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    Le Mur de l’Atlantique fête ses 50 ans : pourquoi Bourvil a-t-il souffert le martyre sur le tournage ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Le Mur de l’Atlantique, qui fête ses 50 ans, est le dernier long-métrage dans lequel apparaît Bourvil. Saviez-vous que ce tournage avait été un véritable calvaire pour le comédien, rongé par la maladie ?

    Le Mur de l'Atlantique sort en salles le 14 octobre 1970. Le film de Marcel Camus est un événement car il s'agit du dernier long-métrage avec Bourvil en vedette. Le comédien est décédé quelques semaines plus tôt, le 23 septembre 1970, après avoir lutté contre un cancer de la moelle osseuse, la maladie de Kahler.

    Dans cette comédie sur fond de Seconde Guerre mondiale, Bourvil incarne Léon Duchemin, un naïf et gentil restaurateur. Ses clients sont allemands, résistants et trafiquants. Le pauvre devient malgré lui résistant quand un pilote de la R.A.F. abattu trouve refuge chez lui et quand il dérobe aux services d'Hitler les plans de ses missiles V1.

    Le tournage du Mur de l'Atlantique se déroule au printemps 1970. Bourvil, qui avait déjà dû se battre contre la maladie pour terminer le polar de MelvilleLe Cercle Rouge (sorti le 1er octobre 1970), est très affaibli et amaigri. Quelques temps auparavant, il avait longuement hésité avant d'accepter de se lancer dans un nouveau tournage tant il avait souffert sur celui de Jean-Pierre Melville.

    Le Mur de l'Atlantique
    Le Mur de l'Atlantique
    Sortie : 14 octobre 1970 | 1h 40min
    De Marcel Camus
    Avec Bourvil, Peter McEnery, Sophie Desmarets
    Spectateurs
    3,2
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    La star de la comédie française affiche en effet des sourires de façade. Il cache sa maladie à son entourage et au public, livrant bataille seul contre le cancer. Malgré des séances de chimiothérapie et radiothérapie, le mal continue de ronger inexorablement son corps. Il consulte tous les médecins possibles mais rien n'y fait, Bourvil est condamné.

    Pour soulager ses souffrances, l'artiste multiplie les piqûres de Morphine et termine tant bien que mal Le Cercle Rouge. Il utilise ce même antidouleur très puissant sur le plateau du Mur de l'Atlantique. Droit dans ses bottes, sans jamais se plaindre une seule fois, Bourvil assure ses scènes avec un professionnalisme exemplaire, même les plus éprouvantes séquences, comme une bagarre dans un bistrot. Sachant que l'acteur endure un véritable calvaire, le cinéaste Marcel Camus fait en sorte d'alléger certaines scènes pour lui faciliter un peu la tâche.

    En mai 1970, l'inoubliable complice de Louis de Funès accepte une interview pour le journal télé, affichant de grands sourires, malgré ses traits tirés. Quand le journaliste lui demande si sa vie le rend heureux, Bourvil répond ceci, avec pudeur et élégance : "J’ai une bonne santé, je fais un métier qui me plaît, j’ai deux enfants formidables, une femme qui est une mère extraordinaire… que voulez-vous de plus ? De l’argent, j’en ai assez pour vivre. Quand je serai vieux, je n’aurai rien à demander à personne. Si avec ça, je n’étais pas heureux, je serais à gifler !"

    Le comédien continue chaque soir après le tournage de suivre un lourd traitement contre son cancer à l'hôpital de Villejuif, luttant jusqu'au bout. André Raimbourg dit Bourvil s'éteint finalement à Paris le 23 septembre 1970 à l'âge de 53 ans. Il aurait dû tourner une 3ème fois avec Louis de Funès dans La Folie des Grandeurs de Gérard Oury. Il sera remplacé par Yves Montand.

    Lui qui a toujours dissimulé son affliction a eu cette très jolie phrase, qui prend tout son sens quand on sait combien il souffrait : Vous savez l'oeil, on est trahis par son oeil, surtout dans les gros plans au cinéma. Si vous avez un oeil triste, ça ne pardonne pas. Cette déclaration d'une humilité bouleversante est typique de Bourvil, un artiste simple et proche du peuple, qui nous manque beaucoup aujourd'hui.

    LES GAFFES DE BOURVIL ET DE FUNÈS

     

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