarne l'ange Aziraphale ; Jon Hamm est l'Archange Gabriel ; Brian Cox et Mireille Enos deux des quatre Cavaliers de l'Apocalypse ; et Frances McDormand et Benedict Cumberbatch donnent respectivement de la voix dans les rôles de Dieu et Satan. Sur le papier, le projet fait saliver et les premières images, quoiqu'un peu déconcertantes, n'en restent pas moins prometteuses et font grandir l'attente autour du projet qui débarque d'un seul bloc sur Amazon Prime Vidéo le 31 mai. Et n'est pas déçevant, bien au contraire.

    Le livre fourmille de détails plus ou moins délirants que la série, bien que chapeautée par Neil Gaiman en personne, ne peut pas tous transposer à l'écran. Les néophytes ne sauront donc pas, par exemple, pour quelle raison la radio de la voiture de Rampa ne diffuse que des chansons de Queen, mais il ne leur manquera aucun élément essentiel du récit, transposé avec fidélité, inventivité et efficacité. N'ayant que six épisodes pour tout faire tenir, Good Omens va droit au but, quitte à être un peu trop rapide au moment de poser la situation et nous présenter ses personnages principaux et enjeux. Un rythme certes soutenu, qui permet néanmoins de ne pas à avoir à patienter pendant des heures (voire une saison entière) de mise en place, péché mignon de beaucoup trop de shows actuels.

    Ici, tout est vite clair : un ange et un démon qui résident sur Terre, un quiproquo, une menace de fin du monde, des phénomènes étranges… Pour ne citer que le principal. Le pilote ne joue pas la montre et abat très vite ses cartes, à commencer par celle de l'humour, typiquement anglais bien évidemment (même si, de ce côté-ci de la Manche, le face-à-face entre enfer et paradis rappelle bien sûr Les Anges gardiens de Jean-Marie Poiré). Il n'est d'ailleurs pas étonnant d'apprendre que deux des Monty Python ont eu un coup de cœur pour le roman, tant ils ont dû se sentir comme des poissons dans l'eau face à sa manière de revisiter l'Histoire et la religion, que nous retrouvons intacte sur petit écran, le côté fauché et bricoleur de Sacré Graal ou La Vie de Brian en moins. Car Good Omens a les moyens de ses ambitions. Et si les effets spéciaux ne sont pas tous parfaits, l'ensemble fait mieux que tenir la route visuellement.

    Esthétiquement et narrativement, malgré quelques heurts sur la route, Good Omens est une réussite, pour peu que l'on adhère à son postulat divin, où l'Apocalypse et ses Cavaliers, Dieu, ses anges et ses démons, sont abordés de manière gentiment parodique où l'absurde va de pair avec la noirceur, humour anglais oblige. Mais la plus grande force de la mini-série réside dans aucun doute dans son duo central : David Tennant et Michael Sheen. A l'image du show, les deux acteurs forcent d'abord un peu le trait, le premier dans l'attitude rock'n'roll, le second pour le côté angélique et doucement naïf. Mais leur opposition s'atténue alors que des nuances apparaissent chez chacun, dans l'épisode 4 sur leur passé notamment, pour révéler des personnages plus proches et attachés l'un à l'autre (voire "amoureux (…) même s'ils ne l'admettraient jamais" selon les acteurs eux-mêmes) qu'on ne le pensait.

    Amazon Prime Video

    Très vite, leur relation prend le pas sur le pitch et l'univers, qui n'en restent pas moins riches et captivants, car ce sont bien Rampa et Aziraphale (et leurs interprètes par extension) qui donnent le la de cette série dont ils forment le cœur. A tel point que devoir leur dire adieu ne se fait pas sans émotion. Surtout qu'il n'est pas prévu que Good Omens suive le même chemin que Big Little Lies ou 13 Reasons Why, mini-séries qui ont changé de statut lorsque leurs créateurs respectifs ont décidé de remettre le couvert : "La décision ne me revient hélas pas. Je ne sais pas du tout ce qu'il en est", répondait Michael Sheen en octobre dernier, lorsque Digital Spy l'interrogerait sur une éventuelle saison 2. "Je sais que cela suscite beaucoup d'intérêt et que les fans aimeraient vraiment qu'il y ait quelque chose d'autre, mais la difficulté provient du fait qu'il n'y a qu'un seul livre et que ce dernier a été écrit par Neil Gaiman et Terry Pratchett."

    "S'il devait y avoir quelque chose de plus, ce serait difficile à gérer pour Neil sans Terry, car la vision initiale était vraiment celle du duo. Mais qui sait ? Nous verrons", poursuit l'acteur anglais, actuellement au générique de la série Prodigal Son. Des propos qui collent avec ceux de Neil Gaiman sur le sujet : "Si les gens aiment assez [le show], et que le temps et l'envie sont là, nous pourrions tout à fait y revenir pour en faire plus. Mais nous n'avons pas construit [le récit] pour aller au-delà, nous l'avons construit pour qu'il se suffise à lui-même. Après la fin de l'épisode 6, c'est terminé." Les bonnes raisons pour ce jeter sur cette pépite mi-ange mi-démon ne manquent donc pas : c'est court et avec une vraie fin, efficace, drôle, original, bien joué. Et cela permet d'avoir un aperçu un peu plus large du talent de Neil Gaiman, qui sait aussi bien écrire des contes horrifiques ("Coraline") et des histoires épiques et mythologiques ("American Gods") que des aventures comico-apocalyptiques.

    Au-delà du fait que la fin du monde, c'est plus sympa avec David Tennant et Michael Sheen, Good Omens pourrait aussi vous donner envie de vous plonger dans les écrits de l'auteur britannique. En attendant une prochaine adaptation ?

    Good Omens est disponible sur Amazon Prime Video et en VOD

    Autre qualité non négligeable : un très beau générique animé

    Outre son acteur Benedict Cumberbatch, "Good Omens" s'est aussi offert le compositeur de "Sherlock", David Arnold :

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