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    Homecoming (Amazon Prime) : que vaut la saison 2 sans Julia Roberts ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    Le thriller "Homecoming", produit par Sam Esmail ("Mr Robot"), est de retour sur Amazon pour une saison 2 centrée sur nouvelle héroïne jouée par Janelle Monáe, qui succède à Julia Roberts. Cette deuxième salve est-elle à la hauteur de la première ?

    Ali Goldstein

    Plus d'un an et demi après son lancement sur Amazon Prime Vidéo, la série Homecoming, produite par Sam Esmail (Mr. Robot) et créée par Eli Horowitz et Micah Bloomberg à partir de leur podcast éponyme, a fait son grand retour hier, vendredi 22 mai, sur la plateforme de streaming pour une deuxième saison qui s'inscrit dans la semi-continuité de la première puisqu'elle en reprend l'univers et le mystère central mais s'appuie sur de nouveaux personnages. Dont Jackie, une héroïne trouble incarnée par la comédienne et chanteuse Janelle Monáe (Les Figures de l'ombre) qui succède à Julia Roberts, désormais aux abonnés absents (bien qu'elle conserve sa casquette de productrice déléguée).

    Mais en ne parvenant jamais vraiment à maintenir le brio de la saison 1, qui s'imposait comme une vraie claque de tous les instants, autant sur le fond que sur la forme, cette seconde incursion dans la toile paranoïaque de la Homecoming Initiative se révèle être une petite déception.

    Un thriller psychologique plus rythmé mais aussi plus classique

    Dès sa séquence d'ouverture, qui voit une jeune femme se réveiller amnésique sur une barque au milieu d'un lac, incapable de se rappeler qui elle est ou ce qui l'a amené ici, la saison 2 d'Homecoming installe pourtant un récit efficace. Et ce même si ce début d'intrigue ne respire pas l'originalité, tant le ressort de la perte de mémoire totale est vu et revu à la télévision comme au cinéma (hello, Jason Bourne). Mais qu'importe. Resserrée sur 7 épisodes (contre 10), l'histoire gagne en rythme et en clarté, en faisant le choix de l'explication et de l'approfondissement des thématiques abordées auparavant dans la série. La saison dernière, c'est la perte de repères d'Heidi Bergman, psy employée par un centre visant à effacer les souvenirs des soldats traumatisés durant la guerre afin de les renvoyer sur le terrain, que l'on suivait en parallèle sur deux époques distinctes. Ici, les créateurs Eli Horowitz and Micah Bloomberg ont décidé de remonter aux origines de l'expérimentation Homecoming et de nous emmener à l'intérieur du mystérieux et néfaste groupe Geist, où tout a commencé. Et tout finira ?

    Réalisateur de l'ensemble des épisodes de la première saison, Sam Esmail passe la main à Kyle Patrick Alvarez (13 Reasons Why, Counterpart) et on ne peut que déplorer ce choix, tant Alvarez n'a pas la virtuosité de son prédécesseur. La "patte" Esmail et l'ambiance paranoïaque si spéciale des 10 premiers épisodes, qui renvoyaient autant au cinéma d'Hitchcock qu'à celui de De Palma, à grand refort de BO envoûtante, de filtres travaillés, de personnages énigmatiques, et de changements de cadres et de temporalité, ont laissé place à une réalisation plus classique, qui peine à provoquer la fascination. Le storytelling a également été simplifié (probablement dans un effort de captiver ceux que la saison 1, plus alambiquée, aurait pu perdre) mais la volonté de découvrir les réponses prévues par les scénaristes et les prestations toujours aussi solides d'un casting très bien choisi (Janelle Monáe, Chris Cooper, et Joan Cusack en tête) nous poussent cependant à aller au bout de ces 7 épisodes de 30 minutes qui tiennent presque du film de 3h30.

    Ali Goldstein

    Une suite qui manque d'âme

    Au-delà du manque d'ambition stylistique de cette "suite", comparé au brio de la saison 1, l'autre problème de cette saison 2 est à chercher du côté de la construction narrative qui, passé l'attrait de la nouveauté lié à Jackie et à son passé qui lui est propre, finit par montrer ses limites au bout de quelques épisodes. On comprend en effet assez rapidement que malgré un nouveau cadre (le groupe Geist) et de nouveaux personnages, les scénaristes ont décidé de répéter bon nombre de ressorts déjà utilisés la saison précédente. Trop mécanique, le récit peine donc à convaincre et on est obligé de se rendre à l'évidence : tout ça manque un peu trop d'âme et de profondeur. Car en misant quasiment tout sur son aspect thriller, cette nouvelle variation autour de la thématique de la mémoire en oublie que le coeur palpitant de la saison 1 résidait finalement davantage dans l'histoire d'amour entre Heidi (Julia Roberts) et Walter Cruz (Stephan James) que dans le mystère lié aux agissements du centre Homecoming.

    Si le personnage de Jackie a le mérite de permettre à la série de parler du stress post-traumatique chez les femmes militaires - un sujet trop souvent réservé aux hommes - l'ombre d'Heidi et de Roberts continue donc de planer sur la série et on en vient un peu à regretter que la série ne se soit pas arrêtée après une seule saison (Amazon avait d'emblée commandé deux saisons aux producteurs). Parce qu'en n'arrivant pas à la hauteur des épisodes qu'on a tant aimés, cette saison 2, qui trouve sa justification dans les réponses qu'elle apporte aux questions laissées en suspens à la fin de la fournée précédente, vient quelque peu gâcher la puissance de la série. Ou en tout cas ce qui la rendait si unique. Par son univers fascinant, Homecoming reste évidemment au-dessus de bon nombre de thrillers actuels, même dans ses moments les prévisibles ou les moins inspirés. Mais ça ne suffit pas.

    La bande-annonce de la saison 2 d'Homecoming, disponible sur Amazon Prime :

     

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